mardi 2 juillet 2024

En finir avec l'ambivalence ?

Une question de point de vue ?
Taille originale : 21 x 29,7 cm
« Notre histoire était pourtant unique, et sublime. À force qu’il me le répète, j’avais fini par croire à cette transcendance, le syndrome de Stockholm n’est pas qu’une rumeur. Pourquoi une adolescente de quatorze ans ne pourrait-elle aimer un monsieur de trente-six ans son aîné ? Cent fois, j’avais retourné cette question dans mon esprit. Sans voir qu’elle était mal posée, dès le départ. Ce n’est pas mon attirance à moi qu’il fallait interroger, mais la sienne.
Encore une histoire de pomme ?
Taille originale : 29,7 x 21 cm
La situation aurait été bien différente si, au même âge, j’étais tombée follement amoureuse d’un homme de cinquante ans qui, en dépit de toute morale, avait succombé à ma jeunesse, après avoir eu des relations avec nombre de femmes de son âge auparavant, et qui, sous l’effet d’un coup de foudre irrésistible, aurait cédé, une fois, mais la seule, à cet amour pour une adolescente. Oui, alors là, d’accord, notre passion extraordinaire aurait été sublime, c’est vrai, si j’avais été celle qui l’avait poussé à enfreindre la loi par amour, si au lieu de cela G. n’avait pas rejoué cette histoire cent fois tout au long de sa vie ; peut-être aurait-elle été unique et infiniment romanesque, si j’avais eu la certitude d’être la première et la dernière, si j’avais été, en somme, dans sa vie sentimentale, une exception. Comment ne pas lui pardonner, alors, sa transgression ? L’amour n’a pas d’âge, ce n’est pas la question. »
Tête en l’air…
« Mais je ne suis pas de taille pour une joute verbale. Trop jeune et inexpérimentée. Face à lui, l’écrivain et l’intellectuel, je manque cruellement de vocabulaire. Je ne connais ni le terme de “pervers narcissique”, ni celui de “prédateur sexuel”. Je ne sais pas ce qu’est une personne pour qui l’autre n’existe pas. Je pense encore qu’il n’y a de violence que physique. Et G. manie le verbe comme on manie l’épée. D’une simple formule, il peut me donner l’estocade et m’achever.
Impossible de livrer un combat à armes égales.
Cependant, je suis assez grande pour entrevoir l’imposture de la situation et comprendre que tous ses serments de fidélité, ses promesses de me laisser le plus merveilleux des souvenirs n’étaient qu’un mensonge de plus au service de son œuvre et de ses désirs. Je me surprends maintenant à le haïr de m’enfermer dans cette fiction perpétuellement en train de s’écrire, livre après livre, et à travers laquelle il se donnera toujours le beau rôle ; un fantasme entièrement verrouillé par son ego, et qui sera bientôt porté sur la place publique. Je ne supporte plus qu’il ait fait de la dissimulation et du mensonge une religion, de son travail d’écrivain un alibi par lequel justifier son addiction. Je ne suis plus dupe de son jeu. »
Version originale anglaise
Au balcon
« Je n’en ai pas encore fini avec l'ambivalence. »
Plan large

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