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Cumshot féministe ? Taille originale : 21 x 29,7 cm |
« Est-ce que vous voulez avoir raison ou est-ce que vous voulez entrer en relation ? demandent tous les thérapeutes de couples. »
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Résistance féministe |
« Dans la culture contemporaine “grrrl”, j’ai remarqué la montée en popularité de la phrase : “J’ai besoin de X comme j’ai besoin d’une queue dans mon cul.” Dans le sens, bien sûr, où X est précisément ce dont vous n’avez pas besoin (queue dans mon cul = trou dans ma tête = un frigo pour un esquimau, et ainsi de suite). Je suis tout à fait pour que les filles sentent avoir le droit de rejeter les pratiques sexuelles qu’elles n’apprécient pas, et Dieu sait que beaucoup de gars hétéros sont trop contents de la rentrer dans n’importe quel trou, même quand ça fait mal. Mais je m’inquiète du fait que de telles expressions soulignent davantage “l’absence continuelle d’un discours sur l’érotisme anal féminin [...] le simple fait que, depuis l’époque classique, il n'y a pas eu de discours occidental important et soutenu pour lequel l’érotisme anal féminin signifie. Signifie quoi que ce soit”.
Sedgwick a fourni un travail considérable pour faire entendre l’érotisme anal féminin (même si elle s’en tenait elle-même davantage à la fessée, ce qui n’est pas tout à fait une activité anale). Mais alors que Sedgwick (et [Susan]Fraiman) veut aménager un espace où ce dernier signifie, reste inexplorée la question de comment on le ressent. Même l’ex-ballerine Toni Bentley, qui s’est démenée pour devenir la référence culturelle en matière de sexe anal dans son livre The Surrender, ne semble pas arriver à écrire une seule phrase sur le sujet sans l’obscurcir de métaphores, de mauvais jeux de mots ou de jargon spirituel. Et Fraiman exalte l’anus féminin principalement pour ce qu’il n’est pas : le vagin (présumé cause perdue pour le sodomite).
Je ne suis pas intéressée par une herméneutique, ni par une érotique ou une poétique de mon anus. Je suis intéressée par le sexe anal. Je suis intéressée par le fait que le clitoris, déguisé en bouton secret, couvre toute la zone comme une raie manta ; impossible de dire où ses huit mille nervures commencent et finissent. Je suis intéressée par le fait que l’anus humain est une des parties les plus innervées du corps, comme Mary Roach l’a expliqué à Terry Gross dans une émission de radio qui m’a laissée perplexe alors que je ramenais Iggy [fils de la narratrice] à la maison après ses vaccins des douze mois. Je vérifiais périodiquement dans le rétroviseur qu’il ne présentait pas de signes d’affaissement neuromusculaire dus aux vaccins, pendant que Roach expliquait que l’anus a “des tonnes de nervures. Et ça s’explique par la nécessité qu’il a de différencier, par contact, le solide, le liquide et le gazeux, et d’arriver à évacuer l’un ou l’autre, ou tous. Et gloire au Ciel pour l’anus parce que, oui, soyons très reconnaissants, mesdames et messieurs, envers l’anus humain.” Ce à quoi Gross a répondu : “Prenons maintenant une courte pause, et nous en parlerons encore un peu. Vous écoutez ‘Fresh Air’.” »
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Le roi assujetti… |
« À notre époque trop contente de confondre la mère sodomite* et la MILF**, comment une activité sexuelle foisonnante et “perverse” pourrait-elle demeurer le signe de la radicalité ? Pourquoi ferait-on rimer “queer” et “sexualité perverse” si le monde ostensiblement hétéro ne semble avoir aucun mal à suivre le rythme ? Qui, dans le monde hétéro, à part quelques conservateurs religieux extrémistes, considère vraiment le sexe comme inextricablement lié à la fonction reproductive ? Est-ce que quelqu’un a jeté dernièrement un coup d’œil à la liste sans fin des fétiches sur les sites Internet de porno hétéro ? Est-ce que vous avez lu, comme je l’ai fait ce matin, l’histoire du procès de l’officier Gilberto Valle ? Si le queer existe pour détourner les certitudes et les pratiques sexuelles normatives, est-ce qu’une de ces certitudes ne serait pas que le sexe est le tenant-lieu universel en même temps que la finalité universelle ? Et si Beatriz [Paul B.] Preciado avait raison ? Et si nous étions entrés dans une nouvelle ère du capitalisme postfordiste, que Preciado appelle “l’ère pharmacopornographique”, et dont la ressource économique primaire ne serait rien d’autre que “les corps insatiables de la multitude — leurs queues, leurs clitoris, leurs anus, leurs hormones, leurs synapses neurosexuelles [...], notre désir, notre excitation, notre sexualité, notre séduction et notre plaisir” ? »
* Personne queer devenue mère
** Mother I’d like to fuck
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Maîtrise du sujet ? |
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