jeudi 3 mars 2022

Pollution et jouissance

« Ces philosophes sont tristes, sévères, durs ; nous serons gais, doux, complaisants. Tout Âme, ils font abstraction de leur corps ; tout corps, nous ferons abstraction de notre Âme. Ils se montrent inaccessibles au plaisir et à la Douleur ; nous nous ferons gloire de sentir l’un et l’autre. S’évertuant au sublime, ils s’élèvent au-dessus de tous les événements, et ne se croient vraiment hommes, qu’autant qu’ils cessent de l’être. Nous, nous ne disposerons point de ce qui nous gouverne ; nous ne commanderons point à nos sensations ; avouant leur empire, et notre esclavage, nous tâcherons de nous les rendre agréables, persuadés que c’est là où git le Bonheur de la vie. »
Théorie critique
Taille originale : 21 x 36 cm
« Quoique le bonheur ne doive pas être placé en général dans la volupté des sens, il y a cependant de fortunés mortels pour qui c’est un besoin si urgent que, sans cet acte vénérien qu’il leur faut répéter tous les jours, ils seraient malheureux et fort à plaindre. Au contraire, donnez une ample carrière à leur luxure, ils sont heureux, non seulement dans la volupté et par la volupté même, mais dans le sein de la débauche, de la folie et du désordre. Quelle preuve en demandez-vous ? Leurs jours s’écoulent, presque sans qu’ils s’en aperçoivent, parce qu’ils sentent vivement et ne réfléchissent point. Ils sont de toutes les fêtes, de tous les festins, de tous les plaisirs. »
L'agir communicationnel
Taille originale : 21 x 36 cm
« Et toi-même, voluptueux, puisque sans plaisirs vifs, tu ne peux parvenir à la vie heureuse, laisse là ton Âme et Sénèque, chansons pour toi que toutes les vertus stoïques ! ne songe qu’à ton corps. Ce que tu as d’âme ne mérite pas en effet d’être distingué. Que la pollution et la jouissance, lubriques rivales, se succédant tour à tour, te faisant nuit et jour fondre de volupté, rendent ton âme aussi lascive qu’il se peut et, pour ainsi dire, aussi gluante que ton corps. Enfin, puisque tu n’as point d’autres ressources, tires-en parti : bois, mange, ronfle, rêve, et si tu penses quelquefois, que ce soit comme entre deux vins ; et toujours, ou au plaisir du moment présent ou, si tu as cet esprit d’économie, au désir ménagé pour l’heure suivante. Mais si, non content d’exceller dans le grand art des voluptés, la crapule et la débauche n’ont rien de trop fort pour toi, l’ordure et l’infamie sont ton partage ; vautre-toi comme font les porcs et tu seras heureux à leur manière. Je ne te dis au reste que ce que tu te conseilles à toi-même, et que ce que tu fais, mais de manière à t’en inspirer de l’horreur, si tu m’entends : je perdrais mon temps et ma peine à prendre un autre ton : parler de tempérance à un débauché, c’est parler d’humanité à un tyran. »

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