lundi 18 avril 2022

Les mots, les mots (propos de bistrot, encore)

Collage
Taille originale : 40 x 60 cm & 21 x 29,7 cm

— Terrorisme, pandémie, guerre…

— Je n’en pense rien, c’est juste quelque chose qui existe, et ensuite tout le monde — si l’on excepte les scientifiques ou les spécialistes qui connaissent mieux que les profanes la chose — essaie de maîtriser ce qui est réel avec des mots, avec une flopée de mots, parce que les mots nous donnent l’impression de comprendre le monde alors qu’ils ne délivrent le plus souvent qu’un semblant de sens. C’est la punition de nos péchés, le fruit de nos erreurs, la conséquence de nos impérities… Chacun y va de son interprétation, chacun parvient à recaser la chose dans ce qu’il croit déjà savoir, dans ce qu’il croit juste, bon, vrai, important… C’est assez fascinant d’observer comment tous ces commentateurs et commentatrices retrouvent rapidement leurs marques, réussissent à ajuster en quelques phrases leur « modèle » de pensée à cet événement inédit, pas totalement inédit mais quand même. Ils n’ont qu’un seul logiciel de pensée, suffisamment souple pour s’adapter à tout ce qui peut survenir et qui in fine viendra confirmer ce dont ils sont déjà convaincus. Le temps de la sidération est bref, tellement bref, immédiatement recouvert par les mots qui en effacent l’étrangeté. Évidemment, l’avantage pour ceux qui n’ont qu’un seul logiciel de pensée, c’est qu’il permet de tout expliquer, mais c’est toujours la même explication qu’ils donnent aux choses.
C’est comme cela que Lévi-Strauss explique ce drôle de concept qu’est le mana chez je ne sais plus quelle population polynésienne : c’est l’équivalent de « truc » ou de « machin » en français, un mot vide qui est censé expliquer ce qui survient. « Mais c’est arrivé comment cet accident ? — Ben, tu vois, c’est la malchance ! » Nous aussi, on utilise plein de mots comme cela qui ne veulent rien dire : « Oui, c’est un petit gros : mais c’est un problème de “glandes” » disait-on il y a une cinquantaine d’années. Les « glandes », maintenant, on n’utilise plus trop ce mot pseudo-scientifique, mais les « hormones » ou « l’immunité naturelle » ou les « toxines », ça ne vaut pas beaucoup mieux… C’est juste un mot censé expliquer le truc alors que ce n’est qu’un petit sparadrap sur un trou béant. Le mot comble le vide de sens. On a d’autres mots aujourd’hui, c’est « le système », « la domination » (telle que l’a analysée Foucault, bien sûr), « le capitalisme » (ou sa variante néo-libérale), « l’impérialisme », « la démocratie », « l’individualisme » ou que sais-je encore… (et le remède : la Révolution !)
Nous confondons description et explication, et nous prêtons une vertu explicative à des mots qui ne font que décrire un état de choses. Le « patriarcat » existe certainement, mais le mot, supposé concept, ne dit rien de ses différentes formes, ni pourquoi elles existent ni pourquoi elles perdurent ou se transforment. Le mot est censé éclairer les choses, mais il est bien incapable d’expliquer pourquoi un type tue sa femme. C’est comme les médecins de Molière : pourquoi l’opium fait-il dormir ? parce qu’il y a en lui une vertu dormitive dont la nature est d’assoupir les sens ! D’autres mots plus ou moins récents : l’égoïsme, la vieillesse des « boomers », le « fascisme », « l’islamo-gauchisme », « l’oligarchie », les « élites », « l’insoumission »…
Lévi-Strauss avait raison de dire que le mana n’a pas beaucoup plus de sens que le « truc » en français, que c’est un mot pratiquement vide destiné à nommer ce qu’on n’explique pas vraiment. Mais il négligeait qu’on y croit vraiment ! Les Byzantins ont-ils vraiment discuté du sexe des anges ? Très vraisemblablement non, mais ils se sont interrogés sur la corporéité des anges… et en ont conclu à une semi-corporéité (ou simili…). Il y a donc eu débat, discussion, échange d’arguments, dialogues de sourds… Il suffit de voir l’intensité des polémiques sur les multiples forums de la toile électronique, c’est chaud, c’est violent, c’est passionné, c’est menaçant, c’est rapidement injurieux, car chacun est persuadé d’avoir raison, chacun croit qu’en donnant son avis, son opinion, ses arguments plus ou moins développés, il va l’emporter, il aura prise sur la réalité, il va désigner l’origine du mal et y porter remède ! Tous, nous croyons qu’en discutant sur les forums, nous changerons les choses, nous croyons que le triomphe — rhétorique — de notre opinion transformera le monde… L’important, ce serait de trouver la bonne position intellectuelle, celle qui serait juste, incontestablement : il suffirait de la dire pour que les choses deviennent justes, il suffirait de convaincre les autres que c’est la juste position pour que la réalité obéisse… Le sophisme, ce n’est pas une erreur de raisonnement, c’est la croyance qu’un raisonnement suffira à convaincre un adversaire réel ou hypothétique
Mais les mots concernent assez peu la réalité, la réalité n’est qu’un prétexte et les débats portent moins sur la réalité supposée sous-jacente que sur les mots de l’autre : les mots ne disent pas la réalité, n’en parlent pas, ils veulent seulement prouver que l’autre a tort, et il suffirait que l’autre avoue qu’il a tort (ce qu’il ne fera bien sûr jamais) pour que le propagandiste jouisse enfin (ce qui n’arrive jamais), alors que la réalité resterait elle complètement inchangée. Traiter quelqu’un de fasciste, d’islamo-gauchiste (ou de « pauv’ con »), n’a aucun effet sur la réalité qui serait visée — abattre le fascisme ou l’islamo-gauchisme (quant à la connerie, elle est éternelle) — et ne vise qu’à satisfaire le mépris ou la colère de celui qui l’énonce.
Le réel est plus fort. Il résiste évidemment.

Taille originale : 29,7 x 21 cm

— Mais les mots que tu cites sont surtout ceux de la gauche progressiste (en gros)…

— C’est mon camp. Je ne vais pas passer mon temps à argumenter contre des gens dont je suis au plus haut point éloigné. Le « grand remplacement »… c’est du délire. Mais si de notre « camp », on voit tout de suite leurs fantasmes, si l’on s’énerve du ressassement absurde des mêmes expressions qui masquent la réalité bien plus qu’elles ne la révèlent, nous sommes sans doute aveugles ou myopes face à nos propres fantasmes, nous n’entendons pas le vide qui résonne dans nos propres mots. C’est le soupçon que l’on peut avoir. La philosophie du soupçon (qui est un peu passée de mode) doit porter avant tout sur soi-même, sur nos propres « idées », sur nos propres mots.

— Mais toi aussi, tu interprètes, tu analyses, tu discours, même si tu te situes à un niveau, comme on dit méta-.

— Oui bien sûr, on ne peut pas échapper à la maladie du langage. Il faut bien employer les mots de la tribu au risque sinon d’un hermétisme mallarméen. Je parle, j’argumente, je discours comme tu dis, parfois fort longuement. C’est peut-être pour cela que je préfère à présent la littérature. Comme lecteur. La littérature est l’expression la plus aboutie de ce semblant de sens, sauf qu’elle assume (en principe) ce semblant. C’est pour cela que la littérature survit (pour l’instant), et que les éditorialistes disparaissent.

— Ça vieillit aussi la littérature… Sur la grande toile polémique, une jeune femme récemment dénonçait son ou sa professeure de littérature qui lui avait fait lire le « roman le plus chiant qui soit », le Rouge et le Noir (en précisant que Stendhal était certainement un « vieux blanc cisgenre ») alors qu’elle aurait tellement préféré un ouvrage d’Annie Ernaux…

— Ha ha ! Elle aurait dû lire Armance, un grand roman sur l’impuissance. Hétéro mais pas trop bandant. Mais je pensais à un autre grand classique, certainement très chiant pour de jeunes esprits, le Père Goriot. Par provocation, on pourrait dire que c’est un roman sur la domination féminine : le vieux Goriot lègue toute sa fortune à ses deux filles qui vont au bal pendant que lui crève misérable comme un chien. Et quant à Rastignac, pauvre provincial, il sera obligé de jouer au gigolo pour se faire une place dans le monde. Je caricature. Cela dit, Balzac montre la complexité et l’ambivalence des choses : les filles Goriot sont sous la coupe de leur mari respectif. Et puis il y a la fille du banquier, dont j’ai oublié le nom, qui est sacrifiée au profit de son frère qui a tout le pognon. Mais là aussi, j’emploie des mots à la mode : ambivalence, complexité… En fait, le roman de Balzac (comme beaucoup d’autres) ne livre pas de morale ni ne délivre de leçon. Il fonctionne autrement. Il montre, il montre notamment le pouvoir des femmes (notamment celui de la veuve Vauquer qui tyrannise le vieux Goriot). Ce pouvoir n’est évidemment pas absolu, mais personne n’a de pouvoir absolu même si Balzac a la nostalgie de la monarchie d’Ancien Régime (dont le roi rétablirait la justice par sa seule volonté). Et bien sûr, il ne parle pas de toutes les femmes, ni d’ailleurs de tous les hommes. C’est ça le roman : des individus singuliers dans des situations et des relations particulières. C’est en partie vrai, d’abord parce que c’est une fiction, ensuite parce qu’on ne peut pas généraliser… Ou alors c’est la responsabilité du lecteur ou de la lectrice. Mais on ne peut pas accuser Balzac de mentir : il montre, il explore, il raconte… et chacun tire ensuite la couverture à lui, en retient ce qui lui paraît pertinent, juste, « bien vu ».

— Personnellement, je trouve Balzac assez ennuyeux…

— Tu peux dire chiant. Moi aussi d’ailleurs.

Isis et Osiris

vendredi 15 avril 2022

Une ostentation d'ascétisme

De passage
« J’ai expérimenté brièvement avec l’abstinence de viande aux écoles de philosophie, où il sied d’essayer une fois pour toutes chaque méthode de conduite ; plus tard, en Asie, j’ai vu des Gymnosophistes indiens détourner la tête des agneaux fumants et des quartiers de gazelle servis sous la tente d’Osroès. Mais cette pratique, à laquelle ta jeune austérité trouve du charme, demande des soins plus compliqués que ceux de la gourmandise elle-même ; elle nous sépare trop du commun des hommes dans une fonction toujours publique et à laquelle président le plus souvent l’apparat ou l’amitié. J’aime mieux me nourrir toute ma vie d’oies grasses et de pintades que de me faire accuser par mes convives, à chaque repas, d’une ostentation d’ascétisme. Déjà ai-je eu quelque peine, à l’aide de fruits secs ou du contenu d’un verre lentement dégusté, à déguiser à mes invités que les pièces montées de mes chefs étaient pour eux plutôt que pour moi, ou que ma curiosité pour ces mets finissait avant la leur. Un prince manque ici de la latitude offerte au philosophe : il ne peut se permettre de différer sur trop de points à la fois, et les dieux savent que mes points de différence n’étaient déjà que trop nombreux, bien que je me flattasse que beaucoup fussent invisibles. Quant aux scrupules religieux du Gymnosophiste, à son dégoût en présence des chairs ensanglantées, j’en serais plus touché s’il ne m’arrivait de me demander en quoi la souffrance de l’herbe qu’on coupe diffère essentiellement de celle des moutons qu’on égorge, et si notre horreur devant les bêtes assassinées ne tient pas surtout à ce que notre sensibilité appartient au même règne. Mais à certains moments de la vie, dans les périodes de jeûne rituel, par exemple, ou au cours des initiations religieuses, j’ai connu les avantages pour l’esprit, et aussi les dangers, des différentes formes de l’abstinence, ou même de l’inanition volontaire, de ces états proches du vertige où le corps, en partie délesté, entre dans un monde pour lequel il n’est pas fait, et qui préfigure les froides légèretés de la mort. À d’autres moments, ces expériences m’ont permis de jouer avec l’idée du suicide progressif, du trépas par inanition qui fut celui de certains philosophes, espèce de débauche retournée où l’on va jusqu’à l’épuisement de la substance humaine. Mais il m’eût toujours déplu d’adhérer totalement à un système, et je n’aurais pas voulu qu’un scrupule m’enlevât le droit de me gaver de charcuterie, si par hasard j’en avais envie, ou si cette nourriture était la seule facile.
Repeint
Les cyniques et les moralistes s’accordent pour mettre les voluptés de l’amour parmi les jouissances dites grossières, entre le plaisir de boire et celui de manger, tout en les déclarant d’ailleurs, puisqu’ils assurent qu’on s’en peut passer, moins indispensables que ceux-là. Du moraliste, je m’attends à tout, mais je m’étonne que le cynique s’y trompe. Mettons que les uns et les autres aient peur de leurs démons, soit qu’ils leur résistent, soit qu’ils s’y abandonnent, et s’efforcent de ravaler leur plaisir pour essayer de lui enlever sa puissance presque terrible, sous laquelle ils succombent, et son étrange mystère, où ils se sentent perdus. Je croirai à cette assimilation de l’amour aux joies purement physiques (à supposer qu’il en existe de telles) le jour où j’aurai vu un gourmet sangloter de délices devant son mets favori, comme un amant sur une jeune épaule. De tous nos jeux, c’est le seul qui risque de bouleverser l’âme, le seul aussi où le joueur s’abandonne nécessairement au délire du corps. Il n’est pas indispensable que le buveur abdique sa raison, mais l’amant qui garde la sienne n’obéit pas jusqu’au bout à son dieu. L’abstinence ou l’excès n’engagent partout ailleurs que l’homme seul : sauf dans le cas de Diogène, dont les limitations et le caractère de raisonnable pis-aller se-marquent d’eux-mêmes, toute démarche sensuelle nous place en présence de l’Autre, nous implique dans les exigences et les servitudes du choix. Je n’en connais pas où l’homme se résolve pour des raisons plus simples et plus inéluctables, où l’objet choisi se pèse plus exactement à son poids brut de délices, où l’amateur de vérités ait plus de chances de juger la créature nue. À partir d’un dépouillement qui s’égale à celui de la mort, d’une humilité qui passe celle de la défaite et de la prière, je m’émerveille de voir chaque fois se reformer la complexité des refus, des responsabilités, des apports, les pauvres aveux, les fragiles mensonges, les compromis passionnés entre mes plaisirs et ceux de l’Autre, tant de liens impossibles à rompre et pourtant déliés si vite. Ce jeu mystérieux qui va de l’amour d’un corps à l’amour d’une personne m’a semblé assez beau pour lui consacrer une part de ma vie. Les mots trompent, puisque celui de plaisir couvre des réalités contradictoires, comporte à la fois les notions de tiédeur, de douceur, d’intimité des corps, et celles de violence, d’agonie et de cri. La petite phrase obscène de Poseidonius sur le frottement de deux parcelles de chair, que je t’ai vu copier avec une application d’enfant sage dans tes cahiers d’école, ne définit pas plus le phénomène de l’amour que la corde touchée du doigt ne rend compte du miracle des sons. C’est moins la volupté qu’elle insulte que la chair elle-même, cet instrument de muscles, de sang, et d’épiderme, ce rouge nuage dont l’âme est l’éclair.
Et j’avoue que la raison reste confondue en présence du prodige même de l’amour, de l’étrange obsession qui fait que cette même chair dont nous nous soucions si peu quand elle compose notre propre corps, nous inquiétant seulement de la laver, de la nourrir, et, s’il se peut, de l’empêcher de souffrir, puisse nous inspirer une telle passion de caresses simplement parce qu’elle est animée par une individualité différente de la nôtre, et parce qu’elle présente certains linéaments de beauté, sur lesquels, d’ailleurs, les meilleurs juges ne s’accordent pas. Ici, la logique humaine reste en deçà, comme dans les révélations des Mystères. La tradition populaire ne s’y est pas trompée, qui a toujours vu dans l’amour une forme d’initiation, l’un des points de rencontre du secret et du sacré. L’expérience sensuelle se compare encore aux Mystères en ce que la première approche fait au non-initié l’effet d’un rite plus ou moins effrayant, scandaleusement éloigné des fonctions familières du sommeil, du boire, et du manger, objet de plaisanterie, de honte, ou de terreur. Tout autant que la danse des Ménades ou le délire des Corybantes, notre amour nous entraîne dans un univers différent, où il nous est, en d’autres temps, interdit d’accéder, et où nous cessons de nous orienter dès que l’ardeur s’éteint ou que la jouissance se dénoue. Cloué au corps aimé comme un crucifié à sa croix, j’ai appris sur la vie quelques secrets qui déjà s’émoussent dans mon souvenir, par l’effet de la même loi qui veut que le convalescent, guéri, cesse de se retrouver dans les vérités mystérieuses de son mal, que le prisonnier relâché oublié la torture, ou le triomphateur dégrisé la gloire. »
Taille originale : 24 x 32 cm

mercredi 13 avril 2022

Choses vues 14

Art ancien
Regard oblique

Slopes à poil. On your knees. À poil, poil, les deux slopes, salopes, pouffes, vierges, plus pucelles, dépucelées depuis longtemps, il y a pas longtemps, jeunes porcines. Le porc, pourceau, le cochon libéré s’active. Attacher les mains de la première slope. Là, derrière dans le dos, à poil, la gente du cul, (la gente du cul, la gente du cul, la fente du cul), le trou du cul entre les fesses. La lui mettre, la foutre, l’enculer tout de suite ! Mais ’tacher les mains. Chienne soumise. L’autre, l’autre-là, bras levés, lever, levez-vous ! lève les bras ! Faut tirer la corde, lever les bras de la slope, putain, pute, l’esclave, ’sclave, slave, aisselles rasées. Spectacle, spectacle. Deux chiennes à genoux, bras levés, bras dans le dos, nues nues nues. À poil. Chattes poilues. Disponibles, consentantes. Mouillent, moules trempées. Pas encore vérifié avec les doigts. Mais le porc sait les chattes mouillées. Le porc dit je. Je maître, je cochon, je rut, je rut, je jute, je veux juter… Le porc dit ma bite, ma bite, ma bite pense. Elle pense, elle pense, elle bande, elle pense quand elle bande.

Maître debout, debout, toujours debout. Maître déshabille lentement. Maître sur son trône. Fauteuil, chaise, trône. Il trône. Sa sa, ma bite trône, ma bite sceptre, ma bite glaive. Le fourreau de votre bouche (bocca), damoiseaux, damoiselles, pouffiasses. Faut s’approcher, tirer sur les laisses, approcher de la bite, sainte bite, merveilleuse bite, couilles joufflues, vilaine bite pas bandée assez, pas assez bandée. Merde. Faut faire bander, faut me faire bander. Les bouches, les langues. Approchent. La bite en bouche, les couilles en bouche. Lécher, sucer, avaler, valer, v’la le truc. Faites-le, faites-la bander la vilaine que, queue, la queue du porc (proc, procureur, accusation, vous êtes pouffes, condamnées à être chiennes, slopes, slaves, enslaved).

Nous chiennes, nous whores, new wave hookers, disent-elles, pensent-elles, sont-elles. Je, je, je suis une chienne, j’aimerais être une chienne, j’aimerais qu’on me traite comme une chienne. Esclave parfaite tirant sur sa laisse pour approcher de sa queue, de sa grosse queue, devant mon visage, dressée. Je la veux. Elle la veut. Toutes les deux veulent la queue, les couilles, mais le porc porcin écarte la jambe droite, oui, c’est ça, deviner immédiatement, évident, abaissement, avilissement, acceptation. Maintenant le cul, le trou du cul. Embrasser le cul du diable. Baiser maléfique, horrifique, béni. Le bénitier du diable, le trou de son cul, offert écarté par la main droite qui tire sur la fesse droite pour offrir le mets succulent. Je mouille. J’enfonce ma langue dans son cul délicieux. Le musée des délices, des supplices. Je mouille, bande en rêvant que j’embrasse trou du cul. Je slope, putain, whore, slut, femelle, femel·le. Je suis femel·le. S·lope.

Quatre pattes. Position de la chienne, animale en rut, cul trempé, chattes mouillées, gonflées, poilues, ouvertes, en attente des doigts, des gros doigts du maître, une à gauche une à droite, main à gauche main à droite et la queue est au milieu. Fourrer, fourrer, fourrer. Attente, attente, attente. Le gland, le gros gland, le gland merveilleux au bord des lèvres. La vilaine bite, la bite odieuse, la bite dégueulasse qui veut se foutre dans ma chatte, que je veux foutre dans ta chatte. Ta chatte ou ma chatte. Je suis deux. Deux s·lopes à genoux, cul levé. Le maître, l’amant magnifique va nous fourrer, va te fourrer, va me fourrer. Les défoncer, les défoncer toute les deux, à tour de rôle, en même temps. Deux doigts dans la chatte, et le pouce dans le cul.

Baiser deux femmes. Exploit, événement. Performance. Queue, membre, gode, chibre, bite. Rection, érection, élévation. Branler pour bander, pour mieux bander. Exploit héroïque. Surhomme. Sous-homme. Je est un Porc. Et puis s’enfoncer dans la chatte. Glisser, plonger, se retenir, revenir au bord, s’enfoncer doucement, pénétrer. Lèvres s’écartant. Sexe ouvert. Chatte bée. Appel du sexe. Appel du buisson ardent. / Baise, baise-moi. Baise ta chienne. Baise mon amante. Baise-nous. Brise-nous. Et regarder mon amante se faire baiser, bien baisée, carrément foutue. Il la bourrine il l’enconne il l’enfourbit il la fourrache. Salaud ! / L’une après l’autre, vous baiser, vous baisera. Saisissement. Te prendre par les cheveux, te fichtrement relever la tête, te pénétrer, te défoncer. Foutre, foutredieu, foutre une déesse. Toi. Vous. Toi et toi. L’une après l’autre. Baiser l’une et deux. Soudain baiser. Doux baiser. Tendre baiser féminin. Vos lèvres à peine jointes. Votre souffle muet. Bouches à peine encloses, la rose éclore va-t-elle ? Le fait bander. Femmes amoureuses. Femmes damnées. Ha ha ha !

En position. 69. Sens dessus dessous. Il veut. Ordre. Befehl. Abfrage. Wunsch. Bittgebet. Je m’exécute. J’obéis. Je soumets moi, mon corps. Je ris. Je suis une s·lope, nous sommes deux s·lopes. Nous rions. Nous nues sommes plus grandes que l’humain. Bouche clitoris, salive mouillée, lèvres lèvres, langue infernale. Tout est ouvert, tout est à vendre, les culs des putains sont soldés. Toutes les femmes sont des putains. Exagère. Tu te tais. Rions. Mon cul de putain.

Au-dessus, celle du dessus. Enfin. Mettre un terme à tout cela. Parvenir à ses fins. Finaliser la chose. Aboutissement. Aboutir. Emboutir. Enfoncer. Défoncer. Défoncer le cul enfin. Ouvre ton cul. T’enculer. Cul serré. Cul sec. D’un seul coup. [Dea porno italiana lo vuole nel culo. Adora prenderlo nel culo.] Non. Tu vas dans mon cul mais lentement. Cul étroit. Forcer, enfoncer, défoncer. Doucement doucement. La laisser faire. C’est elle qui. Dans le cul de mon amante, la bite [le gland à peine] peine à forcer le pas, marquer le pas ! Pas encore dans le cul. Vision supérieure. Au-dessus du mien visage, la bite amant aimantée par le cul mienne amante pénètre enfin le trou le cul l’aimante aimée mienne. Y a-t-il plus merveilleuse vision que la sodomisée adorée ?

Un maître maitrisé maître de sa bite encule si je veux comme je veux d’un mouvement de hanche à fond me recule non remets-la moi, fous-la moi dans le cul. Supplication fiction dérision. L’une après l’autre d’ailleurs. Retournement de situation. À tour de rôle dans le cul. Encule et sodomise. Sodome et Gomorrhe.

Film en accéléré. Sortie express du cul, éjaculation à toute vitesse dans la bouche ouverte. Repos enfin. De contentement, font semblant, elles prendre en bouche la queue mollissante, gluante, poisseuse, savoureuse, banane exquise. Eût-il été plus avisé d’éjaculer sur leurs deux visages réunis en-dessous de ses couilles dans une feinte adoration de sa majesté d’érection ? Ou bien même de pisser souverainement sur leurs deux sourires exposés de complaisance ? De quel maître eussent-elles été les esclaves complaisantes dans un feint contentement ?

« Voulez-vous vraiment quitter cette page et fermer les quatre onglets ouverts ? » « Attention ! un téléchargement est en cours. Voulez-vous réellement l’abandonner ? » Abanbanbandonner.

Monde moderne
Taille originale 21 x 29,7 cm

mardi 12 avril 2022

Plaisir ou déplaisir, bonheur ou contrainte

Taille originale : 21 x 14,8 cm
« Quelles que soient les raisons qui amènent Monsieur à désapprouver l’intérêt que ses filles portent au travail de l’apparence, il reste que les critiques qu’il leur adresse à ce sujet ne semblent pas avoir beaucoup d’influence sur elles. Coraline se maquille quotidiennement en dépit des remarques de son père, et Anna porte pendant plusieurs semaines les boucles d’oreilles que celui-ci trouve trop voyantes. Dans cette configuration familiale où les principes socialisateurs du père et de la mère au sujet du travail de l’apparence s’opposent partiellement, c’est donc ici la socialisation maternelle qui l’emporte. »
« Même si Coraline et Anna semblent objectivement exposées au sein de leur famille à des injonctions contradictoires au sujet du travail de l’apparence, cette contradiction n’a en réalité pas d’effet sur leur conduite dans la mesure où les discours du père sont en quelque sorte rendus “inaudibles” par les pratiques et les discours de la mère. »
Variation
« Contre la conception commune de la socialisation qui assimile celle-ci à une simple imitation par l’enfant des conduites de ses parents ou du parent du même sexe, le cas d’Anna suggère qu’en termes de socialisation, ce que les parents donnent à voir de leur rapport à une pratique — le fait qu’ils la vivent comme un plaisir ou comme une contrainte, qu’ils s’y investissent avec bonheur ou déplaisir — joue un rôle au moins aussi important que leurs conduites effectives. »

samedi 2 avril 2022

Putains européennes

Taille originale : 21 x 29,7 cm
« Je te ferai voir des gravures, montrant en pleine action dix-huit souverains ottomans qui se plaisaient à rencontrer dans des lieux secrets d'Istanbul des femmes de leur harem déguisées en putains européennes. Sais-tu que cette manie qui nécessitait quantité de robes et de bijoux avait été baptisée par les couturiers et les bordels les plus luxueux de Paris “le fantasme turc”, le savais-tu ? Sur une de ces gravures, où l'on voit le sultan Mahmoud II faisant l'amour, incognito et à poil, dans quelque ruelle mal famée d'Istanbul, sais-tu que le souverain aux jambes nues porte les bottes de Napoléon pendant sa campagne d'Égypte ? Et que son épouse préférée, la future sultane douairière Bezmiâlem — qui donna son nom à un navire ottoman et qui fut la grand-mère d’un prince impérial —, y est représentée, une impudente croix de diamants et de rubis au cou ? »
Exercice de conjugaison