jeudi 10 octobre 2024

Tu aimes peut-être les ennuis ?

Exhibition ?
Version ancienne

 

« Le docteur Evans et Joseph étaient assis sous la véranda lorsque Catherine démarra. Elle klaxonna et les salua de la main.
“Tu ne crois pas que tu devrais t’en tenir aux adultes pour ce qui est de la bagatelle, gros malin ?”
“Oui.” Joseph savait qu’il fallait s’attendre à une réflexion de ce genre.
“Quand elles sont aussi jeunes que ça, et aussi détraquées que ça, on risque des ennuis. Je soigne sa mère.”
Le docteur sirota son verre. “Bien sûr, tu aimes peut-être les ennuis. Alors tu peux être sûr que tu vas en avoir. Ça fait combien de temps que ça dure cette histoire ?”
“Depuis octobre. C’était son idée à elle.”
Un nouveau cadre
Le docteur siffla et persifla. “Tu as quarante-trois ans et elle en a dix-sept, et tu voudrais me faire croire que c’était son idée. Tu dérailles, mon garçon.”
“Comment va ma mère ?” Il vida son verre et se leva pour s’en servir un autre.
“Elle ne passera pas le mois. Et toi non plus si le major découvre le pot-aux-roses.”
En perspective
Autre mise en scène
Le docteur riait à cette idée. “Bien sûr, il a probablement des doutes sur la nature profonde de sa fille. Peut-être se contentera-t-il de tirer dans ta jambe valide.” Il se remit à rire. “Elle n’a pas l’air mal du tout, surtout pour la région. Elles ont tendance à engraisser assez jeunes par ici. Tu prends des vitamines ? […] Bien sûr, tu sais que ça ne peut pas durer et qu’il faudra en finir d’une manière ou d’une autre.”
Effet de miroir
Joseph, d’abord troublé, se rebella. “Si ça doit finir un jour, autant que ça dure le plus longtemps possible, parce que c’est bon et parce que j’ai déjà perdu trop de temps dans ma vie, à attendre comme un con.”
“Ne monte pas sur tes grands chevaux. J’ai presque soixante-dix ans et je me débrouille encore pas trop mal quand l’occasion se présente et elle se présente plus souvent qu’on ne pourrait le croire. Mon père me disait qu’on ne regrette pas les coups qu’on tire quand on est vieux, on regrette seulement ceux qu’on n’a pas tirés.”
Le docteur lui donna une tape sur la jambe et lança :
“Et si on s’en prenait un autre ?”
Regarder, photographier
Joseph emporta son verre. “Tu veux toujours aller au Canada en juin ?”
“Si tu ne te fais pas descendre.” Le docteur le suivit à l’intérieur de la maison et désignant les côtelettes de daim que Joseph avait fait dégeler sur le comptoir de la cuisine : “Est-ce que je peux rester pour le dîner ?”
“Bien sûr. À condition que je ne t’entende plus dire que je vais me faire descendre.” »
Vice et versa

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