samedi 24 mars 2012

Une reconnaissance intime

taille originale : 27 x 36 cm
« Son art trahit l’apparition d’une sorte de sensualisme cérébral qu’on voit apparaître à la même heure chez tous ses contemporains. On oublie peu à peu la charpente profonde pour caresser par le désir la surface des formes, comme la surface des visages par l’intention psychologique. Quand la statue reste vêtue, les robes se font plus légères qu’une brise sur l’eau. Mais, pour la première fois, la statuaire grecque dévoile tout à fait la femme, dont la forme est surtout significative par les frémissements de sa surface comme la forme masculine qui lui avait dicté sa science l’est avant tout par la logique et la rigueur de sa structure. Pour la première fois, il rejette les étoffes, il exprime sans voiles l’ascension mouvante des torses, l’animation des plans que la lumière et l’air modèlent en frissons puissants, la jeunesse des poitrines, la vigueur des ventres musculeux, le jet pur des bras et des jambes. Il parle du corps de la femme comme on n’en avait jamais parlé, il le dresse et l’adore dans sa rayonnante tiédeur, ses ondulations fermes, dans sa splendeur de colonne vivante où la sève du monde circule avec le sang. Et si nous avons pour Praxitèle une reconnaissance intime, un sentiment attendri, c’est qu’il nous a appris que le corps féminin, par sa montée dans la lumière et la fragilité émotionnante du ventre, des flancs, des seins où sommeille notre avenir, résume l’effort humain dans son invincible idéalisme exposé à tant d’orages. Il est impossible de voir certaines de ces statues brisées, où le torse jeune et les longues cuisses survivent seules, sans être déchiré d’une tendresse sainte. »

La pornographie est-elle une forme d'art?

dessin érotique pornographique scatologie
montage numérique
taille du dessin original : 37 x 29 cm

« Je pense que nous devrions comprendre la pornographie comme une forme d’art ou un genre artistique.
Il y a deux avantages à une telle approche. D’une part, considérer la pornographie comme un art proche de la comédie ou du (sur)réalisme permet de définir cet art indépendamment du média employé. De la même manière que le comique ou le (sur)réalisme peuvent être représentés par la littérature ou le cinéma, la pornographie peut apparaître dans différents médias. D’autre part — et ce point est plus important —, l’idée que la pornographie est une forme d’art fait surgir de nouvelles questions, différentes de celles qu’on pose habituellement concernant la valeur esthétique ou morale de la pornographie.
Dans cet article, je vais d’abord considérer la notion de genre (artistique), puis j’aborderai la question de savoir ce qui fait d’une production pornographique une réalisation artistique. J’utiliserai des exemples d’art et de littérature pornographiques pour montrer que la notion de pornographie doit être définie en relation avec quelque chose qui doit être caché mais qui est rendu visible (l’obscène). La condition suivante est à mon estime nécessaire pour considérer la pornographie comme un genre artistique : le spectateur ou lecteur doit être conscient qu’un tabou est transgressé, et que lui-même cède ainsi à la tentation de la transgression. Cette caractéristique ajoute peut-être une dimension thérapeutique ou de confession à l’art pornographique.
Contrairement au point de vue qui prétend que la pornographie vise nécessairement l’excitation (ce qui supposerait que nous sommes tous des pornographes quand nous faisons l’amour !), on peut penser qu’elle cherche à produire des effets comme la curiosité, le dégoût, la peur, l’effroi ou même le rire. Il y a là une différence avec l’érotisme. Bien qu’il soit possible qu’une représentation soit à la fois érotique et pornographique (le plus souvent l’art pornographique ne peut pas être distingué de l’art érotique), il se peut également que quelque chose de pornographique ne soit pas érotique. L’érotisme, par opposition à la pornographie, vise à produire une excitation ou du moins des sensations érotiques fort proches de l’excitation. Ainsi, il faut peut-être considérer que l’art pornographique n’est pas une sous-classe du genre érotique mais fait partie de la catégorie plus large de l’obscène.
Le point suivant sur lequel j’aimerais mettre l’accent est que l’art pornographique doit être compris comme une production de “l’imagination pornographique”, c’est-à-dire de la capacité de l’esprit à créer des représentations et des fantasmes pornographiques mais aussi de recréer par l’imagination des sensations de ce type particulier.
Les “fantaisies” pornographiques sont comme des contes de fées pour adultes : de la même façon que ces contes ne demandent pas que les fées existent réellement, le monde des fantasmes pornographiques n’exige pas de sexualité réelle ni d’excitation sexuelle (par exemple, on peut fantasmer sur l’ingestion d’excréments sans que ce fantasme ne débouche sur une excitation sexuelle). En fait, il semble que la seule condition à laquelle doit répondre la pornographie est la satisfaction des pulsions les plus enfouies. Aussi, je maintiens qu’il est possible d’analyser l’art pornographique comme un genre reposant sur la relation entre le public, la confirmation de tabous et la notion de transgression. »

dimanche 18 mars 2012

Faites l'amour, pas la guerre !

dessin pornographique double pénétration sandwich
Taille originale : 27 x 36 cm
« Et pour bien se faire comprendre, l'auteur, officier de renseignement pendant la Seconde Guerre mondiale, nous raconte l'histoire d'une Française dont il fit la connaissance au temps des dangers et des souffrances, avant de la retrouver en temps de paix confortablement installée. Elle lui dit : “Tout vaut mieux que cette vie où jour après jour rien ne se passe. Vous savez que je n'aime pas la guerre et que je ne désire pas qu'elle recommence. Mais au moins me faisait-elle sentir vivante, comme je ne me suis jamais sentie vivante avant ou après elle.” L'auteur commente : “La paix exposait un vide en eux après que l'excitation de la guerre leur avait permis de recouvrir”, et il nous met en garde contre “le vide qui est en nous”, contre l'exaltation de ceux qui se sentent liés “à quelque choses de plus grand que soi-même”. Se pourrait-il que l'ennui soit plus terrifiant que toutes les horreurs de la guerre ? »