mercredi 29 décembre 2021

Perspective esthétique

Taille originale : 21 x 29,7 cm
« Un deuxième symptôme de l’attention orientée esthétiquement est le phénomène de la saturation attentionnelle. Cette expression désigne le fait que, dans l’expérience esthétique, le nombre de différenciations perceptuelles ou conceptuelles susceptibles d’être activées lors d’une séquence d’exploration donnée est plus grand, toutes choses étant égales par ailleurs, que dans le cas d’une exploration non esthétique. L’exemple (fictif) de la saturation cognitive donné par Goodman est devenu célèbre : imaginons que le tracé d’un diagramme de la Bourse ou celui d’une courbe de fièvre coïncide en tout avec le tracé de la ligne de crête du mont Fuji dans une estampe de Hokusai. Malgré cette identité perceptuelle, nous traiterons les tracés différemment dans les deux cas. Dans le diagramme boursier et la courbe de fièvre, seul un nombre restreint de caractéristiques du tracé seront pertinentes. En fait seul comptera le positionnement relatif de la ligne par rapport aux coordonnées cartésiennes. Toutes les autres propriétés, par exemple l’épaisseur du trait ou sa couleur, seront “neutralisées”. En revanche, dans la ligne de crête du Fujisan toute différence perceptible sera (potentiellement) pertinente. Contrairement au phénomène de la densification, qui désigne le fait que pour chaque type de propriété nous avons tendance à abaisser le seuil de discrimination des différences pertinentes, le phénomène de saturation naît de notre tendance à prendre en compte un nombre plus grand de types de propriétés différentes que dans l’attention courante. Ainsi, lorsque nous contemplons un dessin dans une perspective esthétique nous prenons en compte non seulement le trait, mais aussi la couleur, son épaisseur, la façon dont il se fond dans, ou fait contraste avec, l’arrière-plan, et ainsi de suite. Le “ainsi de suite” indique que rien ne limite a priori le nombre de types de propriétés différentes qui pourraient se trouver activées par le regard esthétique. »
Tant qu’elle a pu des cœurs attirer les hommages,
Elle a fort bien joui de tous ses avantages.

 

lundi 27 décembre 2021

Abre La Cula

Puzzle de trois dessins de 21 x 29,7 cm
« L’enjeu c’est de fermer son esprit et d’ouvrir son cul.
On veut enlever leur pouvoir au vagin et au pénis. On a tous un anus. C’est une source de dégoût comme de plaisir. Ça représente bien l’hypocrisie de nos sociétés. Tant que c’est caché, pas de problème. Mais quand tu le montres aux yeux de tous, on détourne la tête. »
Taille originale : 21 x 29,7 cm

mercredi 15 décembre 2021

Hundestellung

« Maria apprit à Leonard à se comporter en amant énergique et prévenant, à la laisser avoir tous ses orgasmes avant qu’il ait le sien. Cela semblait une simple question de politesse, comme tenir la porte à une dame. Elle lui enseigna aussi à faire l’amour à la Hundestellung, comme les chiens, ce qui était également la façon la plus rapide de perdre les couvertures et aussi, toujours par-derrière, mais couchés sur le côté, alors qu’elle lui tournait le dos et dormait à moitié ; et enfin sur le côté mais face à face, étroitement enlacés, en dérangeant à peine les couvertures. Il découvrit qu’il n’y avait pas de méthode fixe pour susciter le désir chez Maria. Parfois il lui suffisait de la regarder et elle était prête. Parfois, il besognait patiemment comme un enfant sur un modèle réduit, et elle l’interrompait pour lui proposer du pain, du fromage et un peu plus de thé. Il apprit qu’elle aimait beaucoup qu’on lui murmure des mots tendres à l’oreille, mais pas après un certain moment, pas quand ses yeux commençaient à se refermer. Alors elle ne voulait plus qu’on la distraie. »
Taille originale : 21 x 29,7 cm


 

lundi 13 décembre 2021

Réécriture littéraire

Taille originale : 21 x 29,7 cm
« À M. de Couillesdange
Je m’en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus bandante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus excitante, la plus secrète jusqu’à aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie ; enfin une chose dont on ne trouve qu’un exemple dans les siècles passés, encore cet exemple n’est-il pas juste ; une chose que nous ne saurions croire à Paris, comment la pourrait-on croire à Lyon ? une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde ; une chose qui comble de joie madame de Branlan et madame de Hautebite ; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue ; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire, devinez-la, je vous le donne en trois ; jetez-vous votre langue aux chiens ? Eh bien, il faut donc vous la dire  : M. de la Trique encule dimanche au Louvre, devinez qui ? Je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix, je vous le donne en cent. Madame de Couillesdange dit  : Voilà qui est bien difficile à deviner ! c’est madame de La Jarretière ? Point du tout, madame. C’est donc mademoiselle de Bite ? Point du tout  : vous êtes bien provinciale. Ah ! vraiment nous sommes bien bêtes, dites-vous ; c’est mademoiselle Culouvert. Encore moins. C’est assurément mademoiselle de Beaucul. Vous n’y êtes pas. Il faut donc à la fin vous le dire  : il encule dimanche, au Louvre, avec la permission du roi, mademoiselle, mademoiselle de... mademoiselle, devinez le nom : il encule Mademoiselle, ma foi ! par ma foi ! ma foi jurée ! Mademoiselle, la grande Mademoiselle, Mademoiselle, fille de feu Monsieur, Mademoiselle, Mademoiselle, destinée au foutre, Mademoiselle, la seule putain de France qui fût digne de Monsieur. Voilà un beau sujet de discourir. Si vous criez, si vous êtes hors de vous-même, si vous dites que nous avons menti, que cela est faux, qu’on se moque de vous, que voilà une belle raillerie, que cela est bien fade à imaginer ; si enfin vous nous dites des injures, nous trouverons que vous avez raison ; nous en avons fait autant que vous. »
Avant l’inondation

dimanche 12 décembre 2021

L'aveu d'un amoureux transport

Taille originale : 21 x 29,7 cm

Elmire

Est-ce qu’au simple aveu d'un amoureux transport,
Il faut que notre honneur se gendarme si fort ?
Et ne peut-on répondre à tout ce qui le touche,
Que le feu dans les yeux, et l’injure à la bouche ?
Pour moi, de tels propos, je me ris simplement,
Et l’éclat, là-dessus, ne me plaît nullement.
J’aime qu’avec douceur nous nous montrions sages,
Et ne suis point, du tout, pour ces prudes sauvages,
Dont l’honneur est armé de griffes, et de dents,
Et veut, au moindre mot, dévisager les gens.
Me préserve le Ciel d’une telle sagesse !
Je veux une vertu qui ne soit point diablesse,
Et crois que d’un refus, la discrète froideur,
N’en est pas moins puissante à rebuter un cœur.
Approche

jeudi 2 décembre 2021

Maximes pornographiques

Taille originale : 29,7 x 21 cm

Retournement

La beauté est un avantage indéniable des performeuses dans la pornographie dite hétérosexuelle. Mais l’enthousiasme est sans doute tout aussi déterminant pour leur succès.

*

La haine que certaines féministes ont de la pornographie prend pour prétexte le regard supposé masculin ou la domination masculine mais est l’expression d’un rejet beaucoup plus viscéral. Celui d’être un corps sexué que, pour une part, nous ne maîtrisons pas. Ce rejet est d’ailleurs partagé par un certain nombre d’hommes.

*

La pornographie est une fiction, disent notamment les éducateurs à la santé. Mais c’est aussi une réalité, ne serait-ce qu’à travers ces rapports qu’on dit non simulés. Mais la véritable question est alors : où passe la frontière entre la réalité et la fiction en pornographie ?

*

Si le consentement s’impose comme une évidence, la notion même reconduit le stéréotype de la femme essentiellement passive, attendant un séducteur auquel se refuser ou pas : « je consens à ce que tu m’encules ». Mais ce n’est qu’avec une femme au désir visible que le plaisir peut être réellement partagé, sinon la jouissance.

*

Les éducateurs à la santé répètent : « Pornographie ? Attention, fiction ! » Mais l’éducation sexuelle est-elle autre chose qu’une fiction ? ou du moins un catalogue de supposés bons conseils et surtout de normes implicites de comportement. Les images édulcorées dans les manuels proposés sont-elles plus « vraies » que celles de la pornographie ?

*

La pornographie épargne bien sûr à ses consommateurs et consommatrices l’épreuve du réel. Mais il y a également en ses images un réel, cause efficiente de l’excitation. Quand ce réel n’est pas perçu, la pornographie n’est plus qu’images.

*

Quel reproche adressé à la pornographie n’est pas au fond motivé par la jalousie de voir accorder si facilement ce qui devrait être préservé comme un bijou précieux ?

*

Travailleu·r·se·s Du Sexe est un terme administratif. C’est pour cela que les nobles mots de pute et de putain conserveront toute leur puissance d’excitation, inversant merveilleusement dans les pratiques sexuelles et pornographiques l’injure qui leur socialement attachée.

*

La honte qui s’attache aujourd’hui encore à la consommation d’images pornographiques s’explique par notre petitesse. Il ne s’agit pas tellement de la bassesse de nos instincts animaux généralement partagés, mais de notre supposée infériorité humaine qui nous rend incapables de séduire l’une ou l’autre partenaire réel. À défaut donc… Mais la véritable infériorité n’est-elle pas celle que nous ressentons face à ces performeuses si maîtresses de leur sexualité ? à tel point que nous exigeons — en pur imaginaire ! — de les voir soumises à nos désirs ou, à défaut, à leurs supposée sexualité insatiable… (Ceci vaut aussi pour les performeurs gays.)

*

Toute représentation est, on le sait bien, pour une part mensongère. La pornographie n’y échappe pas comme se plaisent à le répéter ses contempteurs et contemptrices. Mais la pornographie prétend-elle à une autre vérité que celle de l’excitation sexuelle ?

*

La loi morale et judiciaire sur le consentement a pour objectif une normalisation des comportements, ce que d’aucuns appellent une civilisation des mœurs. Ce qui est certainement souhaitable mais implique aussi une hypocrisie accentuée face à une pornographie qui joue de ces normes.

*

Les performances pornographiques sont semblables aux exploits sportifs, réels mais d’une minuscule élite. Et spectaculaires.

*

Si la pornographie se distingue d’une sexualité jugée « ordinaire », sa caractéristique la plus remarquable n’en est sans doute pas l’illustration de pratiques « extrêmes » mais bien la personnalité exceptionnelle de ses performeuses (et sans doute de ses performeurs). Pour leurs authentiques admirateurs et admiratrices, c’est la marque d’une incontestable supériorité morale. Pour les autres, c’est l’esprit maléfique de la « putasserie ». Sans oublier le fleuve boueux des hypocrites.

*

L’extrême variété des images pornographiques, pourtant niée par ses pourfendeuses et pourfendeurs, nous confronte à la « différence », à une altérité plus ou moins radicale qui mène au bizarre, à l’étrange, à l’extrême (mais néanmoins légal) : SM, bondage, fétichisme pédieux ou autre, douche dorée, flagellation, pinces et speculum, cage pénienne, scatologie, zoophilie, humiliation, soumission, difformités, inceste fictif, grand-mère abusive, grand-père ventripotent, nains obsédés, obèses lubriques, sodomie et double anal, bukkake, poing pénétrant, godes de tous les orifices… et j’en oublie. La différence est immédiatement là, et l’hétérosexuel le plus banal verra au fil d’une navigation hasardée des homosexuels aux corps lisses et musclés en pleine action. Cette confrontation à chaque fois singulière éprouve nos limites : ma propre identité vacille-t-elle en découvrant ce qui m’excite malgré moi ? ou bien l’horreur, la répugnance, l’effroyable réalité, l’abjection même me font détourner le regard (et cliquer ailleurs) ?

*

La satisfaction physique que procure le spectacle pornographique s’accompagne rarement d’un apaisement complet de l’âme qui reste souvent teintée d’une ombre honteuse. Le partage d’un tel spectacle avec un amant ou une maîtresse se branlant avec vous corrige néanmoins ce défaut.

*

La pornographie est soumise à des modes dont il est vain le plus souvent de chercher le sens. Mais la pornographie, loin d’être éternelle, passera également de mode au profit de nouvelles passions exigeantes.

*

Au pays de la pornographie, toute honte est bue.

*

Toute pornographie n’est pas bonne à voir.

*

Que soit louée la générosité pornographique des actrices et acteurs offrant leurs orifices à l’œil de la caméra et à la pénétration pénienne, digitale ou autre !

Taille originale : 29,7 x 21 cm
Prise en main…