vendredi 24 février 2023

Une carmélite déchaussée

Esprit de corps
« Parler de pornographie est très à la mode aujourd’hui. Jadis, on accordait à cette activité beaucoup moins d’importance. Je me souviens que lorsque j’étais jeune, très jeune même, j’adorais voler à mes parents et à mon frère des revues porno. À l’époque, tous mes copains et copines faisaient de même et tous ne comprenions pas très bien le sens des interdictions d’accès au cinéma pour certains films. Il est vrai que cela ne changeait rien à la triste adolescence sans sexe que nous avions eue — surtout moi, avec une mère qui ressemblait à une sorte de carmélite déchaussée pour tout ce qui avait trait à mon éducation sentimentale.
Exercice de déconstruction
Quand j’ai été un peu plus âgée, j’ai commencé à adorer regarder des films porno aussi bien seule qu’en compagnie de mes amoureux. Il me suffisait d’entendre un peu, un tout petit peu, d’une histoire érotique pour que mon désir monte et s’installe d’une façon assez persistante. J’ai cru pendant longtemps que j’étais en ce domaine comme tout le monde. Il est certain que ces films pourraient être de temps en temps un peu plus imaginatifs. Mais, tels qu’ils sont, ils ne me semblent pas si mal. Or, depuis quelque temps, on ne cesse pas d’entendre des choses affreuses sur la pornographie, l’argument le plus récurrent étant qu’il s’agit d’une violence immense faite aux femmes. C’est encore la Ministre — celle que ma tante aimait tant — qui nous défendait jusqu’à il n’y a pas si longtemps de toute forme d’oppression et de domination sexuelle, qui commença une véritable campagne contre la pornographie, et surtout contre la possibilité donnée aux plus jeunes de regarder de tels films. Qui plus est, elle semblait si avertie de la puissance quasi diabolique de l’image, et notamment de celle qui sort des postes de télévision qui trônent avec une apparente innocence au centre du foyer familial, que cette vaillante dame a même pensé créer un délit nouveau qui s’appliquerait aux parents qui permettent à leurs enfants de regarder des films X, quelque chose comme une maltraitance audiovisuelle, une sorte de pédophilie par négligence. »
Taille originale : deux fois 21 x 29,7 cm

vendredi 10 février 2023

Les pantelantes humiliations de la chair

L’image traumatisante ? Un commentaire plus complet
Taille originale : 21 x 29,7 cm
« Bien que les heures de bureau d’Ahmed Sinai fussent remplies de rêves de secrétaires prenant des lettres dans le costume d’Eve, de visions de Fernanda ou de Poppy traversant la pièce dans le plus simple appareil, les fesses marquées par le cannage des chaises, son attirail refusait de répondre ; et un jour, alors que la vraie Fernanda ou Poppy était rentrée chez elle et qu’il jouait aux échecs avec le docteur Narlikar, sa langue (et son jeu) se relâchant à cause des djinns, il confia maladroitement : “Narlikar, je crois que j’ai perdu tout intérêt pour vous savez quoi.”
Discrètement les adultes
Taille originale : 21 x 29,7 cm
Le luisant gynécologue rayonna de plaisir; son fanatisme pour le contrôle des naissances jaillit de ses yeux et il fit le discours suivant : “Bravo! Frère Sinai ! Ça fait plaisir à entendre ! Vous et puis-je ajouter moi-même ? — oui, vous et moi, Sinai bhai, nous sommes des gens d’une rare spiritualité ! Loin de nous les pantelantes humiliations de la chair — n’est-ce pas une excellente chose, je vous le demande, de renoncer à la procréation — de s’abstenir d’ajouter encore une existence misérable aux vastes multitudes qui mendient actuellement dans notre pays — et, à la place, d’employer toute notre énergie à leur trouver plus de terre où vivre ? Je vous le dis, mon ami, vous et moi, et nos tétrapodes, nous allons tirer de la terre des océans eux-mêmes !” Pour consacrer ce discours, Ahmed Sinai remplit les verres… »
Mourir de rire  ?
Taille originale : 21 x 29,7 cm