vendredi 30 décembre 2022

Baci baci

« J’ai nommé les “princesses prédatrices” : Elles sont toujours deux et sont généralement blondes, quoique pas nécessairement. Mais si au moins l’une d’elles est blonde, leur duo fonctionne mieux. Car elles ont une mission, même si elles ne l’admettront jamais textuellement. Mais dans leur langage codé, qui leur permet de se comprendre comme des jumelles, elles ne cessent d’en délibérer entre elles. Elles ne parlent pour ainsi dire que de cela.
Elles sont étudiantes, se connaissent de la fac ou, plus probablement, de la vie nocturne dans leur cité universitaire. Elles voyagent avec un budget très serré, mais ce ne sont pas des routardes typiques, ne serait-ce que parce qu’elles n’ont pas de sac à dos. En avoir un leur donnerait l’air de routardes. En plus, cela fait transpirer du dos, ce qui n’est pas élégant. Il leur fallait en outre emporter toutes leurs robes d’été, ainsi que ce petit top qu’elles oseront tout juste porter avec un châle, cinq bikinis, puis surtout les six paires de chaussures à talons dont on peut avoir besoin à diverses occasions en vacances, plus la trousse de secours au complet, équipée de différentes sortes de mascaras waterproof, fond de teint, rouge à lèvres, vernis à ongles, un stick correcteur pour les piqûres de moustiques, et le kit à lentilles.
Elles ne dorment pas comme des routardes, dans des campings ou des auberges de jeunesse. Elles trouvent leurs adresses de façon mystérieuse grâce au cousin d’un ami ou via CouchSurfing. Puis elles verront, parce que trouver des adresses constitue l’un des principaux objectifs de leur mission secrète.
— Ne te retourne pas tout de suite, Frederieke, mais on a une moquette à 6 h 30. Il se rapproche. Mamma mia, quelle forêt vierge. Et vise plus bas, son froc…
Elles sont assises à la terrasse la plus chère de la place et boivent des cocktails chics qu’elles n’ont pas de quoi payer. Il émane d’elles une blonde et traitre disponibilité. Elles sont la chandelle flamboyante à laquelle tous les latin lovers viendront se brûler les ailes en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, et elles le savent. C’est bien là le but. C’est leur mission. C’est pour cela qu’elles sont parties en vacances.
— Ca y est, il nous a vues. Frederieke, on le tient. Je l’estime à au moins six margaritas.
Vous auriez presque pitié de ces petits Italiens chauds comme la braise qui se jettent dans le piège. Ces petites chattes hollandaises, blondes et mousseuses, qu’ils imaginent sous la table, ils ne les auront jamais. C’est le pacte. On ne couche pas. Tout au plus baci baci, et quand l’autre dit stop, c’est stop. Des cocktails gratuits tous les soirs, c’est tout ce qui les intéresse. Et peut-être un endroit où loger. Et l’expérience de se sentir adorées trois semaines durant. »
Taille originale : 29,7 x 21 cm
Taille originale : 29,7 x 21 cm

lundi 26 décembre 2022

Ce sont des clichés…

Taille originale : 29,7 x 21 cm et 21 x 29,7 cm
« Je refermai la porte des toilettes derrière nous. Elle me donna a peine l’occasion de tourner le verrou. Sa langue était déjà dans ma bouche et sa main dans mon pantalon. Nous nous jetâmes l’un sur l’autre comme deux lions affamés se prenant mutuellement pour un steak qu’on viendrait de leur lancer. Je remontai sa jupette. Elle fit tomber mon pantalon sur mes chevilles. Nous manquions de place pour en faire une scène esthétique. Elle me repoussa sur la lunette et lorsque je fus assis, penché le plus possible vers l’arrière, le dos contre la chasse d’eau et la bite dressée vers le ciel, elle vint se poster juste au-dessus de moi, les jambes plantées de part et d’autre de la cuvette, comme un mec qui s’apprête à pisser. Je vis sa petite culotte devant mon nez, anticipai le tintouin et résolus d’emblée le problème en arrachant le slip d’un coup sec et en le jetant dans un coin. Sa jupette relevée en ceinture autour de la taille, elle empala sa petite chatte mouillée sur ma queue. Je raconte juste comment ça s’est passé. Les toilettes publiques ne sont pas le lieu adapté pour des métaphores raffinées. J’agrippai ses cuisses fuselées, elle posa une main sur ma bouche, comme pour me violer, et se mit à me chevaucher sauvagement, presque avec agressivité. Nous étions tous les deux si conscients de l’ampleur de notre déchéance et de l’ignoble bestialité avec laquelle nous étions en train de baiser dans les chiottes du plus important musée de la ville que l’orgasme s’abattit sur nous en deux temps trois mouvements dans un silence tonitruant.
À sa botte, pieds de plomb ou semelles de vent ?
Comme un petit couple propret édifié par sa visite des grands peintres, nous rejoignîmes ensuite main dans la main le soleil de la via Garibaldi. Sur le chemin de la sortie, nous avions poliment salué le gardien. Quant au slip déchiré, nous en avions fait don à la collection permanente. Et elle trouva si excitant de marcher sans culotte dans la ville, et je trouvai si excitant de la savoir nue sous sa jupe, que, de retour à la maison, nous recommençâmes à baiser comme des forcenés. Ce sont des clichés, je sais, mais tous les clichés deviennent vrais quand vous êtes amoureux. »

Titre au choix :

  • L'exhibitionniste attrapé
  • Combat pour le contrôle des femmes
  • L'homosexualité révélée
  • Violence de genre

jeudi 15 décembre 2022

Je l'ai fait avec ce garçon…

Dévotion
« “Tu connais pas Flossie Carpenter ?” disaient-ils. “Celle qui couche avec tout le monde.”
Pourtant, quand ces rumeurs avaient commencé à circuler, Flossie n’avait que quatorze ans et elle était encore vierge. C’est vrai qu’elle dansait en jupe courte et qu’elle flirtait, elle embrassait les garçons, elle se baignait toute nue, elle se couchait avec du rouge à lèvres et elle laissait voir sa bretelle de soutien-gorge. Mais elle était bien plus que la somme de toutes ces choses réunies. C’est pourtant sur ces choses-là qu’on la jugeait, parce qu’elle avait osé faire fi de l’image traditionnelle de la jeune fille pure.
Adoration
Ma sœur était tout simplement une de ces filles condamnées par une idéologie et des textes ancestraux selon lesquels le destin d’une femme est d’être bien comme il faut, obéissante et sagement séduisante, mais invisible au besoin. Clouée à la croix du sexe auquel elle appartient, une jeune femme se trouve coincée entre la mère et la côte biblique, dans un espace réduit qui ne lui permet d’être rien d’autre qu’une fille qui vit auprès de ses frères sans pour autant être leur égale. Ces garçons qui, eux, peuvent hurler comme des matous en rut, se vautrer dans la chair sans retenue, sans que jamais on ne les traite de traînée ou de putain comme ma sœur.
Taille originale : 29,7 x 21 cm et 21 x 29,7 cm
— Non, je ne vais pas te traiter de traînée, Flossie, lui ai-je dit tandis que le glaçon fondait, jusqu’au moment où il a coulé entre ses doigts comme des gouttes de pluie.
— Je l’ai fait avec ce garçon qui m’emmène au cinéma.
Elle a étiré le lobe de mon oreille avant d’en rechercher le centre avec son doigt, puis elle a ajouté : Il m’a payé tellement de pop-corn. Il a dit qu’il était temps de le rembourser. Seigneur Jésus ! a-t-elle lancé en imitant la voix de Maman. »
Donation

mardi 6 décembre 2022

Le grand soupçon

De vrais hommes ?

[Dans les années 1950, en Europe occidentale]

« Le sexe était le grand soupçon de la société qui en voyait les signes partout, dans les décolletés, les jupes étroites, le vernis à ongle rouge, les sous-vêtements noirs, le bikini, la mixité, l’obscurité des salles de cinéma, les toilettes publiques, les muscles de Tarzan, les femmes qui fument et qui croisent les jambes, le geste de se toucher les cheveux en classe, etc. Il était le premier critère d’évaluation des filles, les départageait en “comme il faut” et “mauvais genre”. La “cote de moralité” affichée à la porte de l’église pour les films de la semaine ne concernait que lui.
Dans ces conditions elles étaient interminables les années de masturbation avant la permission de faire l’amour dans le mariage. Il fallait vivre avec l'envie de cette jouissance qu’on croyait réservée aux adultes et qui réclamait d'être satisfaite coûte que coûte en dépit de toutes les tentatives de diversion, les prières, en portant un secret qui rangeait parmi les pervers, les hystériques et les putains.
Il était écrit dans le Larousse :
Onanisme : ensemble des moyens adoptés pour provoquer artificiellement la jouissance sexuelle. L’onanisme détermine souvent des accidents très graves ; aussi devra-t-on surveiller les enfants à l’approche de la puberté. Les bromures, l’hydrothérapie, la gymnastique, l’exercice, la cure d’altitude, les médications martiales et arsenicales, etc. seront tour à tour employés.
Dans le lit ou les vécés, on se masturbait sous le regard de la société entière.
Tenir le manche
Taille originale : 21 x 28,1 cm et 28,1 x 21 cm
Les garçons étaient fiers de partir au régiment et on les trouvait beaux en soldats. Le soir du conseil de révision, ils faisaient la tournée des cafés pour célébrer la gloire d’être reconnus comme de vrais hommes. Avant le régiment, ils étaient encore des gamins et ne valaient rien sur le marché du travail et du mariage. Après, ils pourraient avoir une femme et des enfants. »
Transformations masculines