vendredi 9 avril 2021

Privilège

« Quelque démocratique que soit l’état social et la constitution politique d’un peuple, on peut donc compter que chacun des ses citoyens apercevra toujours près de soi plusieurs points qui le dominent, et l’on peut prévoir qu’il tournera obstinément ses regards de ce seul côté. Quand l’inégalité est la loi commune d’une société, les plus fortes inégalités ne frappent point l’œil ; quand tout est à peu près de niveau, les moindres le blessent. C’est pour cela que le désir de l’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande. »
Taille originale : 29,7 x 21 cm

 

« La haine que les hommes portent au privilège s’augmente à mesure que les privilèges deviennent plus rares et moins grands, de telle sorte qu’on dirait que les passions démocratiques s’enflamment davantage dans le temps même où elles trouvent le moins d’aliments. J’ai déjà donné la raison de ce phénomène. Il n’y a pas de si grande inégalité qui blesse les regards lorsque toutes les conditions sont inégales ; tandis que la plus petite dissemblance paraît choquante au sein de l’uniformité générale ; la vue en devient plus insupportable à mesure que l’uniformité est plus complète. Il est est donc naturel que l’amour de l’égalité croisse sans cesse avec l’égalité elle-même ; en le satisfaisant, on le développe. »

 

lundi 5 avril 2021

Leçon de journalisme

Ce monde unique, fermé,
sans communication avec le dehors
qu’est l'âme du poète…

Taille originale : 24 x 32 cm
« Ainsi la beauté journalistique n’est pas tout entière dans l’article ; détachée des esprits où elle s’achève, ce n’est qu’une Vénus brisée. Et comme c’est de la foule (cette foule fût-elle une élite) qu’elle reçoit son expression dernière, cette expression est toujours un peu vulgaire. C’est aux silences de l’approbation imaginée de tel ou tel lecteur que le journaliste pèse ses mots et trouve leur équilibre avec sa pensée. Aussi son œuvre, écrite avec l’inconsciente collaboration des autres, est-elle moins personnelle. »
Impuissance de l’art ?
Taille originale : 21 x 29,7 cm

 

 

dimanche 4 avril 2021

La première image venue

 

Taille originale : 21 x 29,7 cm

Wie wunderbarlich ist doch diese Strafe!

 

« Et de même qu’un élastique qu’on étire puis qu’on lâche par inadvertance revient cingler la main qui le tient, de même est-on dans cet espace, par brèves séquences, alternativement un sujet qui saisit ce qui l’environne (ne serait-ce que du regard) et un objet saisi. Ainsi, et de façon inattendue, dans un sex-shop. Cela me plaisait d’y accompagner [Untel]. Tandis qu’il entretenait le vendeur de ses demandes toujours extrêmement précises parce qu’il se tenait au courant des dernières parutions, surtout dans le domaine des vidéocassettes, j’allais et venais dans le magasin. La première image venue, quelle qu’elle soit (une fille écartant de ses doigts manucurés sa vulve cramoisie, la tête légèrement relevée vue en perspective, le regard flottant au-dessus du corps avec la même expression que celle d’un malade qui cherche ses pieds au bout d’une civière ; une autre assise sur les talons dans la pose traditionnelle de la pin-up et soutenant de ses paumes ouvertes le fardeau de nichons plus gros que sa tête ; le jeune homme en costume trois pièces qui empoigne sa bite en direction d’une femme d’âge mûr accroupie au bord de son bureau (elle est avocate ou chef d’entreprise) ; et même des body-builders destinés à la clientèle homosexuelle, sanglés dans des cache-sexe qui paraissent proportionnellement minuscules), n’importe quelle image, graphique, photographique, cinématographique, réaliste ou caricaturale (un mannequin posant dans les pages de caleçons d’un catalogue de vente par correspondance ; une éjaculation en grosses gouttes débordant dans les marges d’une bande dessinée), toute image, dis-je, fait que je ressens dès le premier coup d’œil l’énervement caractéristique au fin fond de l’entrecuisse. Je feuilletais les revues à disposition, retournais, circonspecte, celles sous cellophane. N’est-il pas formidable qu’on puisse s’exciter librement, au vu et au su de tous les autres clients qui font de même, chacun se comportant néanmoins comme s’il furetait dans les tourniquets d’une Maison de la presse ? N’y a-t-il pas lieu d’admirer l’apparent détachement avec lequel on considère là des photographies ou des objets qui, chez soi, font perdre contenance ? Je jouais à me transplanter dans un monde mythique où tous les magasins offraient le même genre de marchandises, parmi d’autres, et où, mine de rien, on se laissait gagner par une chaude sensation, absorbé dans la contemplation d’organes dont la quadrichromie restituait parfaitement l’humidité et qu’on exposait ensuite, sans vergogne, à la vue des voisins de compartiment. “Excusez-moi, puis-je vous emprunter votre journal ? – Je vous en prie.” Etc. La tranquille évidence qui règne dans un sex-shop s’étendait à la vie sociale dans son ensemble. »

 

O Mensch, bewein dein Sünde groß
taille originale : 29,7 x 21 cm

Wer hat dich so geschlagen?

Ich, ich und meine Sünden,
Die sich wie Körnlein finden
Des Sandes an dem Meer,
Die haben dir erreget
Das Elend, das dich schläget,
Und das betrübte Marterheer.

samedi 3 avril 2021

D'un autre temps

 

Scène coupée

Trompe-l’œil

« Dans les plus vastes partouzes auxquelles j’ai participé, il pouvait se trouver jusqu’à cent cinquante personnes environ (toutes ne baisant pas, certaines venues là seulement pour voir), parmi lesquelles on peut en compter environ un quart ou un cinquième dont je prenais le sexe selon toutes les modalités : dans les mains, dans la bouche, par le con et par le cul. Il arrivait que j’échange baisers et caresses avec des femmes, mais cela restait secondaire. Dans les clubs, la proportion était beaucoup plus variable en fonction de la fréquentation bien sûr mais aussi des usages de l’endroit. L’estimation serait encore plus difficile à faire pour les soirées passées au Bois : ne faudrait-il prendre en considération que les hommes que j’ai sucés, la tête coincée contre leur volant, ceux avec qui j’ai pris le temps de me déshabiller dans la cabine d’un camion, et négliger les corps sans tête qui se relayaient derrière la portière de la voiture, secouant d’une main folle leur queue diversement raide, tandis que l’autre main plongeait par la vitre ouverte pour malaxer énergiquement ma poitrine ? Aujourd’hui, je suis capable de comptabiliser quarante-neuf hommes dont je peux dire que leur sexe a pénétré le mien et auxquels je peux attribuer un nom ou, du moins, dans quelques cas, une identité. Mais je ne peux chiffrer ceux qui se confondent dans l’anonymat. Dans les circonstances que j’évoque ici, et même s’il y avait, dans les partouzes, des gens que je connaissais ou reconnaissais, l’enchaînement et la confusion des étreintes et des coïts étaient tels que si je distinguais les corps, ou plutôt leurs attributs, je ne distinguais pas toujours les personnes. Et même lorsque j’évoque les attributs, je dois avouer que je n’avais pas toujours accès à tous ; certains contacts sont très éphémères et, si je pouvais les yeux fermés reconnaître une femme à la douceur de ses lèvres, je ne la reconnaissais pas forcément à des attouchements qui pouvaient être énergiques. Il m’est arrivé de ne réaliser qu’après coup que j’avais échangé des caresses avec un travesti. J’étais livrée à une hydre. »
Une auteure d'un autre temps
 
Dies irae
Taille originale : 42 x 29,7 cm
  
 
#balancetonporc
Taille originale : 21 x 29,7 cm


vendredi 2 avril 2021

Le bourreau m’étreint

Taille originale : 21 x 29,7 cm

 

« Le bourreau m'étreint : je l’aime ! et l’aime encore;
Car il est mon frère, ô père que j'adore !
Mon frère aveuglé qui s'est jeté sur moi,
Et que mon amour ramènera vers toi ! »
Taille originale : 29,7 x 21 cm