samedi 18 mars 2017

Un éloge du monde



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taille originale : 21 x 28,2

« Plaçant la représentation picturale dans le cadre d'une histoire de la pensée, on s'aperçoit que la grande rupture — la découverte de l'individu — se produit dans la première moitié du XVe siècle, dans le Nord de l’Europe : en Flandre, Bourgogne et France. Cette rupture donne sens à ce que nous appelons la Renaissance : celle-ci ne consiste pas seulement dans la redécouverte de l’art antique, elle ne se limite pas aux développements survenus en Italie. L'avènement de l'individu est irréversible, même si l'histoire ne se poursuivra pas, à partir de là, de manière linéaire et homogène. Nous assistons à une progressive humanisation du divin (l'autoportrait de Durer en Christ, de 1500, en est l'un des témoignages les plus parlants), à laquelle succédera, à partir du XVIIe siècle, une certaine divinisation de l’humain.
Il faut ajouter que cette découverte de l'individu ne signifie nullement le triomphe d'un individu isolé des autres, réduit à l’arbitraire d'une subjectivité. Bien au contraire : comme le suggérait aussi Nicolas de Cues, par des chemins différents on peut accéder au même but, la subjectivité n'exclut pas la communauté. Non seulement ces peintres de la Renaissance partagent toujours le même cadre mental et les mêmes codes d'interprétation : ils se situent à l’intérieur de la doctrine chrétienne et n'oublient pas la signification conventionnelle de tel objet, de tel geste. Mais de plus ils se réfèrent à un monde commun, visible par tous et représenté par leurs tableaux. L'humanisme qu'apportent ces tableaux n'est pas un individualisme.
En accordant ce privilège à l’individu et au visible, la peinture depuis la Renaissance soulève un problème dont on trouve la formulation classique chez Pascal : “Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire point les originaux” (Br. 134, L. 40). Si représenter le monde est en faire l’éloge, est-ce à dire que tout au monde est digne d'éloge ? On peut préférer l'attitude médiévale qui soumet le visible à l’intelligible. On peut aussi, à la manière de nombreux interprètes modernes, s'en tenir à l’image sans s'intéresser à sa signification ; ou encore, à la manière de tant de peintres modernes, renoncer à la représentation même. Mais on peut aussi accepter cet éloge du monde et de ses incarnations individuelles, inhérent à la peinture représentative, et y voir une pensée à l'œuvre. Rilke aimait évoquer, pour expliquer l’attitude de l’artiste face au monde, la figure de saint Julien l'Hospitalier, capable de se coucher même auprès du lépreux pour en réchauffer le corps. La peinture, éloge de l’individu, dit à sa façon oui au monde visible dans son entier, ce qui correspond bien à une certaine philosophie, même si ce n'est pas celle de Pascal. »
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