dimanche 20 février 2011

Un tourbillon attirant

dessin erotique pornographique penetration
taille originale : 36 x 27 cm

« En quoi cet instant était différent d'autres instants similaires, durant lesquels, exactement comme à cet instant-là, il se décidait que j'étais sur le point de coucher avec une femme ? Je dis, “il se décidait” car même s'il est vrai — et naturellement, rien n'est plus naturel —, que je suis pour une bonne part dans ce genre de décision, et que j'apparais carrément comme l'initiateur, c’est du moins ce qu’il semble, ce n’est toutefois pour ainsi dire jamais une décision, au contraire, cela se présente à moi comme une aventure qui rend toute décision impossible, comme un tourbillon qui s’ouvre devant mes pieds, et alors, telle une cascade, mon sang assourdit en moi toute autre réflexion, et je connais parfaitement à l’avance l’issue de cette aventure, si bien qu’en ce qui concerne la décision, je ne déciderais sans doute pas, si j’en avais la possibilité, de me décider à une telle aventure. Mais c’est peut-être justement cette contradiction, ce tourbillon qui m’attirent. Je ne sais pas, je ne sais pas. Car cela m’est déjà arrivé plus d’une fois, la même chose et de la même façon, si bien que je dois déduire de cette répétition régulière une sorte de loi qui me meut et me dirige en secret : une femme, avec son sourire timide, sa démarche glissante, ses cheveux défaits, avec le masque archaïque de la servante aux pieds nus demande doucement et modestement qu’on la laisse entrer, que dois-je dire pour ne pas devoir dire cette banalité que je dirai quand même, car que pourrais-je dire d’autre, puisque cette ruse marche depuis la nuit des temps, et de surcroît, merveilleusement : elle demande que je la laisse entrer dans mon ultimum moriens, c’est-à-dire dans mon cœur, là elle regarde autour d’elle avec un sourire aimable et curieux, elle touche à tout avec ses mains délicates, elle aère les coins renfermés, époussette ceci, jette cela pour y mettre ses propres affaires, elles s’y installe joliment, confortablement et irrésistiblement, jusque qu’à ce que je me rende compte qu’elle m’en a complètement chassé, si bien que c’est avec angoisse, comme un étranger exilé, que je rôde autour de mon propre cœur qui ne m’apparaît plus que comme une lointaine porte fermée, comme aux sans-logis les foyers chaleureux des autres ; et bien souvent, je ne pouvais réemménager que si je venais en tenant par la main une autre femme que j’installais à son tour. »

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