mercredi 1 novembre 2023

Érotisme polyvalent

Taille originale : 29,7 x 42 cm & 29,7 x 21 cm
« En ce qui concerne l’appendice, justement, l’approche a un peu changé. Cette extension particulière du caecum qui a évolué plus de trente fois dans différentes familles d’animaux n’est sûrement pas inutile. Elle contribue sans doute à préserver la flore intestinale, qui permet au tube digestif de redémarrer en cas de dysenterie sévère. Aujourd’hui, l’appendice est considéré comme une partie fonctionnelle du corps.
Je dirais la même chose pour le clitoris. D’abord parce qu’on le trouve chez tous les mammifères, de la souris à l’éléphant. Ensuite parce que c’est un organe “précieux ”. Le clitoris est infiniment plus impliqué et plus sensible que le mamelon masculin. C’est une merveille d’ingénierie évolutive. Le clitoris n’a rien à envier au pénis avec ses milliers de terminaisons nerveuses qui captent des signaux. Il est alimenté par des nerfs remarquablement épais, ce qui prouve son importance pour le corps et l’esprit. Il présente même une densité de cellules sensorielles plus élevée que le pénis, si bien qu’il y a peu de chances qu’il soit accidentel.
« Tu m’as banni loin de la paix,
je ne sais plus quel goût a le bonheur.
Alors j’ai dit : C’en est fini de tout mon avenir :
je n’espère plus rien de l’Éternel. »
Le clitoris a sans doute évolué pour que les rapports sexuels soient agréables et addictifs. L’hypothèse sous-jacente est celle d’une sexualité féminine entreprenante, qui cherche jusqu’à trouver ce qu’elle aime. Cette prémisse expliquerait aussi pourquoi les espèces à l’érotisme polyvalent ont un clitoris plus important. Cela vaut aussi bien pour nous que pour les dauphins ou les bonobos, deux espèces qui se livrent à des stimulations génitales, des caresses sexuelles ou des rapports sexuels permettant de créer des liens et de vivre en paix. Ce n’est pas un hasard si le clitoris du dauphin est le plus gros que nous connaissions, ni si les bonobos ont un clitoris aussi proéminent. Chez les jeunes femelles, il dépasse frontalement et ressemble à un petit doigt. Plus tard, il se fond dans le tissu gonflant environnant et devient plus difficile à repérer, mais il double de volume en cas d’excitation. Il n’est alors plus mou et souple, mais rigide et raide. Le clitoris du bonobo répond aux stimulations comme le pénis en érection: son gland et sa tige durcissent. Souvent, au cours d’un rapport sexuel avec un mâle, les femelles tendent la main vers le bas pour stimuler les testicules de leur partenaire ou se stimuler elles-mêmes.
« Prends-moi et fais de moi tout ce que tu veux,
Devant, derrière, je me soucie peu
Du lieu où tu feras ton affaire,
Car pour moi, devant, derrière, j’ai le feu,
Et tous les vits qu’ont mulets, ânes et bœufs
N'éteindraient pas de mon ardeur seulement un peu. »
Les expériences menées sur des singes montrent que nous ne sommes pas la seule espèce dans laquelle le cœur des femelles bat plus vite quand le rapport sexuel est à son apogée. Les singes aussi ont des contractions utérines et répondent aux critères définissant l’orgasme selon William Masters et Virginia Johnson. Personne n’a tenté de telles expériences avec des bonobos ou des dauphins, mais je doute qu’ils fassent exception.
Il suffit de voir deux femelles bonobos en train de se livrer à des frottements GG [génito-génital]. Elles arborent un sourire béat et poussent des cris perçants tandis qu’elles frottent frénétiquement leurs clitoris l’un contre l’autre tout en se regardant dans les yeux. Des analyses vidéo minutieuses réalisées par Sue Savage-Rumbaugh au Centre national de recherche sur les primates Yerkes montrent que ces échanges sont essentiels. Ce sont des contacts initiés mutuellement, une véritable association à deux. »
L’inaccessible étoile ?

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