mardi 2 octobre 2018

L'art est-il sociable ?

taille originale : 29,7 x 21

« Quelles que soient donc les tentatives pour faire obstacle à cette désillusion, l’utopie est bel et bien morte.
Sa mort correspond à la fin d’une représentation de l’art et la fin d’une croyance en lui. Et elle ne date pas d’hier. Quand on y réfléchit juste un peu, il est même étrange que les vieilles croyances aient encore d’influence, qu’elles servent de fond de doctrine à l’État culturel, qu’on s’imagine pouvoir produire du consentement à partir d’un “service public de la création”, que certains osent faire comme si Fountain de Duchamp pouvait engendrer l’accord esthétique des esprits ! Qui y croit une minute et de qui se moque-t-on ?
En fait le pathos et la persistance du pathos tiennent à ce que la question est politique plus qu’esthétique : elle touche à nos croyances sur les raisons et les bases du vivre-ensemble.
Un peu de patience…
taille originale : 29,7 x 21

Ce dont l’art (et pas seulement l’art contemporain) tient lieu, c’est d’un motif de croire en une sympathie et une communication, c’est-à-dire, au sens kantien, en des principes de sociabilité qui ne tiendraient ni à la religion, ni à la nation, ni à la langue, ni à la parenté, ni à l’intérêt, ni à la dépendance du commerce, ni à la raison. L’esthétique définirait, pour ainsi dire, une politique négative : celle du rêve. L’art, au sens de cette expérience proprement esthétique, représenterait un principe de sociabilité intermédiaire entre la factualité des déterminations sensuelles et viscérales, et la pure logique de la raison, entre les liens de la société naturelle et ceux de la société choisie et voulue, entre le donné subi et le principe choisi. Le rêve (car sous ce jour, il ne s’agit plus d’utopie mais de rêve) est séduisant mais est-ce autre chose qu’un rêve ? Peut-on vraiment asseoir la communauté sur ce principe imaginaire ? »

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