« Nous voilà avertis : ce n’est pas le souci historique, ni le souci topographique, ni le souci documentaire, encore moins celui d’organiser une scène vraisemblable qui animent l’artiste. L’essentiel de son génie est ailleurs, au point que — il n’est pas inutile de le remarquer — c’est tout naturellement que nous lui passons ce que, chez d’autres, nous dénoncerions comme des bizarreries. Tel est l’effet de l’art : dès qu’une œuvre est valable, elle nous fait oublier nos revendications habituelles pour concentrer notre attention sur le seul apport qui lui appartienne en propre. Négligeons d’achopper à la vraisemblance du lieu, du décor, de l’action, pour nous interroger sur le charme de cette toile, dont la présence est à la fois si impérieuse et si subtile.
Pour l’essentiel, ce charme tient à la poésie voluptueuse discrètement relevée de sensualité qui émane du tableau. Malgré l’audace de la mise en page, nulle lascivité pourtant : Vénus n’est pas déshabillée ; elle est nue, et la compagnie du musicien en habit de fête, la direction apparemment si hardie de son regard, loin d’introduire le trouble, évoquent une atmosphère dont tout licencieux est banni.
Tel un morceau d’ambre, la Vénus que l’artiste a peinte ici s’offre dans toute la splendeur de sa maturité.
»Taille originale : 29,7 x 21 cm |