lundi 26 juin 2023

De l'importance d'être beau

Au passage
« À force de nager je suis plutôt bien gaulée. Je dis ça au passage. C’est important d’être beau. Beau et fort. Je me serais foutue en l’air depuis longtemps sinon. Chaque jour je me sauve. Bien sûr il faut recommencer le lendemain. Et puis les filles. Seulement deux cet automne-là. Mais c’était bien. C’était nécessaire. C’était vital tout ce temps avec elles. À vérifier que j’étais vivante. Je ne vois pas ce qu’on peut faire d’autre quand on est un peu déprimé que ce small talk avec quelqu’un qu’on ne connaît pas. Ça déstresse, le sexe. Et puis c’est gratuit, c’est comme la messe. Je vais aussi dans les églises d’ailleurs. Je mets un cierge, je demande la rémission de mes péchés.
[…] »
“ Le plus beau singe est laid au regard du genre humain »
« C’est quelque chose en elles qu’elles ne veulent pas voir. Qui se voit dans leur dégaine, leur façon de marcher, leurs fringues, dans leur façon de parler. Pas des camionneuses, non, et moins ambiguës que moi sans doute, que moi maintenant ou que moi toujours, mais toujours un petit truc. Je ne dis rien. Je ne leur dis pas, ça les vexerait, je ne sais pas pourquoi, c’est si beau pourtant. C’est comme mes potes pédés qui croient que ça ne se voit pas. Qui tiennent à ce que ça ne se voie pas. Ça ne les intéresse pas, on dirait. Elles couchent avec moi sans se poser de questions. Elles font ça comme si ça ne changeait rien que je sois une femme, comme si ça ne disait rien d’elles. Comme si l’homosexualité n’existait pas. Comme si c’était juste de l’amour. Parfois j’en aime une plus que l’autre. Parfois j’aime les deux. Parfois je n’en aime aucune. Parfois je les largue. L’une ou l’autre. Par souci de clarté. Et puis je les reprends. Elles insistent. Elles m’aiment. Elles ne me demandent rien. Rien que ma bouche mes mains mon cul.
[…] »
Taille originale : deux fois 29,7 x 21 cm
« J’ai grandi dans des familles où les femmes étaient viriles, où elles chassaient, elles conduisaient, elles fumaient, où les hommes pouvaient préférer dessiner, lire Rimbaud et ne pas aimer la chasse. C’était gender fluid, la noblesse de maman et la bourgeoisie de papa. Au moins dans l’allure, mais c’était déjà beaucoup pour moi, c’était un bon point de départ. J’ai eu ma première carabine à quinze ans. Cadeau de ma mère, ancien mannequin toujours parfumée toujours maquillée. À ton âge il serait temps que tu apprennes à tirer. Conduire, naturellement, je savais déjà. »

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