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Enlèvement ou viol ? Taille originale : 32 x 24 cm |
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Les poings serrés Taille originale : 32 x 24 cm |
« Au-dessus de cette commode dessinée par son frère pend une peinture de sa sœur aînée, Maria l’Artiste, qui a habité pendant des années à quelques rues d’ici. “Il ne faut le raconter à personne [elle, avec une légère gêne], mais j’ai toujours trouvé ta tante Maria plus douée que ton oncle. Notre Maria avait une main en or, tout ce qu’elle peignait était vivant, et lui, il devait suer et se crever pour arriver à la moitié de ce résultat. On l’a vu en train de jurer devant des natures mortes d’elle, tellement elles étaient prenantes, tellement naturelles. Il a dû devenir peintre en bâtiment et pour le reste, il n’a plus fait grand-chose. N’empêche que c’est à cause de lui qu’elle s’est arrêtée, elle aussi. Ah, si cette fille avait pu continuer à peindre ! Elle n’a pas eu le moindre soutien, en plus il faut dire qu’en ce temps-là ça n’était pas courant, une femme qui fait carrière dans les beaux-arts. Notre Maria, elle aurait pu conquérir le monde. Et maintenant cette pauvre fille est dans une institution, elle ne sait plus aujourd’hui ce qu’elle a fait ou mangé hier, elle reconnaît à peine ses enfants, et ses peintures, elle ne les reconnaît plus du tout. Si un jour je deviens comme ça, il faudra que tu m’abattes tout de suite. Ça n’est pas de la pitié, laisser quelqu’un comme ça en vie, c’est de la lâcheté.”
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En perspective et en mouvement |
L’œuvre de Maria l’Artiste, au-dessus de la longue commode, est une copie des Têtes de nègres de Rubens. Quatre fois le même Africain avec une petite barbe en collier, “peintes d’après nature sous différents angles”, ainsi que les décrivent les catalogues. Un modèle noir, une âme errante du dix-septième siècle, que l’on retrouve en sage d’Orient ou en esclave sur bien d’autres tableaux du maître et qui, grâce à Tante Maria, m’a regardé durant toute ma jeunesse, sous différents angles, effectivement. Lorsque je dus rendre les verdicts, tout seul dans l’appartement abandonné, je sentais encore les quatre paires d’yeux me vriller dans le dos. C’étaient autant de condamnations d’un juge d’occasion venant des années seize cent et quelques. »
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Version contemporaine |
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En se lavant les mains |
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