samedi 25 avril 2020

Le serveur pourpre

C’est à l’âge de 63 ans que Michael Douglas apprit qu’il était atteint de la maladie de Parkinson. Jusque-là, seule l’homonymie avec un acteur célèbre, fils d’un autre acteur célèbre, l’avait distingué un tant soit peu des anonymes qui l’entouraient. En même temps, cette homonymie était surtout embarrassante sinon même ridicule lors des premières rencontres où il lui fallait citer son deuxième prénom (Anthony). Il devait également subir l’humour gras des collègues qui ne manquaient pas d’ironiser sur l’image de grande séduction de son homonyme mais dont lui-même était absolument dépourvu avec son physique quelconque sinon ingrat. Et il savait bien que le nombre de ses relations féminines (successives) se chiffrait à cinq ou six maximum en comptant même quelques baisers furtivement échangés à l’adolescence.

Lorsque le diagnostic fut posé, il pensait pouvoir jouir bientôt d’une retraite méritée (selon la formule consacrée) bien que solitaire. L’ombre de la maladie planait désormais sur cet avenir qui, de toute façon, sans même cette menace, n’aurait été, il le savait, que celui d’une fin de vie désenchantée.

Survint cependant la grande pandémie qui balaya toute l’économie du pays et qui ruina les fonds de pension, notamment celui auquel Michael avait souscrit. À 66 ans, commençant à souffrir de tremblements légers, il dut se mettre à la recherche d’un emploi après avoir épuisé ses économies. Même si l’épidémie continuait à décimer les vieux, l’activité économique avait redémarré avec des soubresauts, et petit à petit commerces, restaurants, cafés et autres lieux de loisir rouvraient à vitesse réduite. Les prétentions salariales de Michael ne pouvaient qu’être extrêmement modestes. Mais heureusement, le patron d’un bar accepta de l’engager comme serveur quelques heures par jour. Il exigea cependant qu’il porte un costume, ou un semblant de costume, même si le standing du lieu n’était pas bien élevé. Mais ce costume n’était pas fourni, et Michael arriva le premier jour vêtu d’un improbable veston lie-de-vin aux revers d’un anthracite finement perlé ! Cet antique objet retrouvé au fond d’une garde-robe n’étonna que légèrement le patron qui affirma même que cela donnerait un cachet d’originalité sinon de standing à son établissement.

Les clients étaient cependant encore assez rares, ce qui permit à Michael de travailler lentement, marchant à petits pas, masquant les tremblements qui l’affectaient au côté droit. Ces clients arrivaient d’ailleurs par petits groupes, de deux, trois, quatre personnes au maximum. Mais ce jour-là, c’est une dizaine de femmes de tous âges et de tous genres, parlant haut et aux gestes larges qui s’installa autour de deux tables qu’elles avaient rapprochées. Michael prit note sur un bout de carton de la commande de multiples jus des fruits, eaux parfumées, thé vert, cocktails sans alcool et d’une bière. Il dut faire deux allers-retours au bar avec un plateau dont les verres s’entrechoquaient légèrement, mais, si le service fut lent, il était correct.

Ensuite Michael retourna s’accouder au bar en attente d’autres clients ou d’autres commandes. Il remarqua que, dans le groupe, certaines femmes avaient un fort accent étranger, français à son avis. L’une d’entre elles parlait même avec sa voisine exclusivement en français, lui sembla-t-il. Elles agitaient de nombreux papiers, qu’elles griffonnaient ou annotaient au cours de la discussion. Une seule d’entre elles avait un ordinateur portable, les autres ayant vraisemblablement renoncé à utiliser le leur de façon trop intensive à cause de la pénurie chinoise du lithium qui avait rendu (temporairement espérait-on) les batteries hors de prix. Leur humeur paraissait extrêmement changeante, parfois hilares, souvent excessivement agitées par l’énervement ou la colère.

Après une demi-heure environ, un calme relatif s’installa. Il était temps de recommander à boire. Michael prit note et revint au bar. Dans son dos, il entendit que la discussion se ranimait. Le barman avait mis un maximum de verres et de bouteilles sur le plateau que Michael emporta en le soutenant de la main gauche. Arrivé à la table, il essaya de se faufiler entre deux chaises pour commencer à servir les boissons, mais, au moment où il se penchait, la femme à sa droite fit un grand geste et cogna le coude du serveur, provoquant un renversement général du plateau. Il ne sut jamais ce qui s’était passé exactement : sa main droite avait-elle cogné le bord du plateau ? celui-ci était-il mal posé sur sa main gauche ? le choc l’avait-il à ce point surpris qu’un réflexe avait entraîné la chute des verres ? Il réussit néanmoins à rattraper le plateau, mais plusieurs verres se renversèrent sur la voisine de gauche qui poussa un grand cri. Un verre au moins se cassa sur la table. Des gestes désordonnés visèrent à mettre les feuilles étalées sur la table à l’abri de l’inondation, mais plusieurs d’entre elles glissèrent à terre.

Michael fut traité de maladroit et reçut pas mal d’injures. On lui donna même une bourrade dans le dos. Il s’efforça de réparer les dégâts, mais sa maladresse semblait à toutes particulièrement inopportune. Heureusement, le barman vint l’aider, apportant une serviette pour la femme au pantalon mouillé, ramassant les verres renversés, proposant une tournée gratuite. Le calme revint, et c’est le barman qui assura le nouveau service en tenant haut le plateau au-dessus de la tête des clientes. Michael était assis sur un tabouret à l’écart, sa main droite étant prise de tremblements irrépressibles. Son visage ridé était aussi rouge de confusion que sa veste. Son regard était obstinément baissé.

Il savait que cette maladresse allait très certainement lui coûter son poste. Il lui fallut un long moment pour retrouver son calme. Le groupe de femmes se leva et s’en alla. Il alla ramasser les verres vides. Il essuya la table, fit semblant d’épousseter les sièges. En se penchant, il remarqua une feuille qui avait glissé en-dessous de la banquette et était passée inaperçue. Il la ramassa mais le groupe était déjà loin. Il la plia et la glissa dans une poche au cas où sa propriétaire viendrait la réclamer. Mais il n’en fut rien. Michael finit sa journée en attendant le verdict du patron absent mais qui avait été certainement prévenu par le barman, déjà bien exaspéré par les lenteurs du vieil homme.

Il rentra chez lui, dans son appartement aussi vide qu’un tableau de Hopper. Sans grande qualification, il était néanmoins assez cultivé et avait une certaine prédilection pour la peinture. Il sortit le papier de sa poche et entreprit de le déchiffrer. Mais il était écrit en français, une langue dont il ne connaissait que des rudiments hérités de l’école secondaire. Et il n’avait plus d’accès à Internet pour des raisons d’économie. Il entreprit néanmoins de déchiffrer ce texte avec l’aide d’un vieux dictionnaire bilingue retrouvé au fond d’une armoire. Il lui fallut plusieurs heures pour arriver au bout. Il ne parvint pas à comprendre le sens du préambule qui lui semblait référer à une inconnue, une présidente peut-être.

Préambule

Après la grande pandémie, elle fut décidée que plus rien ne serait comme avant.

Propositions de lois

Pour mettre fin à l’oppression systémique ainsi qu’aux privilèges des blancs, hommes, cis, hétéros, bourgeois, etc., plusieurs propositions de lois et décrets sont soumises à l’approbation de l’assemblée autogestionnaire féminine, racisée, transgenre, homo, matriarcale, etc.

  • On interdira aux hommes d’entretenir des relations avec des femmes plus jeunes si la différence d’âge est de vingt ans ou plus. C’est une mesure transitoire, et, chaque année, cet écart se réduira d’un an pour parvenir à la parité parfaite. (À l’inverse, l’âge de la retraite sera progressivement retardé selon les décisions d’un gouvernement masculiniste précédent mais ce report ne n’appliquera qu’à la gente masculine.) Les couples légalement mariés avant l’entrée en vigueur de cette loi (dits « mixtes ») resteront licites, mais les épouses seront fortement encouragées à demander le divorce.
  • Une prime sera octroyée aux hommes qui entretiennent une relation stable avec une femme plus âgée.
  • Pour obtenir un consentement éclairé, l’âge des premières relations sexuelles autorisées avec un partenaire masculin pour les jeunes filles sera reporté à 16 ans puis à 18 ans, puis à 21 ans. La mesure ne s’applique pas aux relations lesbiennes.
  • Pour mettre fin à toute forme de revanche pornographique, la prise de photos ou de vidéos d’une partenaire nue sera interdite, même si elle est consentie, vu l’emprise maléfique que les pervers narcissiques peuvent exercer sur leurs partenaires féminines.
  • De manière générale, la pornographie mettant des femmes en scène sera interdite. La pornographie gay restera exceptionnellement autorisée pour autant qu’elle ne mette pas de travestis féminins en scène. La pornographie mettant en scène des femmes hétérosexuelles dominatrices ne sera pas considérée comme de la pornographie mais comme des instruments d’éducation sexuelle pour autant que n’apparaisse aucune érection masculine. Le port de cages de chasteté sera recommandé.
  • Les sports de combat seront interdits aux hommes cisgenres.
  • Les hommes surpris à consommer de la pornographie, même s’il s’agit de documents anciens, seront exhibés sur leurs différents comptes sociaux entièrement nus et soumis à des sodomies et des pénétrations diverses exercées par des exécutrices des hautes œuvres assermentées.
  • Après la tombée de la nuit, tous les hommes sortant en rue devront porter une cage de chasteté. Les zones au centre des villes, comportant cinémas, lieux culturels et de loisir, devront être déclarées non-mixtes et réservées aux femmes.
  • En rue, la distanciation sociale restera d’application en toutes circonstances pour les hommes, à l’égard des femmes mais également entre eux pour éviter tout phénomène de bande (et toute bandaison !).
  • Une profonde transformation des anciens carnavals est nécessaire : on promouvra l’exhibition grotesque et ridicule d’hommes cisgenres, blancs, flamands, sodomisés par des transgenres noires. La musique utilisée sera une version revue des Flamandes de Jacques Brel, réécrite à l’ancien genre masculin.
  • Seuls les hommes dénudés seront désormais autorisés dans les publicités. Ils devront apparaître dans des attitudes passives et des positions soumises. Au contraire des Noirs, le sexe des hommes blancs ne pourra jamais apparaître en érection et sera réduit par retouche numérique à 50% de sa taille naturelle.
  • Fellation, éjaculation faciale et toute autre pratique jugée humiliante, déshonorante ou désobligeante pour une femme (comme un analinctus adressé à un homme) devront être dénoncés comme violence systémique.
  • De la même façon que la révolution chinoise de 1912 a mis fin à la tradition barbare des pieds bandés, le port des chaussures à hauts talons et à talons aiguilles sera interdit. Seuls les transgenres pourront utiliser ces accessoires dans des exhibitions muséales.
  • Pour mettre fin au harcèlement visuel, les hommes devront adopter en toutes circonstances une attitude chaste et pudique en baissant modestement les yeux en présence des femmes.
  • L’amour est une idéologie masculiniste qui est destinée à masquer aux femmes l’oppression dont elles sont les victimes et qui vise à leur faire accepter leur propre domination : il faut donc créer une nouvelle espèce de femmes guerrières, insensibles et sans pitié pour tous les oppresseurs.
  • Les concours de beauté sont une des formes les plus archaïques de la domination masculine réduisant les femmes aux rôles d’objet décoratif : toutes les femmes sont désormais considérées comme également belles, et des concours des hommes les plus laids et les plus grotesques seront institués pour mettre à mal toute prétention masculine à juger de la beauté féminine. Toutes les figurations de Vénus seront retirées des musées d’art ancien.

Arrivé au bout de sa lecture, Michael chiffonna le papier et le jeta à la poubelle. Il ne comprenait pas s’il s’agissait d’un tract, d’un texte littéraire, d’une satire ou d’un projet politique. Mais au fond, il s’en moquait. Il était persuadé que son patron l’appellerait le lendemain matin pour lui dire de ne pas se présenter au bar. Il décongela un steak, le fit rôtir, l’accompagna de patates rissolées, d’un peu de crudités et de ketchup. Autant finir en beauté.

Au milieu du repas, il se leva et alla chercher le Colt 45 hérité de son père qu’il conservait depuis toujours sous les draps dans sa garde-robe, même s’il savait que c’était une bien mauvaise cachette. De temps à autre, il aimait le sortir ainsi, le soupeser, le manipuler, le démonter même. Il était toujours aussi admiratif devant la finesse de cet objet dont le mécanisme subtil et parfaitement ajusté était pourtant facile à comprendre pour l’observateur, contrairement à toutes les supposées merveilles de l’électronique, devenues absolument quotidiennes mais échappant irrémédiablement, comme autant de boîtes noires, à l’intelligence de leurs utilisateurs profanes. En tirant la culasse (ou glissière) dans ce geste mille fois vu au cinéma et à la télévision, l’utilisateur faisait basculer le chien (ou marteau) vers l’arrière, mais la gâchette empêchait son retour lorsque la culasse était relâchée vers l’avant. Celle-ci dans son mouvement entraînait par l’arrière la cartouche au sommet du chargeur et l’amenait dans la chambre. Ce seul mouvement exigeait en fait un ajustement extrêmement fin des différentes pièces pour que l’arme ne s’enraye pas. C’était une merveille de précision mécanique. En pressant la détente, l’utilisateur libérait alors la gâchette et le chien qui venait frapper le percuteur. C’est là que s’était manifesté le génie de Browning, l’inventeur de ce pistolet. Il s’agissait d’utiliser la force de recul générée par l’explosion de manière à recharger l’arme automatiquement, mais si la culasse avait été libre, la puissance de propulsion de la cartouche se serait effondrée. Deux tenons devaient alors servir à solidariser le canon avec la glissière qui l’enveloppait et qui assurait l’hermétisme de la chambre, le temps nécessaire à ce que la balle sorte du canon. Quand, sous la pression, la glissière commençait néanmoins à reculer en entraînant le canon, celui-ci fixé sur une biellette devait légèrement s’abaisser et les tenons se désolidariser de la glissière qui continuait son mouvement vers l’arrière en écrasant le ressort récupérateur (fixé sous le canon) et en faisant basculer le marteau, dont le retour était une nouvelle fois arrêté par la gâchette. Entretemps, la glissière dans son mouvement de recul avait retiré grâce à l’extracteur l’étui de la cartouche aussitôt éjecté (via une petite pièce — l’éjecteur donc — fixée sur la carcasse de l’arme) par la fenêtre (dite d’éjection) sur la droite de la glissière. Celle-ci revenait alors vers l’avant et entraînait dans sa course une nouvelle cartouche vers le canon. Il y avait plus d’une cinquantaine de pièces, toutes parfaitement ajustées, dans ce pistolet dont l’ensemble fonctionnait de manière souple et harmonieuse malgré le bruit de la détonation. C’était incontestablement une merveille d’inventivité mécanique. Un pur produit du génie humain.

Michael pensa qu’il pourrait faire un massacre au bar, mais ce n’était pas très satisfaisant de tuer un patron qui ne l’avait engagé que depuis un mois à peine. Et puis avec un seul chargeur, il serait loin d’atteindre les records des tueries de masse dans le pays et de mériter ainsi de faire les titres des journaux télévisés. Il pouvait éventuellement acheter une boîte de cartouches mais doutait avoir la dextérité nécessaire pour faire un grand nombre de victimes avant d’être lui-même abattu. Il était même persuadé du contraire. Il était trop vieux, il avait trop attendu. Il faut être jeune pour être un tueur de masse. Il pouvait éventuellement se rabattre sur un politicien quelconque, mais ceux-ci ne se laissaient plus si facilement approcher. Et puis c’était tout de même affreusement banal et peu enthousiasmant. Il y avait pourtant tellement de grandes gueules qu’il aurait voulu faire taire, des politiciens bien sûr, mais aussi des journalistes qui péroraient à la télévision, des intellectuels prétentieux, des spécialistes en tout genre, des sociologues, des psychologues, des sexologues, des climatologues, des criminologues, des politologues, des urologues, des néphrologues, des neurologues, tous porteurs de mauvaises nouvelles… Non, tous ceux-là ne se tairaient jamais, ils continueraient à faire un bruit assourdissant, ils continueraient à lui remplir la tête, à l’assommer de mots et d’accusations, de reproches et de certitudes, de morale et de politique, de convictions et de vérités… Ils ne se tairaient jamais… L’humanité entière se gonflait de paroles vides mais terrifiantes, de prédictions apocalyptiques, de cris d’orfraie, de discours d’effroi, de convictions amères, et tous le harcelaient, l’apostrophaient, l’injuriaient… Si, si, ils l’injuriaient, ils lui crachaient au visage, ils lui postillonnaient dessus en hurlant des gros mots… Et quand ils se calmaient, il les entendait encore marmonner à ses oreilles, murmurer dans son dos, le menacer sourdement… Il sentait la lourdeur du pistolet dans sa main, plus d’un kilo tout de même alors qu’un Glock en matériaux composites pèse 700 grammes à peine, il le pointa vers la télévision éteinte… Il aurait fallu les tuer tous… et puis il aurait fallu flinguer ce foutu virus… sans oublier son propre cerveau qui se déglinguait lentement mais inexorablement. Oui, il aurait fallu faire sauter sa propre cervelle et mettre fin à tout ça !

L’exaltation était retombée. Plus d’Internet. Il lui restait de vieux DVD pornographiques. Il y avait cette actrice très belle, adepte aussi bien de la fellation que de la sodomie ou des doubles pénétrations. Malheureusement, les mâles qui s’accouplaient avec elle paraissaient terriblement vieux et vulgaires, comme des vieux boucs choisis seulement pour la durabilité de leurs érections. L’un d’eux au visage chafouin apparaissait néanmoins dans un grand nombre de films de cette actrice, ce qui pouvait laisser supposer qu’il avait été son amant ou du moins qu’elle avait eu une prédilection pour ce misérable type. Michael fit défiler le DVD. Il ne regardait que de brèves scènes passant rapidement à la suivante. Les images n’étaient pas très nettes. Elle avait une bite en bouche. Elle regardait la caméra. Elle souriait.

vendredi 24 avril 2020

Sodomie primale

Je terminais des études de secrétariat de direction, et j’étais à la recherche d’un stage de trois mois à effectuer dans une entreprise de mon choix. C’est ainsi que je rencontrai Camille. Elle était à la tête d’une start-up qu’elle avait fondée avec un camarade une quinzaine d’années auparavant. Le personnel était essentiellement constitué d’ingénieurs et d’agents commerciaux, toutes les autres tâches étant externalisées, notamment les questions juridiques que traitaient des cabinets d’avocats plus ou moins spécialisés. C’était la première fois qu’elle faisait appel à un secrétaire de direction. Le nombre de rendez-vous, de réunions, d’interpellations de toutes sortes ne cessait d’augmenter, et elle voulait voir si un soutien en ce domaine était souhaitable.

Elle m’impressionna dès notre première rencontre. C’était une femme de trente-cinq ans à peine, qui ressemblait à ces executive women qu’aiment mettre en scène le cinéma et les télévisions américaines. Elle échappait néanmoins à la caricature des hauts talons effilés et des tailleurs Chanel. Elle pouvait paraître distante, hautaine même, mais cela résultait sans doute de sa supériorité naturelle, de son intelligence, de sa beauté aussi. Et puis c’était une dirigeante née. Elle imposait facilement ses décisions à des collaborateurs ou collaboratrices hésitantes, craignant d’assumer des responsabilités ou de faire des choix risqués.

Je dus immédiatement signer une clause de confidentialité, et l’on me donna un ordinateur portable sécurisé que je ne pouvais pas emporter en dehors des bureaux. J’étais chargé de prendre des notes lors des réunions, d’en faire la synthèse, de rédiger certains rapports, d’organiser le planning de Camille (dans cette entreprise moderne et décontractée, tout le monde s’appelait par son prénom). Certaines réunions (ou parties de réunion) jugées trop confidentielles me furent néanmoins interdites dans un premier temps. Mais en dehors de ces quelques moments, je restais constamment à ses côtés, en particulier dans son bureau même lorsqu’elle était au téléphone. Une confiance mutuelle sembla s’installer rapidement entre nous. Il lui arriva bientôt après une réunion de faire une remarque acide sur l’une ou l’autre intervenant qu’elle jugeait stupide ou timoré. Elle me faisait également noter des rendez-vous personnels — avec sa mère, avec sa sœur avec son frère… — dans son agenda électronique. Elle oubliait apparemment que je n’étais qu’un stagiaire.

Une de nos ingénieures sollicita une entrevue. Elle voulait une augmentation de salaire, mais elle se demandait si ma présence était opportune. Camille répondit que j’étais muet comme une tombe et qu’elle avait toute confiance en moi. À ce moment, elle étendit la main sous la table et la posa sur ma cuisse. Je sentis ses doigts se serrer brièvement dans un signe de connivence. L’ingénieure se plaignait d’être à peine mieux payée qu’un collègue masculin qui semblait incapable et objectivement paresseux. Camille refusa l’augmentation mais affirma qu’elle allait licencier ce type après un bilan de ses compétences ou plus exactement de ses incompétences.

L’ingénieure sortit. J’étais toujours assis alors que Camille, qui venait de se lever, s’appuyait contre la table, debout à mes côtés. Mon avant-bras touchait pratiquement sa cuisse. Je regardais fixement devant moi et j’entendis sa voix : « Ça va, Hugues ? Tu es bien silencieux ? » Je bafouillai : « Euh, non… » même si je n’avais effectivement rien dit. Encore eût-il fallu tenir compte du fait que mon rôle était en principe celui d’un témoin muet. « Regarde-moi » m’ordonna-t-elle en accompagnant ses paroles d’un geste d’une extraordinaire douceur consistant à me saisir du bout des doigts le menton pour m’obliger à lever la tête et les yeux vers son visage. Elle me souriait alors que, pris de tremblements, je me sentais prêt à m’évanouir. « Hé bien, on pourrait un peu se détendre, non ? » Je parvins à articuler un bref acquiescement ou du moins un borborygme qui en avait vaguement le sens. Les choses s’accélérèrent. Elle me demanda si je faisais quelque chose ce soir-là (on était en fin de journée), elle m’invita à boire un verre, on sortit, elle parla beaucoup, accoudée au bar, je répondis avec une infinie maladresse, elle sourit en me disant que j’étais très timide mais très mignon. Je profitai d’un aller-retour aux toilettes pour envoyer un texto à mes parents et expliquer que j’étais retenu pour toute la soirée. Ils ne devaient pas m’attendre pour souper, ni surtout s’inquiéter. Elle m’entraîna dans un restaurant italien, luxueux et raffiné mais aux lumières tamisées. Elle choisit son menu et je l’imitai. Je lui laissai évidemment la responsabilité du choix du vin. Il me semblait que je rougissais à chacune de ses questions ou de ses remarques, à chacune de mes réponses. À la fin du repas, elle me demanda si je voulais un dessert, mais elle-même n’en avait pas envie. Je renonçai. Elle demanda l’addition. C’est elle qui payait, c’est elle qui m’invitait. En sortant, elle ne me laissa pas vraiment le choix. Je préfère qu’on aille chez moi, me dit-elle. Je n’étais plus puceau mais je n’avais eu l’occasion jusque-là que de fréquenter quelques étudiantes de mon âge avec qui j’avais pu avoir des relations sexuelles plus ou moins abouties (une ou deux fellations, trois ou quatre cunnilingus, quelques pénétrations, une relation un peu plus soutenue pendant quelques mois avant une rupture inexpliquée…). Jamais une femme n’avait été aussi directe ni rapide avec moi.

J’étais légèrement grisé par l’alcool, et ma fébrilité laissait peu à peu la place à l’excitation. Je me souviens seulement de son auto noire, confortable et silencieuse. Je ne sais pas pourquoi mais je m’attendais à un appartement luxueux en haut d’une tour de verre, comme dans une mauvaise série télévisuelle sans doute, mais elle habitait dans une maison ancienne en pierres de taille qui datait certainement du siècle passé (mais j’avais alors trop peu de connaissances architecturales pour donner un nom à ce style d’immeubles). On traversa le hall pour se rendre dans un salon où elle me fit asseoir dans un canapé en cuir bleu. Dans un tel moment, certains détails s’impriment un peu absurdement dans la mémoire comme une tache à peine visible sur l’accoudoir. Elle m’offrit un dernier verre. S’assit à côté de moi. Se rapprocha de moi. Nos bouches se joignirent. On s’embrassa. Je commençai à la caresser à travers ses vêtements. Sa langue s’enfonça profondément dans ma bouche. Je voulus lui rendre son baiser. Elle se colla plus fortement contre moi, me surplombant légèrement et me saisissant par les cheveux à l’arrière de la tête. Je sentis sa main qui défaisait ma ceinture, ouvrait mon pantalon. Je lui caressais les seins, glissant ma main sous son pull léger. Je découvris le soutien-gorge. Je bandais. Elle me dit : « Montre-moi ta bite ! » C’était la première fois qu’on me disait ce genre de choses. Je m’exécutai. Elle m’empoigna sans me branler comme pour vérifier seulement mon état d’érection.

« Viens, on va dans la chambre », me dit-elle. Je la suivis à l’étage. « Déshabille-toi, garde seulement tes sous-vêtements. » J’obéis et me couchai sur le lit. Elle-même se déshabilla rapidement conservant seulement son soutien-gorge et son slip, d’un rouge sombre tous les deux, élégants et raffinés selon mes critères sommaires de l’époque en matière de lingerie fine. Elle se colla à moi et commença cette fois à me caresser la bite à travers mon slip qu’elle écarta bientôt pour la saisir directement. J’entendis alors distinctement ses mots prononcés contre mon oreille droite : « J’ai envie de t’enculer… ». J’hésitai : « Comment ça ? — Oui, j’ai un gode là… et j’ai envie de t’enculer avec. — Ce n’est pas … euh, c’est inhabituel — Oui, mais moi, c’est ce que j’aime. La première fois que je baise avec un mec, je veux d’abord l’enculer. Il faut qu’il se donne complètement… Je vais te baiser, et tu me donneras ton cul et ta bite. — Je, je ne sais pas… — Tu vas te laisser faire, tu vas t’abandonner, tu dois me faire confiance, tu n’as rien à faire, juste te laisser faire, hein ! Et je te baiserai jusqu’à ce que tu jouisses. Je vais te faire jouir, n’aie pas peur. — Tu crois ? tu penses que… ? — N’aie pas peur, je ferai très doucement. Tu verras, ce sera très bon. C’est la première fois, hein ! pour toi… tu es vierge, ton cul est vierge… — Oui, mais je ne sais pas… C’est la première fois… Je… — Laisse-toi aller, détends-toi, je ne te ferai que du bien. Maintenant tu as un peu peur, mais tu en as envie… Je le vois, tu bandes, tu deviens de plus en plus dur alors que je te caresse à peine. Tu veux bien ? — Oui, je… » J’étais désarçonné, troublé, incapable de réfléchir de manière sensée, craignant une réponse malvenue, maladroite…

Je venais de consentir mais je restais muet, la regardant se lever, ouvrir la table de nuit, en sortir un gode avec un harnais qu’elle attacha bientôt au bas de son ventre après avoir retiré sa culotte. Je ne vis qu’un instant sa toison pubienne noire. Elle me demanda d’enlever mes sous-vêtements et de lui tourner le dos pour lui montrer mes fesses. Elle me félicita pour la joliesse de mon derrière. Je m’abandonnais au cours des événements, ne sachant quelle attitude adopter. Elle m’indiqua comment me coucher, se colla derrière moi en cuillère, me dit et me répéta de me détendre… « Ouvre ton cul mon chéri, écarte bien les fesses, mon prince, donne-moi ton glaive, mon chevalier… ». Et elle commença à me branler lentement, puis de plus en plus vite, jusqu’à ce que des tremblements révèlent que j’étais déjà au bord de l’éjaculation. Elle s’arrêta. « Retiens-toi, retiens-toi. » Et je sentis ses doigts qui écartaient mes fesses avant que la poussée du gode ne survienne contre mon cul. Elle avait manifestement bien lubrifié l’engin, et ma fente fut bientôt complètement humide. Je tremblais, je voulais qu’elle le fasse, j’avais envie qu’elle entre en moi, profondément, rapidement, mais je craignais aussi la douleur vive et insoutenable. Elle me parlait doucement, elle me disait que c’était bon, qu’elle avait terriblement envie de moi, que je l’excitais trop, que mon petit cul la faisait bander, que je devais le lui donner sans retenue.

Elle s’enfonça en moi, à peine. Je murmurai : « non, c’est trop gros, je ne peux pas ! — Mais si, tu vas voir, tu vas la prendre toute. » Et mon cul s’ouvrit sous la poussée, mais l’entrée seule était à peine dilatée. J’avais pourtant l’impression que l’engin était déjà profondément en moi, mais elle m’incita à écarter moi-même les fesses pour faciliter l’intromission, et je constatai que la plus grande partie de la hampe n’était pas encore enfoncée. Elle me branlait la bite tout en m’enlaçant fortement, et elle accentuait sa poussée. « Ouvre-toi ma biche, je veux que tu sois à moi totalement, il faut que tu me donnes ton cul, je dois te prendre à fond, complètement, que tu ne résistes plus… — Non, ce n’est pas possible, c’est trop étroit… je vais m’évanouir ! » Je la sentis reculer doucement puis revenir avec de faibles mouvements, mais je devinais qu’elle s’enfonçait à chaque fois un peu plus profondément. Mon cul me brûlait, j’avais l’impression qu’il se déchirait, et je n’avais envie que d’une seule chose, c’est qu’elle soit complètement en moi, car je savais maintenant qu’elle ne m’abandonnerait pas avant d’être arrivée à son terme. En outre elle me branlait de façon tellement efficace en retardant à plusieurs reprises au dernier moment l’éjaculation que je n’aspirais plus qu’à jouir et à me répandre sans retenue. Un dernier obstacle (du moins, je supposais que c’était le dernier !) s’opposait encore à la pénétration du gode et à la défonce totale. Je crus qu’il serait insurmontable, mais je sentis soudain l’engin s’enfoncer, glisser même facilement dans mon cul, jusqu’à ce que les testicules de latex viennent s’écraser contre mes fesses.

À présent, elle allait et venait en moi, régulièrement, souplement. Je voulus me branler pour jouir aussi rapidement que possible, mais elle retint mon geste. « Attends, ce n’est pas fini. Laisse-moi te baiser comme j’en ai envie, à ma manière. Laisse-toi faire. N’aie pas honte. Tu vas voir, je vais te baiser sans retenue et je vais te faire jouir. Mets-toi à quatre pattes. » Et elle m’a pris en levrette comme si j’étais une femelle animale. Et je ne pouvais m’empêcher de bander alors même qu’elle m’interdisait de me branler. Et elle m’enculait de plus en plus rapidement. Et mon cul était de plus en plus ouvert.

Puis elle me fit coucher sur le dos, se pencha au-dessus de moi, souleva ma jambe droite qu’elle posa sur son épaule gauche et écarta largement mon autre jambe pour pouvoir me baiser facilement en face-à-face. Elle m’encula avec une passion visible, débordante, m’embrassant bientôt à pleine bouche, m’empoignant, me caressant, me soulevant même par instants pour mieux se coller à moi. Sa chaleur, sa sueur se répandaient sur mon ventre et à travers tout mon corps. C’était terriblement agréable de me faire baiser, de n’être qu’un jouet entre ses mains, de m’abandonner entièrement à son désir, à son plaisir. En même temps, elle me branlait, et je voyais dans sa main ma bite qui ne m’appartenait plus. C’était sa chose dont elle semblait jouir autant que moi. Je dus lui avouer en gémissant que j’aimais ça, que j’aimais la manière dont elle usait et abusait de moi. J’éjaculai. Elle me fit relécher ses doigts couverts de sperme.

Elle se retira lentement de mon cul, très lentement, et je sentis la brulure entre mes fesses. Elle essuya le gode, puis vint s’agenouiller au-dessus de moi, sa chatte au-dessus de mon visage. Elle me demanda brièvement : « Lèche-moi maintenant. Finis-moi. Dans mon trou d’abord » J’enfonçai ma langue entre ses lèvres. Elle était mouillée profondément. La sensation m’excita à nouveau. Je commençai à aller et venir, mais c’est elle bientôt qui imprima le mouvement, se caressant sur ma langue offerte, glissant d’avant en arrière, vers son clito que je découvris gonflé entre ses poils. Elle avait gardé le gode-ceinture contre la base duquel mon nez se frottait par instants. Elle le tenait même en main et le branlait dans le même mouvement qu’elle imprimait à son bas-ventre sur ma bouche et mon visage. J’essayais de remplir au mieux mon office mais elle dut me saisir par les cheveux pour que je m’accorde à son rythme de plus en plus violent. Ses cuisses se serraient par instants, et son sexe recouvrait pratiquement tout mon visage au point que j’eus l’impression parfois de suffoquer. Mais elle ne semblait pas s’en soucier, dominée par la montée de son propre plaisir. Elle jouit en éjaculant sur mes lèvres et dans ma bouche (à moins que ce ne fût de la pisse). C’était la première fois que je découvrais un tel phénomène.

taille originale : 29,7 x 21 cm

Nous restâmes silencieux. Je pensais que ce n’était qu’une histoire sans lendemain. J’étais décontenancé. Elle se défit du gode et du soutien-gorge qu’elle avait gardé jusque-là. Elle avait des seins volumineux aux larges aréoles qui me donnèrent envie de les soulever, de les caresser, de les soupeser. Je bandais à nouveau. Elle me demanda de me branler devant elle. Je m’exécutai.

C’est elle qui décida de me revoir. Pour moi, il s’agissait d’une rencontre qui n’allait sans doute pas se répéter. Mais elle me proposa bientôt un nouveau rendez-vous et cela devint très régulier. Je passais des nuits entières chez elle, et elle me proposa bientôt de m’installer à demeure. Elle me dit que j’étais son petit amoureux, ce que je ne démentis pas. Une vie commune commença avec de multiples arrangements nécessaires au quotidien. Je la présentai à mes parents qui furent accueillants même s’ils me firent remarquer de façon délicate la différence d’âge entre nous. À la fin de mon stage, elle refusa cependant que j’intègre la société qu’elle dirigeait à cause de notre relation, mais elle réussit à me trouver un emploi à mi-temps dans une autre boîte dont elle connaissait le responsable des ressources humaines. Cela me laissait du temps pour bricoler ou faire le ménage dans sa maison où je n’étais encore à mon estime qu’une espèce d’hôte.

Camille m’enculait systématiquement. C’était elle qui décidait. Elle me disait « J’ai envie de toi », et je me déshabillais devant elle. Elle m’avait demandé dès nos premières rencontres de me raser le plus entièrement possible. Ensuite, elle me faisait prendre plusieurs positions, d’abord sur le dos en ramenant les jambes sur mes épaules pour bien exhiber mon cul, puis à quatre pattes en cambrant le dos pour soulever mon fessier, ou enfin couché sur le ventre, les cuisses écartées, prêt à me faire sodomiser. J’écartais les cuisses, j’ouvrais mes fesses avec les mains, mais je ne me touchais pas la bite qui lui était réservée. Pendant ce temps, elle se déshabillait lentement, prenait le gode-ceinture qu’elle s’attachait soigneusement autour de la taille et qu’elle me demandait souvent de venir d’abord sucer à genoux devant elle. Elle avait plusieurs godes de différentes dimensions, mais je ne souffrais pas l’intromission des plus gros d’entre eux, et elle se contentait d’un engin de taille moyenne. Mais elle aimait me faire également sucer un gros gode qu’elle tenait alors en main et que je m’efforçais d’avaler aussi profondément que possible. Puis elle m’enculait à chaque fois, au moment où elle le décidait, à son rythme. J’étais à sa disposition, et j’attendais avec impatience le moment où elle s’approcherait de moi, se collerait à moi, me saisirait par les cheveux, les épaules ou les hanches, s’enfoncerait enfin en moi. J’attendais ce moment avec une excitation visible, et je devais me retenir de la supplier « encule-moi, encule-moi tout de suite, je n’en peux plus ! » Et elle me défonçait.

C’était une passion pure. Aujourd’hui, je le sais car il est exceptionnel que deux personnes s’aiment de cette manière-là, que leur désir, leur envie, leur amour coïncident ainsi, sans faux-semblants, sans demi-mensonges, sans réticence à moitié tue. En m’enculant, elle m’aimait et je l’aimais. En ouvrant mon cul à son gode, c’est elle qui me pénétrait, c’est son âme qui glissait en moi jusqu’à la mienne comme deux limaces gluantes, collées l’une à l’autre… Oui, nous étions deux limaces mais deux limaces amoureuses. L’image peut faire sourire, mais la passion dissout les âmes et fond les corps ensemble. Il n’y avait pas de domination dans notre relation, car j’estimais ou plus exactement je sentais que, dans l’amour, on devait se donner entièrement à l’autre, qu’il m’était impossible de refuser cet engagement total vis-à-vis de Camille et que je pouvais même être fier de cet abandon inconditionnel. Elle désirait mon cul et je le lui donnais. Et ce désir me faisait fondre de jouissance.

Le plaisir, aussi partagé soit-il, aime néanmoins les variations, qu’il s’agisse de gestes, de positions, de pratiques, de lieux ou encore de moments. Parfois, elle me surprenait en pleine lecture ou au milieu d’une série télévisée et me demandait de me déculotter car elle était prise d’une envie soudaine. Je refusais rarement. Il lui arrivait également de me photographier dans une posture impudique ou même de me filmer en train d’être pénétré par son gode. Elle me demanda si elle pouvait publier ces vidéos sur un site de porno amateur, ce que j’acceptai même si mon visage était reconnaissable. Les suiveurs restèrent en nombre limité, mais fidèles.

Après lui avoir donné mon cul, je la léchais ou parfois elle me faisait sucer le gode tandis qu’elle se branlait. Elle éjaculait très souvent en jouissant, et sa mouille répandue sur mon visage et dans ma bouche me faisait bander à nouveau. L’une ou l’autre fois, alors qu’elle enfonçait ses doigts ou un gode dans mon cul, je lui avais demandé de me sucer, et elle l’avait fait sans réticence mais, au moment de l’orgasme, elle relâcha ma bite de sa bouche et me fit jouir sur mon ventre. Elle promena ses doigts dans le foutre et me les fit relécher. Je lui demandai également si elle ne désirait pas être pénétrée, mais elle me répondit que non, qu’elle ne voulait pas que ma bite s’enfonce ni dans sa chatte ni dans son cul. Elle n’aimait pas du tout être sodomisée, précisa-t-elle, et son cul se refusait à toute intrusion même d’un doigt.

Ma bite lui appartenait, je l’ai dit. Elle la manipulait, la branlait, la caressait à sa guise, et elle était experte pour retarder l’éjaculation et la faire survenir au moment désiré. Elle me faisait parfois prendre des positions compliquées, renversé la tête en bas dans le canapé pour qu’en me masturbant, elle puisse me couvrir le visage de mon propre foutre. Ou bien elle me faisait tenir debout mais en lui tournant le dos : assise derrière moi, elle me branlait tout en enfonçant ses doigts dans mon cul jusqu’à ce que j’éjacule de longs jets devant moi sur le plancher verni. Une fois même, dans cette situation, elle me suggéra de lécher à quatre pattes le foutre répandu, et elle en profita pour enfoncer aussitôt dans mon cul exhibé le gode-ceinture qu’elle avait toujours attaché au bas-ventre. C’est bien mon cul qui l’intéressait prioritairement, suscitant un désir de pénétration toujours renouvelé. Quand elle m’enculait, elle ne se préoccupait pas d’abord de ma bite qu’elle laissait se balancer en tous sens sous les vigoureux mouvements du gode qu’elle m’imposait. Ce n’est qu’après une longue pénétration qu’elle la saisissait pour me faire jouir plus ou moins rapidement. Une des postures qu’elle aimait me voir prendre était d’ailleurs de me coucher à plat ventre au milieu du lit les jambes écartées, les bras levés au-dessus de la tête. Elle pouvait alors m’enculer à sa guise, ma bite étant hors jeu, coincée sous mon ventre. C’est dans cette posture qu’elle me pénétra un jour très longuement, m’embrassant passionnément dans le cou, me saisissant aussi bien par les cheveux que par les épaules ou les poignets, s’enfonçant me semblait-il toujours plus profondément en moi, me murmurant à l’oreille des mots d’amour, me donnant deux de ses doigts à sucer… J’ai envie de toi, ma chérie, disait-elle — Baise-moi, baise-moi, baise-moi, était ma seule réponse, et soudain je jouis sans presque m’en rendre compte. Je sentis mon foutre qui coulait et se répandait, mouillant les draps sous mon ventre. Était-ce les mouvements imprimés malgré tout à ma bite ? Je ne pus le dire, mais cela m’arriva cette seule fois-là.

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Camille savait que sa sexualité était singulière (et la mienne aussi désormais !). Peu de ses amis étaient au courant de ses goûts en la matière, et, si elle évoquait parfois en riant l’intérêt d’un gode-ceinture pour une relation épanouie, personne en dehors de ses amants n’imaginait sa prédilection pratiquement exclusive en la matière. Et personne non plus ne connaissait l’origine de ce qu’elle appelait elle-même en riant son vice. À ma demande, elle me raconta qu’à l’aube de l’adolescence, une amie lui avait montré une vidéo porno gay. Cette amie affirma qu’elle l’avait trouvée dans les affaires de son père (qui devait être selon ses dires un pédé refoulé). Camille connaissait à peine ces mots, et surtout elle imaginait difficilement ce qu’ils pouvaient recouvrir. Les images floues sur l’écran de télévision cathodique l’ont alors surprise, presque stupéfaite, lui révélant bientôt une excitation inconnue entre ses cuisses. Alors que son amie voulait abréger rapidement la projection, elle insista au contraire pour continuer la vision, fascinée en particulier par les gros plans d’une bite commençant à s’enfoncer dans l’anus d’un partenaire à peine entraperçu. L’anus étoilé et étroitement serré s’ouvrait pourtant largement sous la poussée du gland durci alors que s’entendaient d’étranges soupirs de douleur ou de plaisir. En outre, Camille était fascinée par le mouvement de pendule de la bite au bas de l’image, celle du type qui se faisait enculer à grands coups de reins. Camille voulait en voir plus. Elle voulait voir tout le film. Elle voulait en faire partie. Elle voulait avoir une bite et pouvoir pénétrer un homme de cette manière-là. Elle le dit à sa copine qui lui répondit qu’il lui suffisait d’acheter un gode. Elle ne savait pas ce que c’était. Sa copine n’en avait pas mais en donna une description satisfaisante. Elle était très certainement lesbienne car elle commença à se frotter contre Camille et à la caresser. Celle-ci était tellement excitée qu’elle se laissa faire, tout en continuant à regarder la vidéo à la télé. Elle abaissa rapidement son pantalon car elle voulait sentir son sexe qu’elle devinait transformé. Elle découvrit qu’il était mouillé, ouvert, en manque. Sa copine l’avait ensuite léchée, et elle avait joui pratiquement en même que le type sortant sa bite du cul de son partenaire pour éjaculer.

Camille ne se sentait pas vraiment attirée par les filles, elle préférait les garçons, les hommes même, mais elle rêvait désormais d’en pénétrer un, d’enfoncer un gode ou seulement ses doigts dans son cul tout en se caressant le clito de l’autre main. Sa première relation, tardive à dix-neuf ans, se fit cependant de manière traditionnelle avec pénétration et défloration avec un homme plus âgé, déjà trentenaire, mais son partenaire jouit assez rapidement dans le préservatif sans qu’elle-même ne connaisse de plaisir. Il comprit qu’elle n’avait pas « réellement joui ». Il était désolé mais il ne bandait plus pour l’instant. Ce n’était pas grave, elle connaissait, lui dit-elle, un autre moyen d’arriver à l’orgasme, et elle lui demanda de se laisser faire. Il était couché sur le dos au milieu du lit, les cuisses légèrement entrouvertes. Elle glissa ses doigts vers son cul. Il accepta. Un doigt puis deux. Il banda à nouveau. Elle le branla et le fit jouir avec trois doigts dans le cul. Elle n’avait pas encore joui mais elle était complètement trempée. Elle s’agenouilla au-dessus de sa poitrine, et se branla devant lui. Elle éjacula pour la première fois lui sembla-t-il.

Plus tard, elle s’était rendue dans un sex-shop (un type de boutiques malheureusement à présent disparu) et s’était acheté un gode-ceinture. Ensuite, au fil des années, elle rencontra plusieurs hommes, elle les séduisit facilement, elle accepta dès le premier soir de faire l’amour avec eux, mais à sa manière. Comme elle le ferait plus tard avec moi, elle leur proposait immédiatement de les sodomiser. Rares furent ceux qui refusèrent l’expérience. Pour certains, ce ne fut qu’une brève rencontre, mais Camille eut une relation de plusieurs années avec deux d’entre eux. Elle avoua que leur physique athlétique, leur visage d’ange et leur fessier musclé avaient joué un rôle important sinon décisif dans l’attrait qu’elle avait ressenti à leur égard. Le premier avait à peu près son âge, mais la passion initiale qu’elle avait ressentie à son égard s’émoussa à cause d’une ambition professionnelle démesurée : au fond, le sexe n’intéressait pas son amant, et il préférait sans doute les défis professionnels aux performances anales. C’est d’ailleurs avec lui que Camille avait fondé son entreprise de services informatiques avant qu’il ne lui revende ses parts au prix fort pour partir, selon ses dires « faire fortune à l’étranger ». Le second était plus jeune qu’elle, et c’est à cette époque qu’elle découvrit effectivement son attrait pour les jeunes hommes. La différence d’âge n’était pas très importante — six ou sept ans — mais elle entreprit à partir de ce moment de séduire beaucoup d’autres jeunes mâles qui terminaient à peine leurs études ou débutaient leur carrière professionnelle. Même si elle entretenait une relation suivie avec « Noah », elle ne se sentait liée à lui en aucune manière, si ce n’est l’affection sincère qu’elle lui portait, et elle s’estimait libre de baiser avec d’autres hommes à sa guise : en me racontant tout cela, elle me signifia d’ailleurs qu’il en serait de même avec moi. Mais « Noah » à son tour se lassa, ou bien c’est elle qui se lassa sans vraiment se l’expliquer. Peut-être fut-elle d’ailleurs prise à ce moment d’une frénésie sodomite, cherchant à séduire tous les hommes à la chair fraîche qui passaient à sa portée et qu’elle aurait voulu enculer immédiatement sans aucun préliminaire. Elle ne me précisa pas vraiment le nombre de personnes concernées qui eurent ainsi l’ineffable plaisir de se faire enculer par un de ses godes. J’espérai muettement qu’il ne dépassât pas la dizaine.

Cette période semblait révolue, mais, lorsque nous sortions, elle ne manquait pas de me faire remarquer les figures séduisantes de certaines personnes de rencontre et surtout leur fessier ferme et rebondi dans un pantalon serrant. « Je l’enculerais bien, ce petit cul » était une de ses expressions favorites, même si cette formule devenue banale dans sa bouche n’entraînait aucun passage à l’acte. Un jour cependant, elle le téléphona pour m’avertir que je ne devais pas l’attendre ce jour-là car elle serait absente toute la soirée et la nuit aussi très certainement. Elle passerait à la maison prendre quelques affaires avant de s’en aller. Je ne devais pas m’inquiéter, précisa-t-elle, « hein, c’est rien, c’est juste que j’ai rencontré quelqu’un, mais ça ne change rien entre nous, je veux dire ». C’est le genre de phrases qui bien, sûr, vous fait craindre l’effondrement du monde, et je passai une soirée affreuse, nourrie d’angoisse impuissante. Elle m’envoya un court message « Je t’aime, je pense à toi », qui me rassura à peine.

Les choses évoluèrent rapidement mais dans un sens inattendu pour moi. Elle m’annonça avoir rencontré Bilal, un trentenaire avec qui elle était en relation d’affaires. Oui, elle avait couché avec lui, et c’est pour cela qu’elle voulait me le présenter. Elle proposait que, la semaine suivante, on passe une soirée à trois, d’abord au restaurant pour faire connaissance, puis à la maison. Bilal était effectivement très beau, porteur d’une barbe et d’une moustache finement rasées. Il apparut souriant et me sembla très à l’aise comme un prédicateur assuré par sa foi, alors que je me sentais quant à moi décontenancé et maladroit. Camille me parut également légèrement hésitante, me lançant des regards que je perçus comme interrogatifs. Le repas au restaurant ne s’éternisa pas, et, alors qu’on se dirigeait à pied vers l’auto de Camille, elle se colla un bref instant contre moi et me demanda avec un léger sourire : « Ça va ? ». Je répondis que oui. À la maison, on prit un dernier verre dans le salon assis à trois dans le large canapé, puis elle nous dit de façon anodine : « Ce serait bien que vous vous déshabilliez tous les deux. Ne gardez que vos slips ». Bilal et moi, nous nous exécutâmes. Il avait un corps musclé, une peau mate mais pratiquement sans pilosité. Je me dis qu’il aurait pu tourner dans des vidéos pornos gay, tellement il était beau. Camille nous regardait. Puis elle lâcha : « Allez, embrassez-vous ! Tous les hommes sont un peu gay, non ? » On hésita un bref instant, et nos lèvres se rapprochèrent sans que nos bouches toutefois ne se collent vraiment l’une à l’autre. Camille se leva à son tour et nous rejoignit. Elle embrassa Bilal à pleine bouche puis fit de même avec moi. Elle me caressa les fesses, glissant la main sous l’élastique du slip, enfonçant un doigt dans la raie du cul sans pénétration profonde. Ensuite elle se tourna vers Bilal, explorant certainement déjà son orifice anal, tout en lui saisissant la bite à travers le tissu pour la faire gonfler et raidir. Elle n’arrêtait pas de nous caresser et de nous embrasser à tour de rôle. Nous bandions tous les deux sous nos slips tendus. Elle me donna alors de courtes indications sur les gestes que je devais faire. « Mets-toi à genoux. Abaisse le slip de Bilal. Tu vois sa queue, tu vois comme elle est noire… Prends-la en bouche. Suce-le. Suce-le bien. » Pendant que je m’exécutais, elle s’éloigna un instant, alla prendre un gode-ceinture dans une armoire du salon (il y avait de tels engins à disposition pratiquement dans toutes les pièces) ; puis elle se déshabilla entièrement et attacha fermement les lanières du gode autour de ses cuisses et de sa taille. C’est la première fois que je suçais un homme, c’était même la première fois que je voyais réellement une bite en pleine érection. Je l’avalai. Bientôt Camille nous rejoignit, et je sus qu’elle me regardait. L’excitation grandit. Camille nous encourageait, car le spectacle que nous lui donnions la faisait mouiller, nous disait-elle. Elle demanda à Bilal de se mettre à son tour à genoux et de me rendre la pareille. Elle-même approcha le gode de son visage, et il put ainsi sucer à tour de rôle nos deux engins.

Mais il était temps de passer aux choses sérieuses. Bilal et moi, nous nous mîmes à quatre pattes dans le canapé, côte-à-côte de façon à offrir nos deux postérieurs à la vue de Camille. Elle nous encouragea à continuer à nous embrasser. Elle se positionna derrière nous, enfila un préservatif sur le gode puis entreprit d’enculer Bilal. Il écarta les fesses avec les mains pour faciliter la pénétration, mais son anus n’était certainement pas encore aussi souple que ne l’était le mien grâce à des mois de pratique intensive. Camille agissait doucement, lentement, incitant son nouvel amant à se relâcher et à bien ouvrir son cul. Elle ne relâchait cependant pas la pression, se collant à lui, ses seins s’étalant, s’écrasant même sur le dos de son amant qu’elle branlait en même temps de la main droite. Je devinai le moment où elle glissa entièrement en lui au sourd gémissement de plaisir qu’il fit entendre. Ses efforts pour s’ouvrir son cul sous la poussée du gode méritaient d’être récompensés et elle lui défonça la rondelle pendant un long moment, variant le rythme et les manières de l’enculer. Je ne pouvais m’empêcher de trouver cette sodomie magnifique, même si, dans ma position, je n’en percevais que des fragments. Bilal ahanait, soupirait, gémissait, murmurait des paroles de plaisir, tout en demandant à son enculeuse de poursuivre ses basses œuvres. Finalement, Camille me suggéra de me glisser en dessous du ventre de Bilal qu’elle branla alors rapidement et dont le foutre jaillit en se répandant sur mon visage et dans ma bouche ouverte. Nous restâmes un long moment dans cette position même si je suçai brièvement la bite encore raide qui venait de m’arroser.

Camille se retira lentement et changea le préservatif sur le gode. Puis ce fut à mon tour de me faire enculer. La scène fit reprendre des couleurs à Bilal qui me présenta sa bite à sucer. Bien que ce genre de position soit en réalité difficile à tenir, tant les zones de plaisir sont multiples et que la concentration sur l’une d’elles distrait des autres, la nouveauté de la situation m’excita terriblement et suffit à déclencher rapidement un orgasme. Camille nous laissa un moment de répit. Puis elle vint s’agenouiller au-dessus de mon visage, tout en présentant son gode à la bouche de Bilal. Je la léchai et il la suça. Ce fut long et intense. Elle se répandit une nouvelle fois sur mon visage et dans ma bouche.

Nous multipliâmes par la suite les parties à trois même si elles n’étaient pas exclusives. Camille et moi continuions à vivre ensemble en couple plus ou moins stable, alors que Bilal, qui était marié et père d’une petite fille déjà, ne pouvait se joindre à nous qu’occasionnellement et clandestinement, une fois par semaine ou deux. Les parties à trois permettaient un plus grand nombre de variations, généralement orchestrées par Camille. Il lui plaisait d’abord de nous voir tous les deux nous embrasser, nous sucer à tour de rôle, nous caresser la bite et même nous enculer l’un l’autre devant elle, bien que nous affirmions ne pas être homosexuels et n’agir d’une telle façon que pour lui complaire. Elle aimait néanmoins répéter que nous étions ses petits pédés, et elle nous encourageait à multiplier de telles pratiques pendant qu’elle harnachait fermement le gode ceinture autour de ses hanches. Bientôt, elle nous faisait mettre à genoux devant elle pour que nous sucions ensemble ou à tour de rôle le gode noir (ou rouge) fièrement dressé devant elle. Elle nous faisait ensuite disposer par exemple en 69, Bilal et moi avalant consciencieusement la bite raidie qui s’enfonçait jusqu’au fond de notre gorge. Camille en profitait pour se disposer derrière celui de nous deux qui était au-dessus de l’autre, lui écarter les fesses, le pénétrer de façon décidée et l’enculer longuement. Le gémissement de Bilal, lorsqu’il avait le privilège de se faire ainsi défoncer, était un tel cri de plaisir que je bandais plus fermement dans sa bouche au point que je devais me retenir d’éjaculer. Quelle ineffable jouissance de se faire enculer par une femme comme Camille ! pensais-je alors dans l’intimité de ma conscience. Est-ce là le paradis perdu ? m’interrogeais-je philosophiquement et poétiquement (Here Love his golden shafts imploies, here lights / His constant Lamp, and waves his purple wings, / Reigns here and revels).

D’autres figures étaient pratiquées même si elles se révélaient souvent incommodes : néanmoins, la nouveauté de la position suffisait généralement à maintenir l’excitation du moment. Il fut ainsi demandé à Bilal se mettre à quatre pattes, la tête au sol, les fesses écartées entre ses mains pour qu’à genoux, je pénètre la raie sombre et élégante de son cul. Debout, Camille nous admira puis vint se positionner en face de moi pour que je suce son gode pendant un moment. Ensuite, elle s’agenouilla à son tour derrière moi et m’encula après m’avoir demandé de me pencher autant que faire se pouvait en avant. Je dois bien avouer que le plaisir que je prenais à me faire enculer surpassait celui que j’étais censé donner à Bilal. Je débandai et je me retirai pour que Camille puisse me pénétrer plus profondément et sans retenue. Quand je sentis les couilles en latex au bord du trou de mon cul, mon érection fut immédiate et mon éjaculation tout aussi rapide. Camille se recula pour donner à Bilal la même intense satisfaction à se faire sodomiser. L’interruption involontaire de l’action générale nécessita cependant une pénétration plus longue et plus intense. Bilal semblait prendre plaisir à retarder sa propre jouissance, et Camille m’incita à me coucher en dessous de lui et à le sucer profondément. Il jouit dans ma bouche mais elle me demanda ne pas avaler immédiatement et de lui montrer dans ma bouche ouverte le sperme avant que je ne l’avale. Elle me filma ou me photographia pour publier ces images sur le web.

La combinaison la plus complexe se présenta comme une espèce de quadrilatère imparfait qui ne fut sans doute pas prémédité et se construisit plutôt dans l’opportunité d’un moment de lubricité générale. Bilal se coucha sur le dos dans le canapé, les cuisses écartées, exposant ses parties génitales et anales à la concupiscence de Camille mais également à la mienne. À genoux, elle commença à le sodomiser tandis que j’étais irrésistiblement attiré par les mouvements de sa bite gonflée mais pas absolument raidie et qui se balançait de gauche à droite, d’avant en arrière sous les coups de boutoir qu’il prenait dans le cul. Je la pris bientôt en bouche et commençai à la sucer passionnément. Elle gonfla entre mes lèvres, et je me mis à bander à mon tour. Camille voulut cependant profiter de l’engin de Bilal et me demanda de changer de position pour qu’elle puisse le prendre en main et le branler à sa guise tout en contrôlant son éjaculation. Je me levai pour me positionner devant Bilal en m’appuyant des deux mains sur le dossier du canapé et en présentant ma bite à sa bouche pour qu’à son tour il puisse me sucer goulûment. Je lui saisis la tête par l’arrière des cheveux et commençai à m’enfoncer régulièrement jusqu’au fond de sa gorge. L’excitation me poussait à vouloir jouir rapidement, sans délai. Mais je sentis bientôt les mains de Camille qui s’approchaient de mes fesses, les écartaient et bientôt enfonçaient ses doigts — deux ou trois, je ne sais — dans mon cul. Je crus qu’elle se contenterait de ce geste, mais elle se retira bientôt pour remplacer ses doigts par un autre gode qu’elle venait de saisir à l’instant. Un cercle vicieux du plaisir réunissait à cet instant nos orifices et nos instruments péniens. Le centre nerveux de la jouissance glissa cependant rapidement de ma bite vers le trou de mon cul. La sensation d’une intense pénétration anale pouvait seule désormais me faire jouir. Je me reculai légèrement pour faciliter cette intromission, ma bite sortant bientôt de la bouche de Bilal. Camille nous enculait fermement tous les deux avec ses instruments démoniaques. Elle m’encouragea à jouir rapidement sur le visage de Bilal (pendant qu’elle finissait de le branler) car elle aimait, disait-elle, voir le sperme dégouliner sur son visage.

Au final, Bilal et moi la léchions ou sucions le gode qu’elle nous présentait, jusqu’à ce que, généralement, elle nous éclabousse de sa jouissance.

Moment bleu

Mon Dieu, que de moments intenses et de doux souvenirs ! Tout en ce bas monde a une fin malheureusement, et les plus beaux étés sont frappés par de violents orages (en particulier dans nos contrées tempérées). Bilal pris dans des tourments intérieurs fut acculé par les soupçons de sa femme devant ses mensonges éhontés et avoua l’existence de sa liaison adultère sans en révéler néanmoins les aspects les plus profondément sodomites ni le triolisme sous-jacent. On connaît ces histoires-là. Sa femme lui parla d’un autre enfant à naître (encore fallait-il d’abord le concevoir !), d’un choix impératif, de lâcheté et de trahison. Il céda. On ne le revit plus que brièvement avant qu’il ne disparaisse totalement. Camille en fut profondément affectée. Une longue tristesse s’installa. Les pleurs furent fréquents, et la colère aussi. D’où viennent ces douleurs-là ? On dirait que c’est la question qui hante la littérature d’aujourd’hui (avant la grande pandémie), sans apporter de véritable réponse. D’ailleurs je suis si mauvais écrivain que je ne sais pas aller jusqu’au bout… (Et les eaux limoneuses de l’Amour charriaient des millions de charognes).

Des vacances sont toujours un bon distractif et un bon moyen pour raviver la libido, surtout lorsque surviennent des incidents ironiques comme la découverte à l’aéroport par un douanier de plusieurs godes, dont un neuf, sur lequel il entendait bien faire payer des droits de douane ! Et puis le travail continuait. La société de Camille exigeait une activité toujours plus importante avec un nombre de réunions toujours croissant et des voyages de plus en plus fréquents. Elle dut partir à Las Vegas pour un salon informatique consacré au travail en réseau et à Internet. Je ne pus l’accompagner par manque de jours de congés, et d’ailleurs elle préférait sans doute y apparaître seule comme une cheffe d’entreprise indépendante et sûre d’elle. Elle m’avait fait part à plusieurs reprises de son mépris pour ce milieu machiste, incapable de reconnaître une femme comme compétente dans le domaine de l’ingénierie.

Je l’accompagnai à l’aéroport. Son voyage devait durer une dizaine de jours. L’on communiqua chaque jour par différentes voies électroniques. Mais le cinquième ou le sixième jour, elle ne répondit à aucun de mes appels ni de mes messages. L’étonnement céda rapidement la place à l’inquiétude après plusieurs jours d’un silence prolongé. J’étais désorienté, ne sachant même pas à quel hôtel elle était descendue, car je m’étais naïvement fié à tous les moyens de communication informatiques. J’essayai d’abord de contacter les collègues de Camille, mais ceux-ci étaient semble-t-il sans nouvelles. Il n’y avait pas de consulat à Las Vegas et je dus passer par celui de Los Angeles où l’on me répondit qu’on m’aviserait bientôt, dès qu’on aurait des informations. Deux jours s’écoulèrent encore sans nouvelle. C’est la veille de son retour supposé que je reçus un coup de téléphone en anglais auquel je ne compris pratiquement rien, étant donné ma mauvaise maîtrise de cette langue. Je parvins néanmoins à envoyer mon adresse électronique sur laquelle je reçus enfin des informations qui me laissèrent interloqué.

C’était un avocat américain qui me contactait, car Camille avait été arrêtée sous les accusations de « sexual assault » et « attempted rape ». Elle rejetait fermement ces accusations mais était néanmoins en détention jusqu’à une première comparution. Dans les jours qui suivirent, les informations se succédèrent, et je découvris que cette affaire avait même fait l’objet d’articles dans la presse américaine locale, accompagnés de photos de policiers en uniforme de Las Vegas au sortir de l’hôtel où était censée loger Camille. Je compris qu’un jeune hispanique chargé du service d’étage l’accusait de l’avoir violé avec un « strap-on dildo ». Elle aurait d’abord cherché à le retenir à plusieurs reprises dans sa chambre avant de procéder à des avances beaucoup plus explicites. Elle lui aurait même promis de l’argent en échange de sa complaisance. Elle serait ensuite passée à l’acte en outrepassant ses refus répétés. À travers la voix de son avocat, Camille réfutait totalement cette version en parlant d’actes sexuels consentis et de chantage. Le cabinet d’avocats enquêtait d’ailleurs déjà sur la personnalité jugée trouble de l’accusateur. Mais l’affaire prit une tournure polémique avec d’un côté des mises en cause d’une domination blanche de caste et de race et de l’autre une défense féministe légitimant l’inversion des rôles sexuels sans accréditer la version de l’accusation (une position rendue cependant difficile par l’intervention de masculinistes se réjouissant déjà qu’une femme puisse enfin être jugée pour un « vrai viol »). La polémique eut même un écho en Europe où quelques éditorialistes émirent de doctes opinons avant de s’étriper (virtuellement) entre eux sur les réseaux sociaux. Mais je m’en désintéressai rapidement. Seul le sort de Camille m’importait ainsi que l’évolution des procédures judiciaires en cours. Je compris qu’elle ne pourrait pas quitter les États-Unis, même en payant une lourde caution. Quelques jours après son arrestation, un grand jury décida néanmoins de la libérer sous caution (200. 000 $) avec assignation à résidence, port d’un bracelet électronique et confiscation de son passeport.

Je voulus partir le plus rapidement possible aux États-Unis, et je pris pour cela un congé sans solde. Pris en urgence, le billet d’avion me coûta tout de même plus de 1500 €. Je la retrouvai enfin à Las Vegas, dans un hôtel beaucoup moins luxueux cependant que ce à quoi je m’attendais. La caution avait en effet mis à mal ses finances, comme d’ailleurs les honoraires du cabinet d’avocats que j’estimai astronomiques. Elle avait pu heureusement négocier avec le tribunal ce changement de logement et de statut.

J’étais bien sûr en quête d’éclaircissements. Il m’était difficile de croire à un viol dans le chef de Camille qui avait toujours préféré les voies douces et n’avait jamais recouru à la moindre forme de contrainte ou de domination même mentale avec moi, ni avec Bilal d’ailleurs. Je la connaissais intimement depuis plus de deux ans maintenant, et cette connaissance me donnait une espèce de certitude immédiate et totale de son innocence. Bien sûr, un léger doute de nature intellectuelle persistait encore dans mon esprit quand je pris l’avion, mais quand je la revis, l’évidence de sa présence l’effaça totalement. Ce n’était pas possible : jamais Camille n’aurait commis une chose pareille. Elle n’était pas douce, non, mais elle avait une amabilité beaucoup plus profonde, beaucoup plus vraie avec les êtres qui l’entouraient (sans oublier un sens tout aussi profond de la justice).

J’étais en quête d’éclaircissements même si je ne savais pas très bien comment aborder cette histoire. Mais c’est elle qui lança assez rapidement la conversation. Elle me raconta la suite des événements de manière très naturelle et très détaillée, comme si elle avait tout enregistré. Non, bien sûr, elle ne l’avait pas violé. Oui, elle avait cherché à le séduire, évidemment. Elle l’avait remarqué la veille lorsqu’il était venu faire la chambre et qu’elle lui avait demandé de réparer ou de faire réparer la douche qui coulait. Il avait répondu qu’il préviendrait le technicien. Il était mince, musclé avec un derrière bien ferme et bien rond comme elle les aimait. Et il était beau, oui. Elle lui avait demandé s’il serait de service le lendemain. Elle pouvait rester à l’hôtel ce matin-là. Elle lui laissa un pourboire généreux. Il était revenu. Elle l’avait regardé s’activer, s’agiter, se plier, se relever, se déplacer dans tous les sens. Il avait des gestes méticuleux et rapides. Elle s’était rapprochée de lui et frottée à lui. Il s’était laissé faire, et il était même devenu à son tour rapidement entreprenant. Il l’avait embrassée dans le cou (elle refusait généralement sur la bouche), lui avait caressé rapidement les seins sous la blouse (elle ne portait pas de soutien-gorge) et avait bientôt voulu la déshabiller. Elle avait accepté mais demandé qu’il se déshabille en premier. Et il s’était bientôt retrouvé nu, en érection. Elle lui demanda de se branler devant elle. Il sembla hésiter mais s’exécuta. Il parlait un anglais approximatif avec un accent hispanique. Il insista pour qu’elle se déshabille, ce qu’elle fit bientôt. Il voulut lui caresser, lui embrasser les seins. Elle lui dit ce qu’elle attendait de lui. Mais il n’a pas voulu. Il voulait la baiser, elle. Elle commença à lui caresser la bite, elle le branla jusqu’à ce qu’il soit au bord de l’éjaculation. Il insista pour qu’elle le suce. Elle s’exécuta, avala sa bite, s’arrêta avant qu’il ne jouisse, lui lécha les couilles, le fit se coucher sur le lit et lui demanda d’écarter les cuisses. Il hésita, elle proposa de lui lécher le cul. Il accepta. Elle reprit sa bite en bouche et en profita pour lui enfoncer un doigt dans le cul. Cette fois, il ne refusa pas. Il tortillait même du cul, mais elle s’arrêtait à chaque fois quand elle devinait qu’il allait jouir.

Son récit était toujours aussi net, et, s’il m’arrivait de poser l’une ou l’autre question, elle ne manifestait aucune hésitation dans ses propos. Elle l’avait convaincu de se mettre à quatre pattes, et s’était équipée d’un gode-ceinture (que, prévoyante, elle emmenait toujours avec elle). Elle l’avait pénétré lentement, car il était nerveux et son cul était effectivement très serré. À plusieurs reprises, elle avait retiré l’engin, l’avait lubrifié, avait d’abord utilisé un ou deux doigts pour l’amener à s’ouvrir. Elle ne l’avait pas forcé, elle savait qu’il en avait envie, elle l’avait amené là où il désirait, oui, elle avait dû insister pour que l’engin pénètre entièrement, mais jamais il ne s’était refusé… D’ailleurs, quand l’obstacle avait finalement été franchi, elle l’avait enculé un long moment, lui caressant à peine la bite qui était tellement raide qu’elle était collée contre son ventre. Elle l’avait fait jouir. Mais ensuite, il avait refusé de la lécher, il avait même refusé qu’elle se branle devant lui. En quelques minutes, son humeur avait changé. Il était devenu sombre, renfermé. Il lui avait dit qu’il voulait la baiser, mais elle refusa. Elle lui fit remarquer que d’ailleurs il ne bandait pas. Il semblait hésiter. Il lui dit que la situation était « unappropriate ». Elle le corrigea. Puis il lui dit qu’il avait besoin d’argent. Elle sentait que la situation dérapait. Elle refusa mais il insista. Il se rhabilla. Elle lui donna les quelques billets qu’elle avait dans son portefeuille. Il voulait plus. Elle n’avait pas de liquide, elle payait uniquement par carte. Il insistait encore. Elle lui en promit pour le lendemain. Finalement, il quitta les lieux. Camille eut le sentiment d’avoir fait une erreur.

La suite était facile à deviner. Le jeune Cristobal s’était plaint à son supérieur. Celui-ci en avait parlé au détective de l’hôtel qui avait préféré en référer au service juridique. La police fut prévenue. Le lendemain, Camille était absente, assistant à plusieurs rencontres au salon. À son retour, quatre policiers et deux policières étaient là. La chambre avait déjà été fouillée à la recherche de preuves. Camille était en état d’arrestation. Elle put contacter un avocat de ses amis, qui lui conseilla après quelques heures un cabinet américain. Voilà, c’était le résumé de toute l’affaire.

Mais pourquoi Cristobal avait-il porté plainte ? Je ne comprenais pas. Pour l’argent ? Selon Camille, l’argent n’était sans doute pas le véritable motif, juste un effet indirect. Ce n’était pas non plus le machisme hispanique qui n’aurait pas supporté d’être traité comme une femme. Non, c’était plus un sentiment de dépossession, une espèce de sidération devant le plaisir inconnu qu’elle avait fait découvrir Cristobal. Oui, c’était ça, une sorte de dissociation entre le corps et l’esprit qui ne comprend pas ce qui lui arrive, qui se détache du corps qui jouit. À aucun moment, elle n’avait été violente ni ne l’avait forcé. Jamais il ne s’était refusé. Au contraire. Seulement lorsqu’il avait joui, lorsqu’il avait éjaculé, elle l’avait entendu murmurer Non, non, non… Mais les avocats préféraient s’en tenir à la motivation financière.

L’affaire suivit son cours pendant plusieurs jours, bientôt plusieurs semaines. Camille essayait de gérer son entreprise à distance. Difficile de faire l’amour dans un tel climat. Moi-même, je ne pourrais pas rester longtemps aux États-Unis si je voulais conserver mon boulot. La partie adverse apporta un certain nombre d’éléments. Outre les traces d’ADN sur le gode, les médecins avaient relevé des micro-fissures anales. Les avocats donnèrent par ailleurs une autre version des événements et décrivirent une scène violente, où Camille maintenait le visage de Cristobal contre l’oreiller en le tenant par les cheveux, puis en lui empoignant l’avant-bras droit qu’elle avait ramené dans le dos du jeune homme pour l’empêcher de se débattre (ou de se branler…). À un autre moment, tout en le sodomisant, elle lui aurait enfoncé deux ou trois doigts au fond de la bouche lui interdisant de parler. Elle lui aurait même enfoncé deux doigts dans les narines pour le faire grogner comme un « dirty pig » ! Enfin, elle aurait voulu acheter son silence en lui donnant de l’argent. De façon générale, le jeune homme évoquait un état de sidération qui l’avait empêché de se défendre, de se révolter et même de manifester la moindre réaction. Il affirmait être resté un long moment, tétanisé dans le couloir, ce qui expliquait le délai mis à l’interpellation de son supérieur qui n’avait été averti que plusieurs heures plus tard.

Les avocats de Camille mirent à mal plusieurs éléments de cette version. La famille mexicaine de Cristobal avait essayé de passer clandestinement aux États-Unis et s’était fait refouler. Le jeune homme cherchait manifestement depuis lors à la ramener auprès de lui et avait même été compromis dans un trafic de drogue (même si les poursuites à son encontre avaient été abandonnées). Par ailleurs, un examen attentif des caméras de surveillance dans les couloirs de l’hôtel avait montré qu’il n’était resté que quelques minutes immobile après être sorti de la chambre, plongé apparemment dans des réflexions plutôt que dans un état de sidération. Et puis, le récit que m’avait fourni Camille était succinct, car il apparaissait que Cristobal était demeuré près de deux heures dans la chambre. Si elle m’avait surtout décrit la première pénétration et le dépucelage anal de Cristobal, les avocats décrivirent plusieurs pénétrations successives dans des positions variées, ce qui expliquait la durée de sa présence dans la chambre et faisait douter de toute forme de refus de sa part. Et surtout, ils relevèrent une erreur grossière des enquêteurs de la police qui avaient saisi et mis sous scellés le gode-ceinture ainsi que les draps de lit, mais avaient négligé les draps de bains. Or, ceux-ci avaient été utilisés à plusieurs reprises pour recueillir ou essuyer les multiples éjaculations de Cristobal. Laissés sur place, ces draps avaient été emmenés à la laverie par le personnel hôtelier. La partie adverse évoqua néanmoins une dissociation psychique entre le corps et l’esprit et parla d’un jouet soumis à une femme manipulatrice et dominante.

Camille plaidait toujours non coupable sur les conseils de ses avocats. L’affaire menaçait de s’éterniser. Les charges pénales furent finalement levées. Et un accord financier fut trouvé après plus de trois mois, à l’issue duquel Camille récupéra son passeport et recouvra toute liberté d’aller et venir. Entretemps, j’étais revenu en Europe. Camille me rejoignit.

Toute l’affaire avait impacté notre relation. J’avais gardé une entière confiance en Camille, et mes sentiments à son égard n’avaient pas changé. Mais nous ne faisions plus l’amour, sauf à de très rares occasions. J’eus même l’impression lors de ces actes brefs qu’une sourde colère se substituait chez elle en partie à la passion, comme si elle se déchargeait en moi de la rancœur accumulée. Son absence forcée avait par ailleurs fragilisé son entreprise, et la direction était en train de lui échapper sous la pression des banques et des actionnaires.

Publicité déroulante…

Une nouvelle collaboratrice apparut à mon bureau. Elle était très différente de Camille, plutôt petite, mince, avec des tatouages que je devinai sur les épaules et ailleurs sans doute. Elle portait un anneau partiel à travers la cloison nasale. Un jour, je remarquai qu’elle avait également un piercing à la langue. Elle riait tout le temps. On sympathisa rapidement. Après quelques semaines d’approches et de louvoiement, on s’embrassa un jour soir au bureau alors que tout le monde était déjà parti. Elle suggéra qu’on se voie le lendemain. Je lui proposai de déjeuner dans un restaurant pas trop éloigné. L’après-midi devait être libre pour elle comme pour moi grâce à quelques heures de récupération à prendre. Au restaurant, elle me proposa de boire d’abord du champagne, ce qui détendit l’atmosphère. Je lui avais fait comprendre que je ne pouvais pas l’inviter chez moi. Nous partîmes en taxi à son appartement situé au premier étage d’un vieil immeuble du centre-ville, dont l’entrée me parut fort délabrée. Mais l’appartement avait été manifestement rénové, et, sans être luxueux, était tout à fait vivable. Elle me proposa encore du champagne dont elle ouvrit une bouteille aussitôt sortie du frigo. Nous avons bu, parlé, ri, souri, nous nous sommes embrassés, caressés, pelotés. Bientôt, elle m’invita à la suivre, mais elle traversa la chambre sans s’arrêter et se dirigea vers la salle de bains, beaucoup plus luxueuse que ce que je n’imaginais avec une superbe douche italienne, carrelée de noir. Elle se déshabilla et je fis de même. Elle avait de grands tatouages sur l’épaule et le bras droit qui se prolongeaient jusqu’au milieu du dos. Elle se glissa sous la douche et je la suivis. On s’embrassa sous les jets ruisselants. Elle me fit bientôt signe et elle m’éloigna du large pommeau avant de me demander de m’agenouiller devant elle. Elle se positionna au-dessus de moi, les jambes écartées, en m’expliquant ce qu’elle attendait de moi. J’ouvris la bouche et elle se soulagea de tout le champagne qu’elle avait avalé et retenu jusque-là. Je bandai instantanément et me branlai frénétiquement. En quelques mouvements à peine, j’éjaculai deux ou trois jets puissants qui m’atteignirent au menton avant de retomber et se mêler à la pisse qu’elle continuait à vider dans ma bouche et sur mon visage. On échangea nos positions comme elle le souhaitait, et quand je fus suffisamment débandé, elle me demanda : vas-y pisse moi-dessus, partout, dans la bouche, sur le visage, dans les cheveux, partout où tu en as envie.

Ce fut le début d’une nouvelle passion singulière dont seul un écrivain de talent pourrait sans doute rendre compte.

Passons à autre chose !