dimanche 30 mars 2014

Adolescence

Taille originale : 29,7 x 21 cm
« Au tout début il y avait la croyance superficielle d’étapes à franchir, de gradation. Il fallait y aller petit à petit. On pouvait à la limite se laisser peloter. Puis après, le reste devait se faire dans le confort d’une relation. Même un doigt, même mouiller, sans doute, ça pouvait être déjà trop, si ça se passait dans un dehors vague, un indéfini. D’où je la tenais, cette croyance à laquelle je n’adhérais même pas vraiment, impossible à dire précisément. Ce n’était pas un modèle parental de vertu, mais le flou d’un milieu social, de codes ancrés malgré moi.
Alors j’avais attendu, un peu. Même si j’avais très envie, même si je ne comprenais pas pourquoi, au final, il fallait attendre, même si le regard des autres ne m’inquiétait que modérément (pour une ado), parce qu’il m’avait toujours stigmatisée et vilipendée pour des choses qui me paraissaient belles (être une “intellectuelle”, par exemple) et que je le concevais comme fondamentalement erroné, bête et méchant.
Si ça n’avait tenu qu’à moi, si j’avais su, à l’époque, que ça ne tenait qu’à moi, alors oui, bien sûr, nous aurions couché ensemble. Très vite, sans doute, parce que les progressions amoureuses, adolescent, ont une fulgurance qu’il faut saisir d’emblée.
Ma peur était physique, c’est tout. Je redoutais la douleur qu’on me disait inévitable, tout comme l’acte, en soi, avait quelque chose d’inévitable.
Parce que c’est certain, que les filles finissent par se faire dépuceler. On accepte l’idée d’une cassure et le bout de chair qui traîne dans le chemin nous fait accepter l’idée d’un changement incarné.
Dès qu’il m’a dit “c’est fini, je ne suis plus amoureux de toi”, la dévastation a pris une tournure spécifique : “merde, j’aurais dû coucher”.
Pendant des années, je me suis repassé ce moment, et l’amer regret me serrait la gorge. Au moins, maintenant, je ferais ce que je voudrais, me disais-je, je saurais ce que c’est, intimement. Et je sentais le poids de mon inexpérience me recouvrir comme un voile de honte dans lequel je m’empêtrai.
Je suis restée taraudée par ce pucelage. Obnubilée, obsédée. Je n’étais que regret d’être vierge, douleur de l’être, rage de ne pouvoir changer seule la situation. Tout n’a plus été qu’une question de stratégies ratées, je n’ai regardé les garçons que comme des porteurs de cette délivrance. Un moyen de me libérer. Mon dépucelage m’affranchirait une fois pour toute. Je concevais mon hymen comme s’il eut été mon nez, un nez démesuré et boursouflé, une protubérance à la vue de tous dont on détourne le regard pudiquement pour ne pas faire trop honte au porteur qui n’en peut mais.
Le retournement de perspective s’est opéré dans la seconde qui a suivi la rupture : de quelque chose à perdre facilement (ça n’a jamais été quelque chose à conserver, ça non), c’est devenu une chose dont il était difficile de se débarrasser.
J’étais trop jeune pour coucher ? J’étais déjà trop vieille pour me trimballer ma virginité. Je la portais comme un fardeau sans nom; j’aurais voulu simplement me réveiller quelques années plus tard et que ça soit fait. J’aurais donné ces années, sans les vivre, sans regret.
Car les mois passaient et rien n’aboutissait. Ce n’était plus si certain, que les filles finissent par se faire dépuceler. Il n’y avait aucun garçon qui voulait de moi et l’autre me restait en mémoire comme le seul digne de mon affection, ce qui compliquait fortement les choses : je déclinais les rares propositions de relations sérieuses. Je sortais avec des types quelconques par souci de normalité, mais ce n’était pas eux qui allaient me dépuceler. Il me fallait un protocole : ça ne pouvait pas se faire en “présence” de mes amies. Plus le temps passait, plus le désespoir était grand : allais-je rester vierge toute ma vie ? Pour ridicule qu’elle soit, ce fut ma question principale pendant quatre longues années parsemées de tentatives ridicules, vite avortées.
Une seul vraie stratégie s’est dégagée, la seule efficace : partir. Fuir le connu, fuir la honte de devoir raconter, vivre cela tout à fait seule et ailleurs. Ça me faisait tard, pour un dépucelage, il fallait vraiment que ça aille vite, il fallait que je trouve quelqu’un avant mon anniversaire, avant ma majorité. Je n’aurais que quelques petits mois devant moi. Il ne m’en a fallu qu’un.
Étrangère, déracinée, il ne m’a suffi que de quelques pauvres mots mal prononcés pour me faire comprendre.
Les filles finissent par se faire dépuceler. Et c’est un immense soulagement. Nul savoir ne s’en trouve acquis, nul plaisir, nulle tendresse. Il y a un type qui se désape en même temps que moi. J’ai éteint la lumière. Bien dressé, il a acheté des préservatifs, une énorme boite trône fièrement sur la table de nuit. Il a de la suite dans les idées; et sans doute il pourra utiliser tout le paquet, à l’avenir. Mais pour moi, il ne lui en faudra qu’un. Peut-être ne s’en rend-il pas compte, qu’il n’y aura qu’une fois, cette fois-ci.
Il enfile la capote et je suis là à attendre couchée sur le dos, je distingue à peine son membre foncé dans la pénombre. J’écarte les jambes mais ça ne rentre pas, c’est malaisé, c’est gênant. Heureusement, il est persévérant. À force de pousser et pousser, l’engin se fraie une voie. La douleur me cloue au lit, je reste immobile, serre les dents, tente de n’émettre aucun son qui révélerait ma souffrance.
Mais tout cela n’est rien, rien, parce qu’en fait, je jubile. C’est fait. Plus de comptes à rendre, plus de sentiments de faiblesse, d’inexpérience. Je sais. Je sais que ce n’est rien, rien du tout. Une vaste blague que cette question du dépucelage. Mais il fallait le faire pour le savoir. L’homme dont je viens de me servir a perdu le peu de panache que son utilité temporaire lui conférait, et son sexe flasque reflète adéquatement l’inintérêt de la situation post-coïtale. La seule question digne d’intérêt m’apparaît enfin une fois la brume du dépucelage dissipée : la question du plaisir et de la jouissance. Cet homme ne participera pas à ce questionnement, il m’est dorénavant inutile, usé. Je pars sans me retourner, satisfaite, une douleur grisante entre les jambes. »

Vers l'abstraction ou l'effacement du désir ?

lundi 24 mars 2014

Conduites atypiques

Taille originale : 29,7 x 21 cm

« Norbert Elias, on le sait, défend une conception radicalement différente de l’action individuelle. Selon lui, la socialisation n’est pas un processus d’uniformisation qui, en “bombardant” le “vrai moi” des individus, s’efforcerait de gommer leurs caractéristiques singulières pour les rendre le plus semblables possible aux autres membres de leur société. Tout au contraire, elle est justement le processus qui permet aux hommes et aux femmes de devenir dès l’enfance des êtres singuliers, distincts de tous les autres. Cette façon d’envisager les conduites singulières des individus constitue un renversement radical par rapport à la conception que Margaret Mead et Elena Gianini Belotti développent dans leurs ouvrages respectifs. Elle revient en effet à considérer que les conduites atypiques à l’intérieur d’un groupe ne résultent pas de la résistance que les individus — poussés par leurs “penchants naturels” ou par leur “tempérament” — opposeraient aux influences sociales dont ils sont l’objet, mais qu’elles sont tout entières le produit de ces influences.
Partageant cette idée que les conduites atypiques ne sont pas ce qui “persiste”, ce qui “survit” ou ce qui “résiste” des dispositions naturelles de l’individu en dépit de la socialisation dont il est l’objet, mais qu’elles sont un produit de cette socialisation elle-même, on a jugé fructueux d’inclure l’analyse de ces conduites dans l’objet de la recherche. Pour qui les conçoit de cette manière, les conduites atypiques à l’intérieur d’une classe sexuelle sont en effet particulièrement intéressantes à étudier dans une enquête sur la socialisation de genre. En donnant à voir ce qui, dans la socialisation d’un enfant, peut entraver l’acquisition des dispositions conformes à son genre ou produire des dispositions caractéristiques de l’autre classe sexuelle, l’étude de ces conduites atypiques peut éclairer utilement les processus qui sont à l’œuvre dans la construction sociale des dispositions sexuées. »

vendredi 21 mars 2014

Code moral

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Faire montre d'ouverture d'esprit
taille des dessins originaux : 29,7 x 21 cm et 21 x 29,7

« Les hommes ont tendance à prendre l’avortement à la légère ; ils le regardent comme un de ces nombreux accidents auxquels la malignité de la nature a voué les femmes : ils ne mesurent pas les valeurs qui y sont engagées. La femme renie les valeurs de la féminité, ses valeurs, au moment où l’éthique mâle se conteste de la façon la plus radicale. Tout son avenir moral en est ébranlé. En effet, on répète à la femme depuis son enfance qu’elle est faite pour engendrer et on lui chante la splendeur de la maternité ; les inconvénients de sa condition — règles, maladies, etc. —, l’ennui des tâches ménagères, tout est justifié par ce merveilleux privilège de mettre des enfants au monde. Et voilà que l’homme, pour garder sa liberté, pour ne pas handicaper son avenir, dans l’intérêt de son métier, demande à la femme de renoncer à son triomphe de femelle. L’enfant n’est plus du tout un trésor sans prix ; engendrer n’est plus une fonction sacrée : cette prolifération devient contingente, importune, c’est encore une des tares de la féminité. La corvée mensuelle de la menstruation apparaît en comparaison comme bénie : voilà qu’on guette anxieusement le retour de cet écoulement rouge qui avait plongé la fillette dans l’horreur ; c’est en lui promettant les joies de l’enfantement qu’on l’avait consolée. Même consentant à l’avortement, la femme le ressent comme un sacrifice de sa féminité : il faut que définitivement elle voie dans son sexe une malédiction, une espèce d’infirmité, un danger. Cependant, au même moment où l’homme pour mieux réussir son destin d’homme demande à la femme de sacrifier ses possibilités charnelles, il dénonce l’hypocrisie du code moral des mâles. Ceux-ci interdisent universellement l’avortement ; mais ils l’acceptent singulièrement comme une solution commode. » (1949)
Démolition…

lundi 17 mars 2014

viele, viele Monde

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taille des dessin originaux : 33 x 26

« Ce jour-là dans le mois bleu de septembre
Au calme sous un jeune prunier
Je la tenais là, l’amour pâle et calme
Dans mes bras comme un rêve tendre.
Et au-dessus de nous dans le beau ciel d’été
Il y avait un nuage que j’ai vu un long moment
Très blanc et très haut,
Mais quand je le regardai à nouveau, il n’était plus là.
Depuis ce jour, beaucoup, beaucoup de mois
Se sont doucement écoulés.
Les pruniers ont sans aucun doute été abattus
Et tu me demandes : qu’en est-il de l’aimée ?
Aussi je te réponds : je ne peux pas m’en souvenir
Et, pourtant, je sais bien ce que tu veux dire.
Mais je ne connais plus son visage,
Je me souviens seulement : je l’ai embrassée.
Et ce baiser, je l’aurais depuis longtemps oublié
Si n’avait été ce nuage.
Ça, je le sais bien et je le saurai à jamais
Qu’il était très blanc et glissait d’en haut.
Les pruniers fleurissent peut-être encore
Et elle a peut-être un septième enfant.
Mais ce nuage n’a fleuri que quelques minutes
Et quand j’ai levé les yeux, il disparaissait déjà dans le vent. »

samedi 15 mars 2014

La première mondialisation

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Taille originale : 29,7 x 21

« Le principe fondamental de toute morale, sur lequel j’ai raisonné dans tous mes Ecrits, et que j’ai développé dans ce dernier avec toute la clarté dont j’étois capable, est que l’homme est un être naturellement bon, aimant la justice et l’ordre ; qu’il n’y a point de perversité originelle dans le cœur humain, et que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits. J'ai fait voir que l'unique passion qui naisse avec l'homme, savoir l'amour de soi, est une passion indifférente en elle-même au bien et au mal; qu'elle ne devient bonne ou mauvaise que par accident et selon les circonstances dans lesquelles elle se développe. J'ai montré que tous les vices qu'on impute au cœur humain ne lui sont point naturels ; j'ai dit la manière dont ils naissent; j'en ai, pour ainsi dire, suivi la généalogie, et j'ai fait voir comment, par l'altération successive de leur bonté originelle, les hommes deviennent enfin ce qu'ils sont.
J’ai encore expliqué ce que j’entendois par cette bonté originelle, qui ne semble pas se déduire de l’indifférence au bien et au mal, naturelle à l’amour de soi. L’appétit des sens tend à celui du corps, et l’amour de l’ordre à celui de l’ame. Ce dernier amour développé et rendu actif porte le nom de conscience ; mais la conscience ne se développe et n’agit qu’avec les lumieres de l’homme. Ce n’est que par ces lumieres qu’il parvient à connoître l’ordre, et ce n’est que quand il le connoît que sa conscience le porte à l’aimer. La conscience est donc nulle dans l’homme qui n’a rien comparé, et qui n’a point vû ses rapports. Dans cet état l’homme ne connoît que lui ; il ne voit son bien-être opposé ni conforme à celui de personne ; il ne hait ni n’aime rien ; borné au seul instinct physique, il est nul, il est bête ; c’est ce que j’ai fait voir dans mon Discours sur l’inégalité.
Quand, par un développement dont j’ai montré le progrès, les hommes commencent à jetter les yeux sur leurs semblables, ils commencent aussi à voir leurs rapports et les rapports des choses, à prendre des idées de convenance, de justice et d’ordre ; le beau moral commence à leur devenir sensible et la conscience agit. Alors ils ont des vertus, et s’ils ont aussi des vices c’est parce que leurs intérêts se croisent et que leur ambition s’éveille, à mesure que leurs lumieres s’étendent. Mais tant qu’il y a moins d’opposition d’intérêts que de concours de lumieres, les hommes sont essentiellement bons. Voilà le second état.
Quand enfin tous les intérêts particuliers agités s’entrechoquent, quand l’amour de soi mis en fermentation devient amour-propre, que l’opinion, rendant l’univers entier nécessaire à chaque homme, les rend tous ennemis nés les uns des autres et fait que nul ne trouve son bien que dans le mal d’autrui, alors la conscience, plus foible que les passions exaltées, est étouffée par elles, et ne reste plus dans la bouche des hommes qu’un mot fait pour se tromper mutuellement. Chacun feint alors de vouloir sacrifier ses intérêts à ceux du public, et tous mentent. Nul ne veut le bien public que quand il s’accorde avec le sien ; aussi cet accord est-il l’objet du vrai politique qui cherche à rendre les peuples heureux et bons. Mais c’est ici que je commence à parler une langue étrangere, aussi peu connue des Lecteur que de vous.
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le bleu du ciel
Voilà, Monseigneur, le troisieme et dernier terme, au delà duquel rien ne reste à faire, et comment l’homme étant bon, les hommes deviennent méchans. »
Art nouveau

dimanche 2 mars 2014

Dans l'ombre je te vois divinement pâlir


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taille originale : 29,7 x 21 cm
Premier état
«  J'adore la langueur de ta lèvre charnelle
Où persiste le pli des baisers d'autrefois.
Ta démarche ensorcelle,
et la perversité calme de ta prunelle
A pris au ciel du nord ses bleus traîtres et froids.
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Deuxième état
Le soir voluptueux a des moiteurs d'alcôve;
Les astres sont comme des regards sensuels
Dans l'éther d'un gris mauve,
Et je vois s'allonger, inquiétant et fauve,
Le lumineux reflet de tes ongles cruels.
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Troisième état
Sous ta robe, qui glisse en un frôlement d'aile,
Je devine ton corps, — les lys ardents des seins,
L'or blême de l'aisselle,
Les flancs doux et fleuris, les jambes d'Immortelle,
Le velouté du ventre et la rondeur des reins. »
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Montage numérique