vendredi 10 novembre 2023

Sale et cochon !

Le mot interdit
Taille originale : 29,7 x 21 cm
« Il rejoignait le prince, lorsque, en passant devant le foyer, il entendit Satin crier :
– En voilà un vieux sale ! Fichez-moi la paix !
C’était le marquis de Chouard, qui se rabattait sur Satin. Celle-ci avait décidément assez de tout ce monde chic. »
« C’étaient des bavardages, des confidences sans fin, pendant que Satin, en chemise, vautrée et les pieds plus hauts que la tête, l’écoutait en fumant des cigarettes. Parfois, elles se payaient de l’absinthe, les après-midi où elles avaient des chagrins, pour oublier, disaient-elles; sans descendre, sans même passer un jupon, Satin allait se pencher au-dessus de la rampe et criait la commande à la petite de la concierge, une gamine de dix ans qui, en apportant l’absinthe dans un verre, coulait des regards sur les jambes nues de la dame. Toutes les conversations aboutissaient à la saleté des hommes. »
« Mais, à la première saleté, je te le planterais là, avec un : “Monsieur, pour qui me prenez- vous ?” tu sais, de ton grand air, qui lui couperait bras et jambes. »
« Il est d'un cochon ! »
Taille originale : 21 x 29,7 cm
« C’était comme un coup de folie charnelle passant sur la ville. Elle avait bien un peu peur, car les plus comme il faut étaient les plus sales. Tout le vernis craquait, la bête se montrait, exigeante dans ses goûts monstrueux, raffinant sa perversion. »
« Satin l’écoutait avec complaisance, la consolait, s’indignait plus fort qu’elle, tapant sur les hommes.
– Oh ! les cochons, oh ! les cochons !... Vois- tu, n’en faut plus de ces cochons-là ! »
« Alors, elle continua, en montrant les tribunes d’un geste dédaigneux :
– Puis, vous savez, ces gens ne m’épatent plus, moi !... Je les connais trop. Faut voir ça au déballage !... Plus de respect ! fini le respect ! Saleté en bas, saleté en haut, c’est toujours saleté et compagnie… »
« Hein ? comment ? toi aussi ! cria-t-elle, c’est donc un mal de famille ?... Mais, jamais ! en voilà un goût ! est-ce que je vous ai demandé une saleté pareille ? »
« Eh ! non, je ne veux pas !... Est-ce que je suis faite pour cette machine ? Regarde-moi un peu, je ne serais plus Nana, si je me collais un homme sur le dos... Et, d’ailleurs, c’est trop sale... »
Choc des civilisations ou jeu d’adultes ?
Taille originale : 21 x 29,7 cm
« Dans son mépris de ces cochons, comme elle les nommait, elle ne pouvait pourtant rester le cœur libre, ayant toujours quelque amant de cœur sous ses jupes, roulant aux béguins inexplicables, aux goûts pervers des lassitudes de son corps. »
« Voyons, tu étais là, dis la vérité... Est-ce moi qui les poussais ? n’étaient-ils pas toujours une douzaine à se battre pour inventer la plus grosse saleté ? Ils me dégoûtaient, moi ! Je me cramponnais pour ne pas les suivre, j’avais peur... »
« Hier, je le rencontre, il tourne la tête. Eh ! va donc, cochon ! Je suis moins sale que toi ! »
« – Nom de Dieu ! ce n’est pas juste ! La société est mal faite. On tombe sur les femmes, quand ce sont les hommes qui exigent des choses... Tiens ! je puis te dire ça, maintenant : lorsque j’allais avec eux, n’est-ce pas ? eh bien ! ça ne me faisait pas plaisir, mais pas plaisir du tout. Ça m’embêtait, parole d’honneur ! »
« Nous voilà avertis : ce n’est pas le souci historique, ni le souci topographique, ni le souci documentaire, encore moins celui d’organiser une scène vraisemblable qui animent l’artiste. L’essentiel de son génie est ailleurs, au point que — il n’est pas inutile de le remarquer — c’est tout naturellement que nous lui passons ce que, chez d’autres, nous dénoncerions comme des bizarreries. Tel est l’effet de l’art : dès qu’une œuvre est valable, elle nous fait oublier nos revendications habituelles pour concentrer notre attention sur le seul apport qui lui appartienne en propre. Négligeons d’achopper à la vraisemblance du lieu, du décor, de l’action, pour nous interroger sur le charme de cette toile, dont la présence est à la fois si impérieuse et si subtile.
Pour l’essentiel, ce charme tient à la poésie voluptueuse discrètement relevée de sensualité qui émane du tableau. Malgré l’audace de la mise en page, nulle lascivité pourtant : Vénus n’est pas déshabillée ; elle est nue, et la compagnie du musicien en habit de fête, la direction apparemment si hardie de son regard, loin d’introduire le trouble, évoquent une atmosphère dont tout licencieux est banni. Tel un morceau d’ambre, la Vénus que l’artiste a peinte ici s’offre dans toute la splendeur de sa maturité.  »

Taille originale : 29,7 x 21 cm

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