lundi 27 novembre 2023

L'eau vive

Tourner le dos
« J’ai tant aimé ton corps
Qu’il sera comme un fleuve
Bruissant dans mes artères
J’ai tant aimé la source
Envoûtée de caresses
Brûlée de mes baisers
Faisant jaillir l’eau vive
De ton sexe
Dans ma bouche amoureuse
Que je n’aurai plus soif
D’un autre océan
Que ton sang
Et faim d’une autre chair
Que la tienne
Je ne serai brûlée
Par d’autre feu que tes mains
Qui m’ont laissée en cendres
Dans le désert
Des nuits inhabitées »
Taille originale : 21 x 29,7 cm
& 29,7 x 21 cm

mercredi 22 novembre 2023

La condition humaine

«  Favoriser une ambiance romantique »
(pour la pénétration anale…)
« Nous sommes d’emblée contraints, en tant qu’espèce, par des faits anthropologiques (biologiques et sociaux), par des lignes de force déterminées, qui sont en partie communes et en partie distinctes de celles des autres espèces, et par des lois générales de fonctionnement des sociétés qui structurent en permanence ces lignes de force.
L’invitation à la sodomie
Nous sommes caractérisés par une altricialité secondaire qui impose la dépendance comme expérience cruciale dès les premières années de l’existence et le soin apporté à l’autre du côté des adultes exerçant une fonction parentale; des rapports de domination, et notamment entre les hommes et les femmes, impriment leur marque dans toutes les sociétés; aucune société humaine connue n’existe sans fabrication ni utilisation d’artefacts et sans histoire cumulée; nous bénéficions d’une assez grande longévité, ce qui nous permet d’accumuler au cours d’une longue vie un grand volume de capital culturel et de le transmettre; nous possédons des capacités symboliques et langagières et développons des langues qui, malgré leur diversité, comportent toutes un lexique et une grammaire, etc. Ces quelques faits anthropologiques et ces quelques lignes de force de la condition humaine forment, avec quelques autres, les conditions élémentaires de la vie sociale humaine
.
La stigmatisation du voyeurisme
(avec un effet de grand-angle)
À ne pas vouloir en tenir compte, en faisant comme si les êtres humains étaient infiniment malléables, comme des cires molles sur lesquelles l’arbitraire de la culture et de l’histoire - lui-même marqué par le libre-arbitre ou l’incertitude - viendrait imprimer sa marque, on se montre aussi spiritualistes ou antimatérialistes que ceux qui rejetaient l’idée darwinienne de transformation des espèces. Nous sommes bien des pâtes malléables mais structurées par des contraintes générales du vivant et par des contraintes propres à notre espèce. Apprendre à connaître ces contraintes fondamentales n’empêche pas, bien au contraire, de mener l’étude des formes culturelles qu’elles prennent en fonction des contextes, et notamment de l’état de développement historique atteint. Savoir les reconnaître, c’est savoir mieux structurer nos investigations sur la réalité sociale. Dans le cas contraire, les sciences sociales se laissent happer, sans même s’en rendre compte, par les multiples demandes sociales locales et présentistes qui s’imposent à elles, et travaillent de manière désordonnée. »
Lumière muséale
Taille originale : 29,7 x 21 cm:

dimanche 19 novembre 2023

Le sang dans son jaillissement

Installation vidéo ?
« Par exemple, les Aborigènes australiens, les Inuit (Esquimaux) et beaucoup d’Amérindiens en dehors des régions tropicales, les Aïnous et maints autres peuples moins connus de l’Extrême-Orient russe ou du Japon, les Pygmées d’Afrique. Et, chez tous, on observe une même allure générale de la division du travail qui fait que l’homme s’adonne à la chasse, la femme à la cueillette.
[…]
Regards caméra
Taille originale  29,7 x 21 cm
Si l’homme s’occupait entièrement du monde animal, et la femme du monde végétal, elle n’aurait pas grand-chose à faire. Or il est habituel que les femmes travaillent dur, tant dans des régions polaires que sous les tropiques. Aussi, faute d’une grande masse de végétaux à traiter, à moudre ou à broyer, elles vont jusqu’aux lieux de chasse, souvent elles s’occupent du transport jusqu’au camp, faisant occasionnellement le dépeçage, et régulièrement la préparation des peaux indispensables pour le vêtement d’hiver comme pour les tentes d’été ; elles s’occupent aussi de l’extraction et de la conservation de l’huile, si indispensable dans ces régions septentrionales. Elles se trouvent ainsi en contact direct avec le sang animal. Mais, pas plus qu’ailleurs, elles ne le font jaillir au cours de la chasse, car ce sont toujours les hommes qui tuent les bêtes. C’est un premier point sur lequel nous aurons à revenir : ce n’est pas le sang en lui-même qui fait problème, ce n’est pas tant le contact avec le sang animal que les us et coutumes des peuples du monde entier cherchent à éviter, c’est le sang dans son jaillissement. L’éclatement de la veine jugulaire, la mise à mort par égorgement, la saignée, autant d’événements auxquels la femme assiste à l’occasion, mais qu’elle ne met pas en œuvre elle-même, directement. Passé ce moment clef, elle peut intervenir. Et elle intervient à des étapes différentes de la chaîne opératoire qui va de l’abattage au plat cuisiné ou au vêtement à porter. Elle intervient en fonction du poids relatif des deux secteurs économiques de ces sociétés : pas du tout dans les régions (comme celles des San) où les végétaux sont importants, tant pour l’alimentation que pour la fabrication des récipients, et équilibrent les animaux qui font l’objet de chasse ; mais de façon significative là (comme chez les Inuit) où le domaine végétal est d’importance réduite, en débordant sur le domaine animal.
[…]
Ce que l’on ne veut pas voir ?
Le lecteur n’aura pas de mal à voir que les habitudes, coutumes et interdictions des Pygmées, des Inuit ou des Aborigènes australiens se trouvent étonnamment proches de celles de l’ancienne Europe. À la campagne, c’était l’homme qui égorgeait le cochon. La fête du cochon, une fête dont l’importance était à mettre en rapport avec la saison de sa réalisation, toujours en hiver, alors que les vendanges étaient terminées et qu’il n’y avait plus rien à faire aux champs, mobilisait toute la petite communauté rurale. Les femmes étaient présentes lors de l’égorgement du cochon et se tenaient là pour recueillir dans des poêles le sang encore chaud qui coulait de l’animal. Ce n’était jamais elles qui tuaient la bête mais, juste après le jaillissement du sang sous le couteau tenu par les hommes, elles manipulaient ce même sang pour faire le boudin. Il y a là une répartition des tâches qui est, dans son principe, semblable à celle que nous avons mise en évidence à propos des chasseurs-cueilleurs de l’Arctique et du Subarctique : la femme se trouve exclue, non pas du sang en lui-même, mais du geste qui le fait jaillir. Selon une logique que le lecteur va bientôt apprendre à reconnaître, ce n’est pas à proprement parler la conjonction du sang avec le sang que les us et coutumes tendent à éviter : c’est, plus précisément, la superposition de deux images. Deux images qui, en la femme, en raison de ses indispositions périodiques, et, dans le porc, en raison de son égorgement, font jouer pareillement un écoulement, un rapport troublé et changeant entre intérieur et extérieur. Et c’est toujours ce rapport, bien plutôt que la substance elle-même, que nous allons retrouver au cœur des croyances, des habitudes et des évitements. La femme ne tuait pas le cochon ni, bien entendu, ne participait à la chasse. Il en va d’ailleurs encore ainsi aujourd’hui de la chasse qui, après des décennies de féminisme, reste largement masculine. Plusieurs enquêtes d’ethnographie française ont bien montré en effet la répugnance des chasseurs (enquêtes des années 1980 ou 1990) à admettre une femme parmi eux. Aller à la chasse après avoir eu un rapport avec une femme, c’est se condamner à rentrer bredouille. Quant aux trois gestes, quasiment rituels, qui suivent la mise à mort, la castration, la saignée, le vidage, ils paraissent incompatibles avec la féminité. Une femme qui voulait s’intégrer à un groupe de chasseurs eut beau faire remarquer qu’à la cuisine, c’était bien elle qui vidait les lapins et les poulets, on lui répondit : “Ce n’est pas la même chose”. »

vendredi 10 novembre 2023

Sale et cochon !

Le mot interdit
Taille originale : 29,7 x 21 cm
« Il rejoignait le prince, lorsque, en passant devant le foyer, il entendit Satin crier :
– En voilà un vieux sale ! Fichez-moi la paix !
C’était le marquis de Chouard, qui se rabattait sur Satin. Celle-ci avait décidément assez de tout ce monde chic. »
« C’étaient des bavardages, des confidences sans fin, pendant que Satin, en chemise, vautrée et les pieds plus hauts que la tête, l’écoutait en fumant des cigarettes. Parfois, elles se payaient de l’absinthe, les après-midi où elles avaient des chagrins, pour oublier, disaient-elles; sans descendre, sans même passer un jupon, Satin allait se pencher au-dessus de la rampe et criait la commande à la petite de la concierge, une gamine de dix ans qui, en apportant l’absinthe dans un verre, coulait des regards sur les jambes nues de la dame. Toutes les conversations aboutissaient à la saleté des hommes. »
« Mais, à la première saleté, je te le planterais là, avec un : “Monsieur, pour qui me prenez- vous ?” tu sais, de ton grand air, qui lui couperait bras et jambes. »
« Il est d'un cochon ! »
Taille originale : 21 x 29,7 cm
« C’était comme un coup de folie charnelle passant sur la ville. Elle avait bien un peu peur, car les plus comme il faut étaient les plus sales. Tout le vernis craquait, la bête se montrait, exigeante dans ses goûts monstrueux, raffinant sa perversion. »
« Satin l’écoutait avec complaisance, la consolait, s’indignait plus fort qu’elle, tapant sur les hommes.
– Oh ! les cochons, oh ! les cochons !... Vois- tu, n’en faut plus de ces cochons-là ! »
« Alors, elle continua, en montrant les tribunes d’un geste dédaigneux :
– Puis, vous savez, ces gens ne m’épatent plus, moi !... Je les connais trop. Faut voir ça au déballage !... Plus de respect ! fini le respect ! Saleté en bas, saleté en haut, c’est toujours saleté et compagnie… »
« Hein ? comment ? toi aussi ! cria-t-elle, c’est donc un mal de famille ?... Mais, jamais ! en voilà un goût ! est-ce que je vous ai demandé une saleté pareille ? »
« Eh ! non, je ne veux pas !... Est-ce que je suis faite pour cette machine ? Regarde-moi un peu, je ne serais plus Nana, si je me collais un homme sur le dos... Et, d’ailleurs, c’est trop sale... »
Choc des civilisations ou jeu d’adultes ?
Taille originale : 21 x 29,7 cm
« Dans son mépris de ces cochons, comme elle les nommait, elle ne pouvait pourtant rester le cœur libre, ayant toujours quelque amant de cœur sous ses jupes, roulant aux béguins inexplicables, aux goûts pervers des lassitudes de son corps. »
« Voyons, tu étais là, dis la vérité... Est-ce moi qui les poussais ? n’étaient-ils pas toujours une douzaine à se battre pour inventer la plus grosse saleté ? Ils me dégoûtaient, moi ! Je me cramponnais pour ne pas les suivre, j’avais peur... »
« Hier, je le rencontre, il tourne la tête. Eh ! va donc, cochon ! Je suis moins sale que toi ! »
« – Nom de Dieu ! ce n’est pas juste ! La société est mal faite. On tombe sur les femmes, quand ce sont les hommes qui exigent des choses... Tiens ! je puis te dire ça, maintenant : lorsque j’allais avec eux, n’est-ce pas ? eh bien ! ça ne me faisait pas plaisir, mais pas plaisir du tout. Ça m’embêtait, parole d’honneur ! »
« Nous voilà avertis : ce n’est pas le souci historique, ni le souci topographique, ni le souci documentaire, encore moins celui d’organiser une scène vraisemblable qui animent l’artiste. L’essentiel de son génie est ailleurs, au point que — il n’est pas inutile de le remarquer — c’est tout naturellement que nous lui passons ce que, chez d’autres, nous dénoncerions comme des bizarreries. Tel est l’effet de l’art : dès qu’une œuvre est valable, elle nous fait oublier nos revendications habituelles pour concentrer notre attention sur le seul apport qui lui appartienne en propre. Négligeons d’achopper à la vraisemblance du lieu, du décor, de l’action, pour nous interroger sur le charme de cette toile, dont la présence est à la fois si impérieuse et si subtile.
Pour l’essentiel, ce charme tient à la poésie voluptueuse discrètement relevée de sensualité qui émane du tableau. Malgré l’audace de la mise en page, nulle lascivité pourtant : Vénus n’est pas déshabillée ; elle est nue, et la compagnie du musicien en habit de fête, la direction apparemment si hardie de son regard, loin d’introduire le trouble, évoquent une atmosphère dont tout licencieux est banni. Tel un morceau d’ambre, la Vénus que l’artiste a peinte ici s’offre dans toute la splendeur de sa maturité.  »

Taille originale : 29,7 x 21 cm

mercredi 1 novembre 2023

Érotisme polyvalent

Taille originale : 29,7 x 42 cm & 29,7 x 21 cm
« En ce qui concerne l’appendice, justement, l’approche a un peu changé. Cette extension particulière du caecum qui a évolué plus de trente fois dans différentes familles d’animaux n’est sûrement pas inutile. Elle contribue sans doute à préserver la flore intestinale, qui permet au tube digestif de redémarrer en cas de dysenterie sévère. Aujourd’hui, l’appendice est considéré comme une partie fonctionnelle du corps.
Je dirais la même chose pour le clitoris. D’abord parce qu’on le trouve chez tous les mammifères, de la souris à l’éléphant. Ensuite parce que c’est un organe “précieux ”. Le clitoris est infiniment plus impliqué et plus sensible que le mamelon masculin. C’est une merveille d’ingénierie évolutive. Le clitoris n’a rien à envier au pénis avec ses milliers de terminaisons nerveuses qui captent des signaux. Il est alimenté par des nerfs remarquablement épais, ce qui prouve son importance pour le corps et l’esprit. Il présente même une densité de cellules sensorielles plus élevée que le pénis, si bien qu’il y a peu de chances qu’il soit accidentel.
« Tu m’as banni loin de la paix,
je ne sais plus quel goût a le bonheur.
Alors j’ai dit : C’en est fini de tout mon avenir :
je n’espère plus rien de l’Éternel. »
Le clitoris a sans doute évolué pour que les rapports sexuels soient agréables et addictifs. L’hypothèse sous-jacente est celle d’une sexualité féminine entreprenante, qui cherche jusqu’à trouver ce qu’elle aime. Cette prémisse expliquerait aussi pourquoi les espèces à l’érotisme polyvalent ont un clitoris plus important. Cela vaut aussi bien pour nous que pour les dauphins ou les bonobos, deux espèces qui se livrent à des stimulations génitales, des caresses sexuelles ou des rapports sexuels permettant de créer des liens et de vivre en paix. Ce n’est pas un hasard si le clitoris du dauphin est le plus gros que nous connaissions, ni si les bonobos ont un clitoris aussi proéminent. Chez les jeunes femelles, il dépasse frontalement et ressemble à un petit doigt. Plus tard, il se fond dans le tissu gonflant environnant et devient plus difficile à repérer, mais il double de volume en cas d’excitation. Il n’est alors plus mou et souple, mais rigide et raide. Le clitoris du bonobo répond aux stimulations comme le pénis en érection: son gland et sa tige durcissent. Souvent, au cours d’un rapport sexuel avec un mâle, les femelles tendent la main vers le bas pour stimuler les testicules de leur partenaire ou se stimuler elles-mêmes.
« Prends-moi et fais de moi tout ce que tu veux,
Devant, derrière, je me soucie peu
Du lieu où tu feras ton affaire,
Car pour moi, devant, derrière, j’ai le feu,
Et tous les vits qu’ont mulets, ânes et bœufs
N'éteindraient pas de mon ardeur seulement un peu. »
Les expériences menées sur des singes montrent que nous ne sommes pas la seule espèce dans laquelle le cœur des femelles bat plus vite quand le rapport sexuel est à son apogée. Les singes aussi ont des contractions utérines et répondent aux critères définissant l’orgasme selon William Masters et Virginia Johnson. Personne n’a tenté de telles expériences avec des bonobos ou des dauphins, mais je doute qu’ils fassent exception.
Il suffit de voir deux femelles bonobos en train de se livrer à des frottements GG [génito-génital]. Elles arborent un sourire béat et poussent des cris perçants tandis qu’elles frottent frénétiquement leurs clitoris l’un contre l’autre tout en se regardant dans les yeux. Des analyses vidéo minutieuses réalisées par Sue Savage-Rumbaugh au Centre national de recherche sur les primates Yerkes montrent que ces échanges sont essentiels. Ce sont des contacts initiés mutuellement, une véritable association à deux. »
L’inaccessible étoile ?