samedi 28 décembre 2024

From 4 to 5 a.m.

Aux cimaises

C’est un rêve. Est-ce que je suis en train de m’endormir

ou suis-je déjà dans un sommeil profond avec la vague conscience que je suis en train de rêver ? Je

rêve de Cléo, une ancienne collègue que j’ai revue récemment à une soirée et qui m’a semblé toujours aussi belle. Je devrais dire aussi

bandante. Pas très grande, un mètre soixante-cinq

un corps tout en courbes, de gros seins, bien montés, un visage agréable, toujours souriant. L’éclat de la jeunesse, l’éclat des clichés… Déjà, à l’époque, quand on travaillait ensemble, j’avais envie de la baiser, non seulement de la baiser mais de lui faire

une faciale sur son joli sourire. Mais je pensais n’avoir aucune chance, elle semblait tellement amoureuse de son mari, un grand mec très beau à la voix claire qui portait loin. Non, je n’étais pas

à la hauteur. Et puis, je l’avais revue, toujours aussi bien roulée, c’est le mot. À cette soirée, je m’étais retrouvé derrière elle et j’avais admiré son fessier, ses hanches, ses cuisses, qui semblaient bouger de manière aussi fluide qu’un roulement à billes. Plutôt une rotule bien huilée, un

cul fuselé par un pantalon moulant. Mais mon complexe d’infériorité était toujours le même, et j’avais essayé de ne pas trop la reluquer comme un sale voyeur. Voyeur, voyeur. La porte d’entrée, je crois que j’ai oublié de la fermer à clé. Je ne sais plus. Non, elle doit être fermée. Oublie ça. Rêve à son cul, à ce cul qui s’agite devant toi.

Hors d’atteinte

Mais, dans le rêve à présent, c’est elle qui me fait de la gringue. (D’ailleurs, oui, à cette soirée-là, elle avait été trop souriante, trop aimable avec moi, trop demandeuse

« fais-moi une faciale puisque tu en as envie… moi aussi j’ai envie » aurait-elle pu me dire.)

Assise à mes côtés, sur un tabouret de bar, comme dans un film américain, elle croise les jambes pour me faire apercevoir au travers de sa jupe fendue le haut de ses cuisses. Je sais qu’elle mouille, et j’ai hâte de lui enfoncer un doigt dans la chatte entre ses lèvres trempées. Mais ce n’est pas possible d’être

ouvertement infidèles dans cette soirée où tout le monde nous sait mariés par ailleurs. Mais, dans un rêve, il est facile de changer de pièce, et, même si les murs sont transparents, il semblerait que plus personne ne nous voie. On se trouve derrière une paroi japonaise coulissante en papier translucide. Le Fuji, Pearl Harbor. Perle, perle, clitoris. Un paysage de rêve. Le désert. S’égarer. Est-ce qu’il pleut ? Revenir, remonter, retrouver le rêve. Je rêve de caresser son clitoris gonflé, mouillé entre ses cuisses.

Quels sont nos rêves ?

Elle m’embrasse, je sens sa langue qui s’immisce pleine de désir entre mes lèvres. Elle devrait murmurer comme dans ce film déjà vu « Mike, oh Mike ». Plus directement : « J’ai envie que tu me baises ». Et je sens ma queue qui bande

spontanément. Elle se dresse dure, sans que mes doigts ne doivent l’enserrer, la branler. L’incroyable sensation de l’érection spontanée, forte, dure, dressée. Pur plaisir de l’érection dans le noir. Survient par magie un type, sans visage, mais que Cléo semble bien connaître. Il est blanchâtre, presque transparent. Il est déjà nu. Il s’appelle X. Elle semble très heureuse de le voir. Elle sourit. Elle lui dit des choses agréables. Elle se met à genoux devant lui et prend sa queue en main. « Mike, Mike, mets-toi à genoux avec moi.

Oui, oui, suce-le, suce-le ! » Elle se relève, se met derrière moi et me pousse par derrière pour que j’avale la bite de X. C’est la première fois que je suce un mec. C’est une vidéo porno, c’est une bite bien grosse, bien dure, mais terriblement agréable à sucer. J’avale,

je pompe cette queue (abstraite), je mets les mains sur les fesses de X pour mieux contrôler le mouvement. Pendant ce temps, sa bouche et celle de Cléo se mélangent, leurs langues de salopes s’échangent des baisers et de la salive. Leur excitation m’excite

et érige plus fortement encore la bite que je suce. J’attends, j’espère le foutre, saumâtre, dégoulinant dans ma bouche. Mais j’en oublie ma propre queue qui est en train de s’affaiblir. Il faut relancer la machine à fantasmes. Devinant mon injonction, Cléo se retourne — elle est nue maintenant — se dresse au-dessus de moi, sa chatte au-dessus de ma bouche

et elle se met à pisser. Ma bite durcit instantanément, m’amenant au bord de l’éjaculation. (Je sais que je rêve, je garde les yeux fermés, mais la délicieuse sensation de la bandaison est bien au bas de mon ventre, et il faut que je replonge dans le sommeil, dans le rêve, pour que l’érection se prolonge, s’accentue même, pour que cette délicieuse sensation perdure indéfiniment jusqu’à la fin de la nuit, jusqu’à la fin du sommeil.) L’infâme salope me pisse dans la bouche, sur le visage, sur le corps entier, entièrement nu, je suis sa chienne, son esclave… mais non, je vais la baiser, je vais la foutre, l’enculer, sentir sa mouille sur mes doigts, lui défoncer

le cul. «  Dans mon cul, dit-elle en se retournant à nouveau. Vas-y, fourre ta langue dans mon cul ». J’écarte ses fesses de deux mains, et je commence à lui lécher le cul, mais je suis trop excité, j’ai trop envie d’enfoncer ma langue dans son trou

et de me branler. Il faut que je me branle, que je me réveille. Je dois… continuer à rêver. Le jour se lève, ne se lève pas, c’est la nuit encore, le plaisir exquis de l’obscurité. Sombre, sombre vide, Titanic. Elle revient, elle mène la danse nuptiale,

animale. « Venez, on va faire une DP… » Une double pénétration ! elle est incroyable ! alors qu’il y a plein de monde à trois mètres de nous, juste derrière ce paravent ! Il faut aller à l’hôtel, l’hôtel à côté, une chambre, un lit. On va baiser, connaître à nouveau l’excitation

des débuts de rencontre, où l’on est encore habillé, où l’on se déshabille frénétiquement, maladroitement. Toucher les seins, les gros seins qui se libèrent du soutien-gorge, les pointes qui se dressent que j’embrasse. Je ferme les rideaux rouges, cramoisis. Elle est installée sur le lit, couchée sur le dos, les cuisses bien écartées. Elle sait que j’aime voir son sexe, ouvert, mouillé, trempé même. La sensation des doigts qui s’enfoncent dans son trou humide, la délicieuse sensation qui

me fait bander, la sensation délicieuse de la bandaison. Elle m’appelle, mène la danse bestiale. « J’ai envie que tu me baises », encore.

Je me tourne à peine, et ma queue frotte contre le drap. Elle est aimantée par la chatte où se diriger, où plonger, où s’enfoncer lentement mais jusqu’aux couilles, la chatte qui s’ouvre, qui m’engloutit comme le Titanic, non, qui engloutit mon petit chalutier… Toujours ce plaisir inouï de la bandaison s’enfonçant délicieusement dans son trou humide, trop attirant, trop aimantant. Je suis entre ses cuisses, et je la baise, je la pénètre lentement, profondément, doucement, jouissivement. Je vais jouir

pas tout de suite, pas tout de suite. Prolonger l’excitation, prolonger encore et encore, pendant que X s’approche à son tour. Il s’approche de nous, dans mon dos. Je sens sa queue, sa bite dure, énorme contre mes fesses que Cléo écarte bientôt des deux mains, pour faciliter l’intromission, tout en m’attirant plus profondément en elle. Non, ce n’était pas ce qui était prévu, ce n’était pas ça la DP ! mais je ne peux pas résister, elle veut que je me fasse enculer, et je veux aussi sentir cette bite forcer le passage, ouvrir mon cul, s’y enfoncer profondément régulièrement, sans hésitation, jusqu’aux couilles. De tout son poids, X m’écrase (mais il est tellement transparent qu’il est léger comme une plume), mon visage s’abaisse contre la joue de Cléo, ma bouche s’approche de son oreille, et je murmure : « Mon dieu, mon dieu… » (elle est trop grosse, trop dure, tellement agréable). Et je l’entends me répondre en riant : « Tu es un vrai pédé

maintenant !

— Mais qu’est-ce qui te fait penser que je suis gay ? » Je baise et je suis baisé, d’avant en arrière, c’est à moi à présent d’accomplir les mouvements, d’assurer plus exactement la mouvance qui nous unit, tant mon cul et ma bite sont lubrifiés, soyeux, mouillés. Et je vais et je viens entre X et Cléo. À la poursuite de l’orgasme… Je suis hanté. Le Cul ! le Cul ! le Cul ! le Cul  ! Mais pas de poète impuissant ici ! Personne ne bande mou dans mon cul ! Jouir

enfin. Il faut que j’éjacule tant que je sens ma bite dure, tant que dure ma bite, tant que l’érection raide… élections piège à cons ! Cléo, laisse-moi éjaculer sur ton visage, ta bouche ouverte, tes cheveux, tes lèvres, tes joues. Trop de pornographie tue la pornographie ! Je m’agenouille au-dessus d’elle, je me branle, ou plus exactement, c’est X qui a pris ma place, transparent, il m’a traversé, il est devant moi au-dessus de Cléo, il se branle, il va éjaculer, il va la couvrir de sperme, de foutre, il le fait pour moi, pour que je regarde, pour que je voie les jets de foutre, il va jouir et je jouirai en même temps. Un coup de sonnette soudainement. Il a l’air tellement

réel. Je suis éveillé. Il m’a réveillé. Je ne suis plus en train de rêver. Mais personne ne sonne à cette heure-ci. Il est trois ou quatre heures du matin : quatre heures vingt. Le coup de sonnette, je l’ai rêvé, mais il avait l’air tellement vrai. Il m’a réveillé pourtant. L’érection faiblit rapidement.

J’ai besoin de pisser. Il faut que j’aille pisser. Sorti de la chambre, je me penche par-dessus la rampe de l’escalier, mais il n’y a personne évidemment à la porte d’entrée (même si je ne peux pas en être absolument sûr, mais personne ne sonne à cette heure-ci). Je descends lentement à l’entresol vers les toilettes. Foutue prostate. HPB (hyperplasie prostatique bénigne). Ça s’est bien bloqué pendant le sommeil, pendant le rêve. Il me faut du temps pour commencer à pisser. Foutue vieillesse. Quatre-vingt-quatre ans. Je n’irai plus très loin. Je pisse lentement, par à-coups. Foutue vieillesse.

Ma vie n’a-t-elle encore de sens que parce que je bande encore, parce que je ressens au milieu de la nuit, dans un demi-sommeil, l’ineffable plaisir d’une érection spontanée ? Le rêve nécessaire car la jeunesse des corps est trop éloignée. Quelle femme, quelle belle salope aurait encore envie de moi ? J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille, Et je t'emmerde en attendant. Vieux pervers, vieillard lubrique, gros cochon, maigre lard…

Je remonte. Mourir dans son sommeil. Dormir encore.

Rêver encore.

Cinquante nuances de gris… ou de brun
Taille originale : 2 fois 21 x 29,7 cm

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