dimanche 8 mars 2020

Le reniement d'Estelle

Elle se faisait appeler Joséphine de Beauharnais. Le prénom lui avait été donné par sa première maîtresse, et elle aimait ce nom ancien qui évoquait irrésistiblement les godes-ceintures qu’elle utilisait avec ses esclaves. En l’honneur même du nom, elle avait acheté un harnais en cuir noir naturel, finement ouvragé, aux boucles d’acier chromé sur lequel elle pouvait fixer des godes de différentes dimensions. S’admirant dans la glace ainsi montée, elle pensa même en souriant qu’elle était un véritable étalon.
Mais la réalité ne ressemble pas à un film porno où les donjons sont à disposition dans des châteaux luxueux. Elle dut bricoler elle-même dans une des pièces de son nouvel appartement son propre donjon qu’elle surnomma immédiatement Malmaison. Elle pensa d’abord qu’il suffirait de fixer quatre anneaux au mur pour attacher son esclave comme sur une croix de Saint-André, mais cette disposition ne livrait à ses désirs qu’une seule face — avant ou arrière – de sa victime, alors qu’elle voulait pouvoir tourner autour d’elle comme une fauve autour de sa proie apeurée. Il fallait donc fixer les anneaux au milieu de la pièce en recherchant les poutres sous le plafond mais également sous le plancher. Ce dernier point posait problème, car il n’était pas possible de laisser dépasser des attaches sur le sol sous peine de s’y prendre les pieds et de trébucher de façon peu élégante. Elle devrait donc bien ouvrir le plancher, fixer les anneaux sous le sol contre une solive et prévoir une ouverture amovible et refermable avec un trou de petite dimension pour donner passage aux sangles. Par ailleurs, l’espace manquait : un grand lit était nécessaire avec des liens aux quatre coins, mais aussi une table basse pour disposer les multiples instruments dont elle avait besoin ainsi qu’un sofa pour contempler la victime nue, attachée et à l’entière disposition de sa maîtresse. Un chevalet ou un carcan aurait également été du meilleur effet, car, avec un tel instrument, l’esclave est obligée d’exhiber son cul sans qu’elle ne puisse voir ni deviner ce que manigance sa maîtresse. Mais, pour qu’un tel engin ne soit pas qu’un ridicule jouet, il fallait utiliser des madriers suffisamment lourds pour que la victime se débatte — ce qui est particulièrement excitant — sans pouvoir se défaire de l’entrave. Heureusement, il existait sur Internet de nombreuses suggestions pour construire de tels engins et les fixer au sol. Mais il fallut passer par un plan millimétré sur ordinateur pour trouver le meilleur agencement de tous ces instruments dans la pièce.

Dégâts des eaux
taille originale : 24 x 32 cm

Pendant les travaux, elle interdit à Estelle de pénétrer dans Malmaison. Il est vrai que les vêtements de travail, la poussière et la saleté, le désordre, les bouts de bois, de cuir ou de tissu, l’odeur de peinture — elle avait renoncé au noir et au rouge classiques en la matière et avait préféré un gris anthracite et un bleu acier pour les murs en évitant surtout les horribles néons colorés habituels en ce genre de lieux — toutes ces marques d’un travail manuel ardu n’étaient certainement pas des incitants érotiques. Joséphine éprouva néanmoins une grande satisfaction à cette longue mise œuvre où elle excellait, malgré les multiples difficultés rencontrées.
Le jour de l’inauguration arriva. Estelle avait vingt-huit ans mais elle avait conservé — consciemment ou inconsciemment — des expressions de gamine à la voix aiguë et des gestes de vierge effarouchée : c’est ce qui énervait mais excitait également Joséphine en particulier quand elle l’entendit glousser « Je suis trop impatiente de découvrir Malmaison ! » La surprise ne serait évidemment pas totale, mais Joséphine imaginait déjà sa délectation à soumettre cette jeune liane à ses désirs impérieux. Oui, son impatience de fausse pucelle se transformerait bientôt en patience d’esclave !
Estelle poussa immédiatement des petits cris d’admiration en entrant dans le donjon. Elle inspecta l’ensemble du lieu en posant sa main sur sa bouche comme pour cacher faussement sa gêne. Il est vrai qu’il y avait au milieu du mur un grand agrandissement d’une photo en noir et blanc de son propre corps entièrement nu, les cuisses écartées, le sexe ouvert entre ses doigts. Sur la table basse au milieu des menottes, de pots de lubrifiants et autres dildos trônait un énorme gode noir : « Oh ! maîtresse, il ne pourra jamais rentrer dans ma chatte ! s’écria Estelle — Mais c’est pour ton cul, ma chérie ! » Estelle se récria à nouveau sans savoir si la réponse était sérieuse.
Joséphine ne fit pas mine de l’écouter et commença à se déshabiller. Elle retira sa robe blanche flottante à longue traîne et apparut majestueuse dans un corset noir dont le bustier soulevait ses seins gonflés qu’Estelle contempla jalousement. Elle changea de chaussures et mit de hautes bottes à cuissardes. Il fallait un peu de décorum impérial dans une réalité toujours menacée par le prosaïsme…
Elle saisit Estelle par les cheveux mais l’embrassa doucement du bout de la langue. Son amante lui rendit son baiser, leurs langues se touchant délicatement au bord des lèvres. Joséphine maintenait Estelle fermement contre elle, sa main agrippant toujours ses cheveux et son autre bras l’enserrant par le bas du dos. Puis elle recula et lui ordonna de retirer ses chaussures.
Elle l’amena au centre de la pièce, là où son esclave devrait apparaître complètement nue à son entière disposition. Mais elle ne lui attacha que les poignets avec les cordes suspendues au plafond. Elle défit d’abord la ceinture en cuir de marque Gucci qui enserrait la taille de sa frêle victime. Puis saisit une grande paire de ciseaux de couturière. Estelle eut un mouvement involontaire de recul. Elle n’imaginait pas à quoi cet instrument pouvait servir dans le cadre de leurs jeux érotiques. Joséphine s’approcha d’elle, sortit son chemisier de son pantalon et commença à le découper de haut en bas. Estelle supplia : non, pas mon nouveau chemisier, pas ce chemisier que j’adore ! c’est un Miu Miu de seconde main ! Mais il était trop tard, le mal était fait. Estelle était en effet une victime de la mode [fashion victim], elle adorait la mode même si elle savait que c’était superficiel et moralement condamnable aux yeux de cette philosophe rigoriste et supérieure qu’était Joséphine. Estelle adorait acheter et dépenser des sommes considérables pour ses vêtements dans une frénésie virevoltante au milieu des magasins. Il était donc juste que Joséphine voulût la punir pour ce crime de consommation ostentatoire et d’atteinte irréfléchie aux ressources naturelles !
Elle s’agenouilla devant la coupable et glissa bientôt la pointe du ciseau sous la jambe étroite de pantalon. Estelle cria : Non, non, non ! pas mon pantalon Alexander McQueen ! Trois refus signifiaient bien un viol, mais il n’y avait pas de mot sauveur [safe word], car Joséphine trouvait cela ridicule : on ne peut pas parler d’esclavage si l’esclave n’est pas poussée au-delà de ses propres limites [out of limits], au-delà de ses propres refus. Et elle coupa fermement dans le tissu du pantalon bleu serrant [skinny blue jeans]. Estelle fit mine de se révolter malgré ses mains attachées, se tordit dans tous les sens et donna même de minuscules coups de pied. Joséphine saisit alors fermement ses chevilles qu’elle lia avec les cordes fixées au plancher. Ensuite, elle termina son œuvre, et le pantalon alla bientôt gésir en lambeaux sur le sol. Le string satiné gris de chez Bordelle fut coupé en un seul geste et le soutien-gorge tomba lui aussi aux pieds d’Estelle. Elle se mit à pleurer en protestant faiblement, mais Joséphine estima qu’il s’agissait là de récriminations d’enfant gâtée. Dans une tradition SM bien établie, elle enfonça les restes de la culotte découpée dans la bouche d’Estelle qu’elle enserra même avec les bretelles du soutien-gorge en guise de bâillon. Si tu continues, ajouta-t-elle, je te coupe les cheveux et je te rase la tête ! Les yeux écarquillés d’Estelle traduisirent une crainte inédite.

Recherche muséale
taille originale  : 21 x 29,7 cm
Les membres à présent bien écartés en croix, elle était enfin entièrement nue aux yeux de Joséphine, complètement disponible pour les multiples offenses que celle-ci entendait lui infliger. Sa toison pubienne finement entretenue était le centre évident du monde, le lieu où devaient s’accomplir toutes les vexations.
Mais il n’était pas question de verser directement dans la brutalité. Joséphine s’approcha d’Estelle, l’embrassa, la caressa amoureusement, voluptueusement, lascivement, fit dresser la pointe de son sein gauche avant d’y fixer une pince métallique. Sa victime soupira à peine. Elle savait que c’était là son destin. Joséphine l’embrassa pour la consoler puis passa au sein droit qu’elle caressa semblablement puis à la pointe duquel elle fixa l’autre pince, reliée à la première par une chaînette. Elle mordilla doucement le lobe de l’oreille d’Estelle, l’embrassa dans le cou qui s’inclinait légèrement. Puis elle tira sur la chaînette comme pour en éprouver la résistance. Estelle gémit. Joséphine n’insista pas mais resta collée au corps longiligne de sa victime. Sa main glissa dans l’entrejambe ouvert et son doigt pénétra bientôt dans la chatte qui était évidemment mouillée. Le doigt caressa les lèvres gonflées, glissa le long de la fente, remonta vers le clitoris qu’il fit dresser rapidement de façon orgueilleuse. Joséphine savait mieux que quiconque que la jeune liane vierge était en fait une putain dévergondée. Mais ce n’était pas encore le moment des propos orduriers. La puterelle devait être malmenée jusqu’aux dernières extrémités avant qu’elle n’avoue sa nature lubrique. Son clitoris pointé, gonflé, luisant était d’ailleurs le signe incontestable de sa lubricité. Joséphine continuait à caresser la chatte trempée tout en tirant brièvement sur la chaînette pour jouir des faibles cris d’Estelle.
Elle se recula pour admirer sa victime pantelante. Elle saisit la ceinture Gucci abandonnée sur le sol. Elle prit la boucle métallique en main et fit claquer la lanière en cuir comme un fouet. L’effrontée au clitoris gonflé de façon impertinente devait être soumise à la dure loi de sa maîtresse ! Et son fessier, annonça-t-elle, allait être mis à rude épreuve. La bouche d’Estelle était toujours bâillonnée. Elle secoua la tête négativement mais elle savait que tout refus serait vain. Joséphine qui s’était positionnée derrière elle la saisit par la taille, la serra contre elle et commença par lui administrer une première vigoureuse fessée du plat de la main. Ton cul est une provocation, il est trop parfait, trop rond, trop ferme, trop mince, affirma-t-elle péremptoirement, tu ne cherches qu’à m’exciter, qu’à me rendre folle de désir. Regarde dans quel état tu me mets ! Et elle s’agenouilla aussitôt, saisit le fessier diabolique qui s’offrait à sa vue, ne put s’empêcher d’y faire encore une fois claquer la main avant d’écarter fermement les deux fesses pour y glisser une langue assoiffée. Elle plongea profondément, goulûment dans le trou du cul pendant que les doigts parcouraient la fente par-devant. Malgré le bâillon, Estelle gémissait de plaisir, et un filet de mouille transparente glissa même de sa chatte ouverte et trempée pour atterrir sur les vêtements découpés à ses pieds.
Joséphine fit un effort héroïque pour s’éloigner de cet abominable trou de cul qui l’attirait irrésistiblement. Il faut que je me libère de cette terrible sujétion que suscite en moi ton formidable fessier qui, malgré sa joliesse et sa petitesse, a une puissance d’attraction inattendue.

Recherche muséale
taille originale  : 21 x 29,7 cm

Elle se releva, la ceinture Gucci toujours à la main. Elle commença par retirer le bâillon de la bouche d’Estelle, puis se positionna derrière elle, légèrement en biais pour lui donner un premier coup de ce fouet improvisé. Puis un deuxième et un troisième plus fort. Estelle se récria et fit un mouvement en avant. C’était un premier refus. Sa maîtresse lui ordonna aussitôt de se remettre en position et de bien exhiber son fessier pour les coups suivants. Ceux-ci furent plus violents et entraînèrent une deuxième expression confuse de refus. Joséphine exigea qu’elle s’exprime clairement, mais aucune réponse franche ne sortit des lèvres d’Estelle. Alors il fut exigé qu’elle se remette en position d’offrande. Et le fessier fut une nouvelle fois fouetté à plusieurs reprises jusqu’à ce que le corps souple d’Estelle semble vouloir s’échapper comme une flammèche du feu. Les fesses étaient rouges mais sans excès. Joséphine était sans aucun doute excitée par ce spectacle, mais les réactions de refus de son esclave étaient bien insuffisantes à son goût.
Elle vint se placer devant Estelle en lui ordonnant d’écarter les cuisses autant que faire se peut afin qu’elle puisse à présent viser sa chatte et son clito gonflé avec la ceinture. Estelle murmura un non presque silencieux. Joséphine eut l’impression de jouir en entendant ce refus, mais elle savait que ce n’était encore qu’une prémisse à son véritable plaisir. Elle s’approcha de la jeune fille en fleur dont la corolle n’offrit aucune résistance à ses doigts, alors qu’elle l’embrassait, l’enlaçait, la caressait amoureusement. C’était un indicible plaisir pour Joséphine de sentir la chatte de sa victime s’ouvrir et mouiller éhontément, puis de remonter bientôt vers le clito pour en découvrir l’érection. Estelle s’abandonnait, les bras seulement retenus par les lanières du plafond, les cuisses s’ouvrant pour une caresse plus profonde, plus intense, malgré les cordes aux chevilles qui fixaient ses pieds au sol. Elle allait obéir, Joséphine en était certaine.
Elle se recula face à Estelle et lui ordonna de rester en place, le sexe bien mis en avant pour recevoir les coups censés punir son impudence. C’était une exigence nouvelle. Elle balança le bras en arrière dans un grand mouvement circulaire pour faire remonter le fouet improvisé entre les cuisses d’Estelle. Mais ce premier geste manqua de précision et de force, même si instinctivement la victime sembla se détourner et resserrer les jambes quand la ceinture frappa sa chatte. Le second fut plus élégant et plus efficace. Il suscita un petit cri et un mouvement de torsion du corps cherchant à se protéger du prochain coup. Le troisième fut réellement douloureux, et Estelle murmura : Je t’en prie… — Je t’en prie quoi ? répliqua Joséphine. — Continue… Un dernier coup fut nécessaire pour que la victime referme instinctivement les cuisses avec un petit cri : Non ! Arrête… — Tu me renies donc par trois fois avant même que le coq ne chante, sourit la cruelle maîtresse.
Elle s’approcha à nouveau, embrassa la bouche d’Estelle, la consola, la caressa, lui sourit avant de s’agenouiller et d’embrasser la chatte de sa martyre. Qu’il était beau de souffrir pour accéder au paradis perdu ! dit-elle encore à Estelle, mais elle savait bien que le paradis en question n’était pas au ciel mais se trouvait entre les cuisses de la jeune femme pantelante, et elle s’employa activement à lécher sa chatte qui allait sans cesse mouiller et vibrer sous les coups de langue jusqu’à l’orgasme. Estelle ne put ni ne voulut résister à ce baiser intime qui la menait à une sainte extase.

Recherche muséale [2]
taille originale  : 21 x 29,7 cm

Joséphine la libéra de ses liens. Elle défit même les pinces aux tétons. Mais il n’était pas encore question de délivrance, car jusqu’à présent Estelle n’avait que reçu des hommages et des punitions — méritées bien sûr —, sans rien donner en échange. Il fallait à présent qu’elle remplisse son office d’esclave. Après avoir repris ses esprits, elle dut se coucher au milieu du lit comme sur le gril de saint Laurent, mais le seul feu qui brûlait en ce lieu était celui de la passion la plus crapuleuse. Joséphine, défit les boutons métalliques au bas de son corset et vint s’agenouiller au-dessus d’Estelle. Puis elle posa ses fesses sur le visage de son esclave en lui ordonnant de lécher le trou du cul qu’elle lui présentait. Estelle refusa, arguant que c’était indélicat sinon même dégoûtant. Joséphine pesa alors de tout son poids sur son visage. Puis lui pinça le nez. Mais Estelle se débattait et parvint à crier comme une gamine boudeuse : Non, je ne veux pas ! Mais il en fallait plus pour que Joséphine renonce à son infâme projet. Elle resta en position, enserra le corps de son esclave entre ses fortes cuisses et sermonna doctement : il n’y a point de viol ici puisqu’aucune pénétration n’est commise à ton endroit. C’est toi au contraire qui dois remplir ton office d’impétrante ! Enfonce donc ta maudite langue dans le trou de mon cul, je veux la sentir glisser, s’introduire, s’immiscer en mon fondement ! Lèche, salope, lèche-moi le cul comme le mérite ta digne maîtresse ! Lèche le trou du cul du démon qui m’habite ! Rends hommage au cul de ta diablesse !
Mais l’irréductible prisonnière manifesta encore son refus obstiné de la grâce qui lui était offerte par des gigotements fébriles et inefficaces. Une discipline plus ferme était nécessaire. Gifler ? Flageller ? Fesser ? Pincer ? Piquer ? Rien de cela ne serait sans doute suffisant, et tout cela ne serait certainement qu’aiguillon pour la lubricité de l’esclave rétive. L’imagination devait prendre le pouvoir. Joséphine saisit quelques liens à sa portée et s’en servit pour attacher rapidement les chevilles d’Estelle aux pieds du lit. Puis elle se retourna et, appuyant ses genoux sur les bras de sa victime, fit de même avec ses poignets. Puis elle se remit en position, le fessier bien en place sur la bouche d’Estelle, et elle la menaça en brandissant dans sa main droite la paire retrouvée des ciseaux de couturière : lèche mon cul, petite salope, ou je découperai en menus morceaux la robe de mariée de Givenchy conçue dans les matières les plus nobles et façonnée dans le plus pur savoir-faire artisanal, qui a nécessité d’innombrables heures de travail à la limite de l’orfèvrerie et que tu rêves de bientôt porter dans un mariage aux allures princières quoique lesbien ! Je le ferai, je détruirai ton rêve hautement couturier sans la moindre vergogne.
Est-ce qu’un coq chanta en cet univers citadin ?
Un gémissement étouffé fut la première réponse de sa prisonnière mais non la seule, puisque bientôt Joséphine sentit la soyeuse pénétration de la langue de l’infâme gourgandine dans le trou de son cul. Elle faillit jouir instantanément, caressant follement son clitoris gonflé sous ses doigts, mais elle parvint à se retenir pour profiter de ce plaisir exquis et bien mérité.
Bientôt elle défit les liens qui attachaient encore Estelle, et elle se souleva pour libérer la jeune femme lianescente de son emprise. Elle lui murmura aussitôt avec une intonation qu’on aurait pu prendre pour de l’amour tendre : embrasse-moi. Pourtant, ce n’est pas ses lèvres qu’elle lui présenta, mais, se mettant à quatre pattes, c’est encore une fois le trou de son cul qu’elle offrit à un baiser profond. Mais cette fois Estelle ne refusa rien et consentit à enfiler sa langue au plus profond de cet anneau nuptial. Elle l’embrassa furieusement, férocement, passionnément jusqu’à ce que sa maîtresse qui se branlait par-devant jouisse enfin.
Joséphine s’affaissa sur la couche plus lubrique que nuptiale. Après un moment, elle murmura : Encore. Et la ribaude se remit à l’ouvrage. Le plaisir était-il plus exquis chez la receveuse que chez l’exécutante ? Les âmes sont malheureusement incommensurables, et nul être humain ne pourrait — du moins dans l’état actuel de nos connaissances scientifiques de l’interface psycho-neuronal — répondre à cette question. Mais comme l’affirma Joséphine après s’être branlée à plusieurs reprises et avoir joui jusqu’à n’en plus vouloir, la petite salope y avait bien trouvé son compte (selon ses propres termes d’une vulgarité aussi délicieuse que condamnable).
Joséphine s’endormit sans trop se soucier de son esclave dont l’excitation revenue était mal contenue. Son souffle d’abord assourdi se transforma bientôt un faible ronflement alors qu’Estelle restait les yeux grand ouverts fixés sur le plafond. Celle-ci s’agita légèrement, par intervalles touchant comme par inadvertance le corps de sa maîtresse allongée à son côté. Elle aurait sans doute voulu la pincer ou même la piquer, mais c’eût été bien trop audacieux de sa part, et elle se contentait de petits soubresauts qui auraient pu paraître involontaires. Après un long moment, Joséphine ouvrit les yeux, émergea du sommeil sans savoir combien de temps elle était restée endormie. L’assoupissement la guettait encore. Elle sentit la chaleur d’Estelle contre sa hanche, la douceur de sa peau contre son épaule, et bientôt elle posa sa main sur la toison de poils bouclés. Elle glissa un doigt le long de la fente qui paraissait sèche et fermée, mais elle découvrit bientôt, comme elle s’y attendait, l’entrebâillement humide qu’elle caressa lentement en évitant d’abord de s’enfoncer dans le trou avide. Peu à peu, le désir ou plus prosaïquement l’envie remonta en elle. Son réveil n’était encore pas entier et la fatigue la privait encore de l’énergie nécessaire au passage à l’acte. Mais la chatte sous ses doigts mouillait continûment, abondamment, et Estelle s’agitait sans vergogne, haletant comme une chienne en chaleur. Dieu, que la vulgarité est excitante, pensa Joséphine en savourant ces mots obscènes.

Recherche muséale [3]
taille originale  : 10,4 x 14,7 cm

L’imagination renaquit enfin. Le passage à l’acte fut rapide. L’engin nécessaire à ses vicieux projets était à disposition. Elle se releva, saisit Estelle par les cheveux, l’entraîna vers le chevalet qu’elle ouvrit pour que sa prisonnière y mette son cou fragile et ses poignets graciles. Elle referma le piège. Pliée en deux, Estelle exposait son charmant fessier à toutes les turpitudes futures, mais Joséphine prit d’abord soin de fixer les chevilles de sa victime à la base du carcan pour éviter toute révolte (qui de toute façon serait purement individuelle et sans aucun soutien populaire alors qu’au contraire les pervers et perverses de la toile, si elles ou eux avaient eu vue de cette séquence cinématographiquement pornographique, auraient certainement applaudi à cette sujétion scandaleuse mais terriblement excitante). Une première fessée s’imposait. Puis quelques coups de ceinture Gucci. Enfin deux doigts dans la chatte vérifièrent l’état pantelant de la victime.
Joséphine saisit quelques instruments. La friponne devrait, dit-elle, lui abandonner tous ses trous qui seraient pénétrés, défoncés, violentés. Le consentement était acquis. Nulle vérité judiciaire n’était ici nécessaire. Il fallait plutôt évoquer le monde idéal des idées platoniciennes si du moins l’excitation sexuelle était susceptible d’en faire partie. Joséphine plaça d’abord un bâillon de cuir avec une boule de caoutchouc dans la bouche de la jeune femme dont la voix ne fut plus désormais qu’un murmure inarticulé. Puis elle enfonça un plug dans son anus qui résista un instant avant de s’ouvrir rondement sous la pression continue. Enfin, elle prit un gode-ceinture même si elle renonça à l’instrument disproportionné qui trônait sur la table, et elle s’enfonça dans la chatte ouverte d’Estelle. Elle la baisa longuement, en se tenant droite d’abord, ses mains retenant fermement les hanches de sa partenaire, avant de se pencher vers elle pour pouvoir caresser le clitoris gonflé. Ce simple contact excita au plus haut point Joséphine : Estelle, en son abandon, trouvait manifestement un exquis plaisir. En outre, les seins de Joséphine entraient à présent en contact avec la douceur du dos de la jeune femme, ce qui fit trembler sa maîtresse qui commença à s’activer de plus en plus profondément et de plus en plus rapidement dans la chatte offerte. À ce moment, Joséphine regretta de ne pas être dotée d’une bite qui lui permette de ressentir en son bas-ventre les effets des coups qui n’étaient pas seulement de semonce qu’elle prodiguait à son esclave. Il lui fallait surmonter sa frustration par les mots, par les gestes, par une pénétration encore plus profonde, par une soumission encore plus grande de sa victime, par une excitation qui jaillisse enfin et se répande entre elles comme une mouille éléphantesque ! Qu’Estelle se rende enfin aux exigences muettes de sa maîtresse, qu’elle avoue qu’elle n’était plus que plaisir, qu’elle jouisse en criant, qu’elle s’extasie, malgré son bâillon, d’être ainsi pénétrée par un désir aussi impérieux que celui de Joséphine.

Esthétique de la sodomie
taille originale  : 10,4 x 14,7 cm


Celle-ci se retira. Seule la multiplication des épreuves comme autant de stations d’un chemin de croix permettrait à cette satanée pécheresse de parvenir au Golgotha de sa passion christique. Des images tourmentées revinrent en la mémoire de Joséphine. Elle enfila un préservatif abondamment lubrifié sur le gode dont elle resserra la ceinture pour le faire bien dresser, puis entreprit de l’enfoncer dans la chapelle étroite et profonde d’Estelle d’où elle venait d’extraire le plug qui y avait siégé jusque-là. Le trou de son cul, largement ouvert par cette présence intruse, n’offrit que peu de résistance à cette divine pénétration, ce qui déçut un peu sa maîtresse. Joséphine se pencha alors pour soulever légèrement le sommet du carcan et libérer la main droite de sa victime. Elle la fessa préalablement pour l’avertir qu’elle ne pourrait cependant pas se branler avant son autorisation explicite. Et Joséphine entreprit d’aller et venir continûment dans le cul d’Estelle, sortant à plusieurs reprises le gode, puis le faisant rentrer sans ménagement. Mais la paillarde prêtresse sentait bien les limites de son sacerdoce, il fallait en finir, quitte à ce que cette crucifixion se termine en simple manuélisation. Elle autorisa bientôt son esclave à parachever du bout des doigts la grande œuvre lubrique qu’elle avait suscitée. Quelques gros mots allaient encore attiser la paillardise générale, entretenue par son satané engin. La diablesse ne put qu’admirer le résultat de ses œuvres démoniaques. Estelle jouit bientôt dans un grand tremblement de tout son être. Appuyée sur le carcan comme sur un pilier de Notre-Dame, son cœur, son corps et son cul furent touchés, et elle jouit, d’une telle force d’adhésion, d’un tel soulèvement de tout son être, d’une inspiration si puissante, d’une telle lubricité ne laissant place à aucune espèce de retenue, que toutes les pudeurs, tous les sermons, tous les débats sur le libre arbitre et la nécessaire dignité ne pouvaient entamer ni ébranler.

Esthétique de la fellation
taille originale  : 21 x 29 cm

Cette jouissance apparut cependant à Joséphine non pas tellement comme une victoire mais plutôt comme une espèce de répétition perverse de la dialectique hégélienne voyant au final l’esclave prendre l’ascendant sur sa légitime maîtresse au motif d’un plaisir enfin assouvi mais qui n’avait rien eu de laborieux. Il lui fallait reprendre l’ascendant. Elle exigea d’abord qu’Estelle remette son poignet libre dans le carcan, puis elle se retira de son cul défoncé et enleva le préservatif du gode dont elle gardait l’apanage. Elle vint se placer devant le visage d’Estelle débarrassée de son bâillon et lui ordonna de sucer l’engin qu’elle lui présentait. Maintenant que l’excitation était bien retombée, la jeune femme n’avait plus tellement de goût à ce genre d’exercice et elle fit un léger signe de dénégation du bout du menton. Joséphine insista, mais l’ange rebelle murmura que c’était trop dégoûtant, que cela sentait mauvais… N’avait-elle donc point vu — il est vrai que sa position dans le carcan restreignait grandement son champ de vision — que Joséphine avait eu soin de retirer le préservatif usagé ? ou bien minaudait-elle par pure provocation ? Cherchait-elle déjà à réveiller la sainte fureur de sa maîtresse ? Cette résistance inattendue excita Joséphine qui devina qu’elle-même mouillait aussitôt déjà. Il lui fallait punir l’impertinente. Et elle dirigea l’engin vers son visage contre lequel elle se frotta sans ménagement. Et elle répéta son injonction avec les mots les plus crus : suce, petite salope, avale, infâme putasse, pompe mon dard, chienne lubrique… Tout cela manquait sans doute d’un peu d’originalité, mais parvint à convaincre l’esclave de consentir à l’effort demandé.
L’Aufhebung, le dépassement de toute cette triple négativité, avait suffi à réveiller le désir de Joséphine qui libéra bientôt Estelle de son carcan et alla se coucher dans le canapé après avoir rapidement enlevé son corset. Les jambes écartées, les seins exposés, la chatte ouverte, elle s’offrait à présent aux baisers et aux caresses de son esclave qui s’activa longuement entre ses cuisses. Ce fut tendre et voluptueux. Joséphine s’endormit dans le canapé, Estelle serrée contre elle, entre ses bras.

Le lendemain, Joséphine décida de paresser au lit. On était samedi, aucun travail ne l’attendait. Estelle se leva bientôt et quitta Malmaison où traînaient des lambeaux de vêtements. Prosaïquement, elle prit une douche, s’habilla, déjeuna, attendit que son amante la rejoigne, mais elle resta seule dans la cuisine. L’idée traînait depuis hier soir dans son esprit. Elle saisit le sac de Joséphine et attrapa son mince portefeuille. Elle s’empara de ses deux cartes de banque ainsi que de trois billets de cinquante euros. Elle connaissait les codes. Une certaine fébrilité la saisit. Oserait-elle passer à l’acte ?
Elle laissa un mot sur la table de la cuisine et sortit. Elle commença par la Wolford Boutique, puis se rendit chez Lilou Lingerie, avant de se déplacer qu’à chez Madame rêve, où elle se contenta d’une guêpière à 169 euros. Un taxi l’amena chez A.P.C. où elle acheta une veste, un sweat, une blouse, un cardigan , mais c’est Burberry qui refusa la première carte de crédit dont le plafond était maintenant dépassé. La seconde lui permit néanmoins d’acquérir un trench coat dont elle aimait l’apparence masculine et qui soulignait sa troublante féminité. Il lui fallait encore faire quelques folies alors qu’elle avait déjà les mains encombrées de multiples paquets. Des bijoux étaient intensément nécessaires. C’est chez Bulgari qu’elle trouva un collier de zircone noire rehaussée de pavés de diamant. C’était la version la plus luxueuse que l’on puisse imaginer du collier de chienne que lui imposait régulièrement sa maîtresse. La seconde carte fut également refusée, mais les trois billets de cinquante euros fournirent l’appoint nécessaire. Il ne lui fut rendu qu’une vingtaine d’euros. Elle dut se rendre chez Wibra pour acheter une tenue complète, blouse et pantalon, à vingt et un euros nonante-huit centimes. Il lui manquait quarante-huit centimes. La vendeuse refusa de lui accorder le moindre rabais. C’était le troisième refus. Estelle négocia, supplia même, quémanda, insista, jusqu’à ce que, dans la file qui s’allongeait derrière elle, une autre cliente énervée sortit une pièce de cinquante centimes tout en se scandalisant des multiples achats qu’elle voyait déjà aux mains de la jeune femme mais dont elle ne soupçonnait sans doute pas la valeur.
Estelle jubilait. Elle aussi avait essuyé ses trois refus. Et nul coq n’avait chanté. Elle n’attendait plus que la sonnerie de son téléphone portable et la voix courroucée de sa maîtresse. Par trois fois, elle refusa l’appel. Le reniement était parfait. Mais de toute façon, elle savait que c’est sur son cul que sa seigneuresse bâtirait son culte sodomite.

Le mur des pédérastes
(qui ne se situe pas au Père Lachaise)
Marche à l'ombre