dimanche 30 décembre 2018

De l’égalité naturelle entre sodomites

Piron saisit Panard et le réduisit en esclavage. Il essaya immédiatement les effets de son terrible discours sur sa victime.

Devant et derrière les murs hôteliers

taille originale : 21 x 29,7


« Si tout ce qui est humain est culturel, est construction sociale et est — dans un système d’équivalence qui est par ailleurs contestable — arbitraire, alors l’idée même d’égalité, qui nous semble si naturelle, si vraie, si juste, est elle-même arbitraire. Bien entendu, cela ne signifie pas que l’inégalité soit, quant à elle, naturelle comme toutes les idéologies racistes ou sexistes (nées, comme je le montrerai, en réaction à l’affirmation principielle d’égalité) l’ont prétendu : on peut montrer facilement par exemple que les races sont des artefacts construits sur des traits superficiels comme la couleur de la peau. Mais l’idée d’égalité n’en est pas moins une construction sociale et historique. C’est le premier point que j’aborderai. Cela signifie-t-il cependant que l’exigence d’égalité soit aussi arbitraire que la priorité de droite (et non de gauche) dans le code de la route ? C’est le second point que j’essaierai d’éclaircir.
Si l’on considère les sociétés “premières” (sans écriture), les hiérarchies sont fondamentales et s’opposent à toute idée d’un communisme primitif. Ce sont les hiérarchies entre les sexes, ce sont aussi les hiérarchies entre les générations : les anciens, les “parents” (qui comprennent souvent les oncles, les tantes plus ou moins éloignés, les frères aînés parfois) imposent les normes et l’organisation générale du ou des groupes. Les rites de passage, qui sont généralement réservés aux garçons, consacrent ces hiérarchies à la fois de genres et de générations, tout en scellant la division essentielle et inégalitaire entre le groupe d’appartenance et les autres groupes (ce que Pierre Clastres entre autres a totalement négligé). Dans ces sociétés, l’idée d’une égalité formelle paraît improbable sinon impossible, notamment parce que les hiérarchies s’appuyaient ou reposaient sur des formes de transcendance magique ou religieuse. Ce sont les mythes, les ancêtres morts, des êtres que nous qualifierions de surnaturels ou de mythiques, des divinités diverses qui justifient, expliquent, légitiment l’organisation sociale du groupe. Ces “êtres” transcendants sont constitutifs d’une hiérarchie (imaginaire à nos yeux sceptiques) entre les morts et les vivants (ou entre les divinités et les hommes) et justifient par là-même les hiérarchies existantes. Dans ces sociétés aussi fortement organisées et divisées (entre générations et entre sexes, mais aussi entre “clans”, “moitiés”, “familles”, êtres naturels et mythiques), l’idée abstraite d’égalité entre les individus est pratiquement inconcevable.
On sait que la démocratie athénienne n’est pas fondée sur une égalité de nature ou de principe entre les hommes, mais sur l’isonomie, c’est-à-dire l’égalité politique entre les citoyens. La question sociale de l’inégalité entre riches et pauvres a engendré une crise (ou plusieurs) mais “l’affirmation des méfaits causés par la concentration des riches aux mains de quelques-uns ne débouche pas sur une quelconque revendication sociale. Seule l’application stricte de la loi est réclamée, pour rétablir l’isonomie, fondement de la démocratie”. Il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une société guerrière, d’une société en guerre, où la vertu guerrière, le courage mais aussi la capacité à commander, différencie fortement les hommes, même si cette capacité dépend aussi pour une part de la fortune nécessaire pour s’acheter l’armure (jusqu’à ce que le développement des navires au moment des guerre médiques ouvre la “carrière” de rameurs à tous).
Et puis, l’on a suffisamment répété que cette démocratie excluait les femmes et les métèques, extérieurs à la communauté athénienne : l’égalité était une exigence politique réservée aux seuls citoyens, entendus dans un sens restrictif. Et c’était une spécificité athénienne — non un fait de nature comme le dira Rousseau —, héritée d’un grand ancêtre, Solon : il réforme une société par sagesse, mais d’autres “sages” peuvent quant à eux défendre l’autre grande forme politique présente chez la rivale Sparte, l’oligarchie. La démocratie est une forme presque contingente d’organisation politique qui ne s’impose pas de façon universelle aux humains.
Le monothéisme, notamment le christianisme, est sans doute porteur d’une conception nouvelle, égalitaire des fidèles. Le sacré dispersé jusque-là dans une multitude de divinités s’efface ou se concentre en une seule figure paternelle qui juge tous les hommes à l’aune de leur foi et secondairement de leurs actes. Pauvres, exclus, enfants et simples d’esprits, et même les femmes plus ou moins pécheresses, ont au regard de Dieu la même valeur que les riches et les puissants. C’est la première étape du désenchantement du monde dont parlait ce philosophe français vaguement anthropologue. Mais bien sûr, il faut rendre à César ce qui appartient à César, et il n’est pas question de révolution sociale Et bien sûr encore, il n’y a d’égalité qu’aux yeux de Dieu, en particulier au moment du jugement dernier qui va départager de la plus cruelle des façon les bons et les méchants ! Et comme cette figure transcendante est fondamentalement discriminante, on n’hésitera pas, au nom de ce Dieu unique, à massacrer les infidèles, à brûler les sorcières, à asservir les Indiens et à transformer les Noirs en esclaves… La cupidité — pour reprendre un terme désuet — est certainement la véritable cause de la colonisation et de l’esclavage, mais la religion chrétienne n’était pas porteuse d’une conception suffisamment forte, malgré Bartolomé de Las Casas (qui, quant à lui, n’aime pas “les Maures et les Turcs”), d’une humanité commune pour s’y opposer de façon déterminante et évidente pour tous.
Comment l’idée d’une égalité naturelle entre les hommes, telle qu’affirmée par Rousseau, a-t-elle pu émerger historiquement ? On peut au moins souligner deux étapes. La première se dessine avec les guerres de religion qui déchirent l’Europe et qui révèlent l’acuité des disputes au sein même de la communauté des croyants : c’est bien l’Église qui se déchire, et cela génère des fanatiques mais aussi des sceptiques (prudents comme Montaigne). La découverte du Nouveau Monde s’y ajoute, et les Indiens, totalement à l’écart du monde connu jusque-là (par les Européens bien sûr) posent, par leur altérité, la question d’une humanité commune : si les Conquistadores ne voient que sacrifices humains et cannibalisme, d’autres soulignent leur innocence de brebis et inventent déjà le mythe du bon sauvage. Mais il est toujours bien question de les évangéliser, de leur faire découvrir la vraie foi.
Il faudra donc que Dieu se retire du monde, qu’il devienne un Dieu caché, pour que l’humanité devienne le seul principe d’évaluation des humains (mais aussi des autres créatures terrestres). C’est bien la révolution copernicienne et ses suites, c’est la Science devenue maîtresse de l’univers par la connaissance qui va entraîner le désenchantement du monde. Aucun principe religieux transcendant ne permet alors d’affirmer l’égalité ou au contraire l’inégalité entre les hommes. Ou plus exactement, l’inégalité entre les hommes, qui est évidemment visible depuis des temps antiques, se pose alors en des termes nouveaux. Il y a tout au long de l’Ancien Régime d’importantes transformations sociales qui voient émerger ou plutôt se développer ce que nous appelons la bourgeoisie — mais l’on devrait plutôt dire différentes formes de bourgeoisie — dont les membres vont être confrontés aux privilèges mais aussi à l’arrogance nobiliaires : cette caste va, en France en particulier, vouloir restreindre l’accès des roturiers à son cercle fermé, engendrant ce paradoxe souligné par Tocqueville, à savoir l’écart entre des “mœurs” qui faisaient de la France “la nation la plus véritablement démocratique de l’Europe” et des institutions — la hiérarchie des ordres — qui restaient inégalitaires et qui exacerbaient, comme chez Rousseau, la sensibilité à des différences qui pourtant s’amenuisaient.
La Nature, dont la révolution copernicienne avait semble-t-il révélé les lois “éternelles”, devient ainsi la mesure des choses et permet aux Lumières et à Rousseau en particulier d’affirmer l’égalité “naturelle” entre les hommes. C’est ce qu’affirme de manière très forte et relativement nouvelle la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : “Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits…” Tous naissent égaux : c’est un principe premier, fondamental, c’est un principe universel comme l’explicite la déclaration elle aussi à prétention universelle des Droits de l’homme de 1948. Mais pour cela, il faut que les inégalités, comme c’est le cas des hiérarchies d’ordres dans l’Ancien Régime, soient désormais perçues comme des constructions sociales, purement profanes, et non plus comme des réalités fondées sur une transcendance quelconque (les grands ancêtres, l’appartenance au groupe, à l’ethnie, à la tribu, le sacré, la divinité…).
C’est là un formidable outil d’universalisation : dès la Révolution française, Olympe de Gouges peut écrire une déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, alors que celles-ci ont été “naturellement” exclues de la sphère politique par les révolutionnaires. Et les esclaves des colonies, à Saint-Domingue en particulier, vont se révolter, bien sûr parce qu’ils sont réduits en esclavage, mais aussi au nom des droits de l’homme, même si bien sûr cette revendication fut très variable selon les individus en cause. Mais, face aux événements qui se précipitent, la Convention abolira “logiquement” l’esclavage dans toutes les colonies françaises en 1794, évidemment contraire aux droits de l’homme, avant que Napoléon ne le rétablisse quelques années plus tard… Plus tard, les leaders et les intellectuels partisans des l’indépendance coloniale soutiendront leurs revendications par la même argumentation, la même “arme” logique, retournée contre le colonisateur qui le premier l’avait affirmée. Aujourd’hui, l’antispécisme, qui prétend affirmer le droit des animaux, est également une généralisation de ce principe d’une égalité “naturelle”, essentielle, entre les êtres humains, étendue à tous les êtres vivants…
Bien entendu, les partisans de l’inégalité ou des inégalités, tant elles sont multiples et diverses, ne se sont pas rendus aux arguments de leurs adversaires, mais ils ont dû, comme on dit, changer leur fusil d’épaule. Ce n’est plus dans une quelconque transcendance sacrée qu’ils peuvent trouver un principe justificateur, et ils doivent recourir à des différences fondées en “nature”. C’est Rousseau lui-même qui justifiera les différences d’éducation entre Émile et Sophie par la différence des sexes, réduisant, on le sait, la femme à son rôle de compagne de l’homme et de mère des enfants. Et bien sûr, le racisme, réaction virulente au principe d’égalité, va s’appuyer sur des races supposées naturellement différentes et inférieures : c’est une nature désacralisée, profane, qui sert encore ici à justifier non pas l’égalité des hommes mais leur inégalité.
Mais ce qui m’importe ici, c’est de bien faire voir que l’égalité n’est pas du tout une idée qui s’impose spontanément, “rationnellement”, “naturellement”, “logiquement” aux hommes : c’est une construction historique, relativement récente, qui résulte du désenchantement du monde, de sa désacralisation, ainsi que d’une opposition tout à fait nouvelle entre une supposée nature obéissant à des lois universelles et inébranlables et une société (ou une culture) perçue comme purement arbitraire. »
Devant et derrière les murs hôteliers

taille originale : 29,7 x 21

Pendant tout son discours, Piron usa à sa guise de Panard qu’il dirigeait par de brèves indications. Il l’obligea d’abord à se déshabiller entièrement et à se mettre à quatre pattes pour exhiber son cul entièrement rasé. Puis il lui ordonna de s’enfoncer un plug rose dans l’anus, de le sortir et de le rentrer à plusieurs reprises jusqu’à ce que son trou soit obscènement ouvert. Piron y enfonça à son tour deux puis trois puis quatre doigts que son esclave dut ensuite sucer. Il l’injuria des mots les plus dénigrants de l’homosexualité masculine. Mais la queue de Panard, loin de mollir à l’écoute de ces injures, se redressait vivement comme un chien à l’affût. Son maître en profita pour enserrer ses couilles et sa bite avec une cordelette qui fit ressortir de façon élégante sa jolie triplette. Piron ne put résister à ce charmant spectacle, et bien qu’il fût toujours habillé, il se baissa pour avaler goulûment l’engin dressé impertinemment vers le ciel. Pris d’une subite fureur, il le suça rageusement avant de le mordre à la base du gland. L’esclave hurla et se mit à pleurer. Piron le consola en suçant doucement le membre blessé. Mais la blessure était légère, et c’est l’effroi plus que la douleur qui avait suscité les cris de l’innocent Panard. Son maître estima bientôt qu’il était trop douillet et qu’il devait faire montre d’un peu plus de courage dans les épreuves auxquelles son statut servile l’exposait. Et il commença à mordre la grosse couille rondement exhibée par les liens. Préparé à l’épreuve, l’éphèbe[1] serra les dents jusqu’à ce qu’un gémissement longtemps retenu signifia la victoire de son maître.
Celui-ci retrouva toute sa superbe, se redressant et ordonnant à son esclave de se mettre à genoux. Il en profita pour lui menotter les poignets derrière le dos. Puis il ouvrit enfin son pantalon et exhiba sa bite qui était en train de durcir. Il cracha sur le visage de Panard, puis frotta sa queue dessus avant de s’enfoncer dans sa bouche ouverte. Il le saisit par les cheveux pour maintenir sa tête en place tandis qu’il allait et venait jusqu’au fond de sa gorge, profondément, rapidement, sans discontinuer. Il lui ordonna sobrement : Suce.

taille originale : 29 x 40

Il reprit son discours.
« L’égalité est-elle donc arbitraire comme tout autre idée sociale ? L’égalité n’a-t-elle donc pas plus de fondement naturel que l’inégalité ? me demanderas-tu, si du moins tu n’étais pas occupé à me pomper le dard. Il faut immédiatement remarquer que nous nous accommodons très bien de multiples inégalités, inégalités de salaire, inégalités de pouvoir, inégalités de fonctions… Quand on est malade, on ne conteste guère les honoraires des médecins ni leurs prescriptions ni leurs compétences… Et personne ne prendra la place de l’ingénieur qui doit construire un pont suspendu, ni celle du pilote qui va emmener ses passagers au-dessus de l’océan, ni même celle du plombier qui doit réparer nos toilettes… Nous acceptons ces inégalités non pas parce qu’elles sont naturelles mais parce qu’elles nous paraissent légitimes comme disent les sociologues, mais surtout parce qu’elles sont réelles : le sociologue qui dénonce l’arbitraire de la domination et qui affirme que la légitimité n’est que le masque de l’arbitraire ne cède pas sa place de professeur d’université à n’importe qui… ni son salaire d’ailleurs. Il ne déchirera pas non plus son diplôme qui lui a coûté quelques années d’effort même s’il se sait l’héritier du capital symbolique de ses parents. D’ailleurs, ce ne sont pas là uniquement des inégalités dues à des compétences différentes sanctionnées par les diplômes idoines. C’est aussi une question de responsabilité. Ça se voit dans la fonction publique par exemple où peu d’enseignants ont envie de devenir directeurs ou directrices parce que, comme on dit, c’est trop de travail et surtout trop de soucis avec l’administration, avec les parents, avec les profs aussi… Ou encore dans les petites localités où la fonction de maire est sans doute un poste de pouvoir mais surtout une source d’emmerdes… Tout le monde ne rêve pas de devenir calife à la place du calife. Et l’ingénieur qui construit un pont prend la responsabilité d’y faire passer des milliers de voyageurs en train ou en auto. Et quand le pont s’écroule, tout le monde veut que les responsables soient jugés, sanctionnés, traînés au banc de l’infamie…
Mais toute inégalité, parce qu’elle est effectivement en partie arbitraire, peut être contestée par certains à certains moments… Les honoraires des médecins peuvent être jugés trop élevés. Leurs compétences peuvent être mises en cause en cas d’erreur mais également par les tenants des médecines dites parallèles. Ce dernier cas est intéressant parce qu’il révèle que la domination médicale, où l’on retrouve tous les mécanismes d’un pouvoir arbitraire (ne serait-ce que dans la fixation des honoraires) même si ce pouvoir est complexe comme l’ont montré Foucault et ses épigones, a aussi des composantes réelles qui assurent sa perpétuation. S’il peut y avoir des contestations locales, partielles, elles ne peuvent pas modifier des pans entiers de la réalité médicale, qu’il s’agisse des systèmes d’imagerie, des blocs opératoires, du travail des chirurgiens comme des infirmières, du système hospitalier, de la prise en charge des soins d’urgence ou de la simple présence des médecins généralistes… Et puis surtout, la demande de soins du public, bien loin de diminuer, ne cesse d’augmenter de devenir plus exigeante. On veut plus de médecins qui ont plus de pouvoir sur notre propre corps, souffrant, douloureux, malade, vieillissant…
L’égalité est une passion sociale comme le disait Tocqueville, c’est une passion bien réelle, toujours renaissante, toujours insatisfaite notamment en matière de fortune et de richesses, mais nous avons aussi une passion du pouvoir, de l’inégalité, de la différence, même si elle est beaucoup plus silencieuse tout en étant aussi agissante. Cette exigence peut se faire à notre propre profit comme quand nous voulons accéder à un poste mieux payé et avec plus de responsabilités. Mais l’on peut aussi vouloir donner plus de pouvoir à autrui pour améliorer le sort supposé général ou même le sort d’un groupe restreint de personnes, que nous en fassions ou non partie. Le syndicaliste qui conteste les décisions du patron ne veut pas devenir patron, et il voudrait même que le patron, qui se plaint de la concurrence, de la mondialisation et des taxes, ait plus de pouvoir, ait le pouvoir de décider d’augmenter les salaires ou de diminuer la charge de travail… Mais le patron, aussi menteur soit-il, aura beau jeu de dire qu’il n’a individuellement qu’une marge de manœuvre réduite. Pareillement, en appeler à l’État ou aux puissants du monde pour qu’ils luttent contre le réchauffement climatique, qu’ils logent les sans-abris ou qu’ils secourent les naufragés en Méditerranée, c’est reconnaître la puissance légitime des maîtres du monde même si l’on estime que leur politique est mauvaise. C’est en tout cas déléguer le pouvoir d’agir comme je voudrais agir sans avoir à faire l’effort d’agir… Mais que grommelles-tu en malmenant par là-même ton office d’obséquieux suceur de bites ?
— Mais d’aucuns agissent… accueillent des réfugiés chez eux… circulent à bicyclette…
— Ha ha, je devine que ton objection impudente n’est pas le fruit de ton imbécillité mais vise seulement à provoquer ma fureur lubrique et à me décider à passer par des voies plus étroites. À quatre pattes donc. Attends que je te fouette pour m’avoir interrompu. Et puis tu ouvriras largement ton cul pour que j’y exerce mon pouvoir absolu et ma folle maîtrise. Je ne te plains pas car c’est bien dans la soumission la plus grande, la plus impudique et la plus servile que tu trouveras la voluptueuse extase que tu attends avec tant d’impatience.
Mais ton objection va encore retarder mon éjaculation tout en provoquant l’échauffement extrême de mes esprits malins. Tu ne veux pas comprendre — non tu veux juste prendre ma bite dans le cul —, tu ne veux pas comprendre ce que sont les réalités sociales. Évidemment, nous n’aimons pas le pouvoir comme nous aimons le chocolat ou la douceur des seins féminins. L’on peut bien sûr penser à ces hommes et ces femmes en adoration devant des leaders totalitaires et virils. Mais ces exemples extrêmes ne doivent pas faire illusion. Je te l’ai dit, nous sommes animés aussi bien en certaines circonstances par la passion égalitaire qu’en d’autres par des passions inégalitaires qui prennent cependant des formes extrêmement diverses. Mais ce n’est pas de passion dont je parle, sinon dans un sens complètement affadi qui n’a rien à voir avec le désir violent que j’ai de t’enculer jusqu’aux couilles. Non, ce qui importe, ce sont ces accommodements quotidiens qui font que les inégalités nous paraissent non seulement acceptables mais justifiées. Il ne faut pas prendre l’exemple du pouvoir politique qui nous entraînerait dans de trop longs développements. Pensons seulement à ce mouvement d’actualité qui point ne te concerne puisque tu es dans l’esclavage, ce mouvement donc qui dénonce d’une voix scandaleuse les violences maritales. Tu sais ce que je pense de la lâcheté et de la crapulerie de ces hommes qui s’abaissent à des gestes aussi ignominieux. Mais ce mouvement qui se revendique d’une juste égalité fait en réalité appel au pouvoir, pouvoir du législateur, pouvoir de police, pouvoir d’assistants sociaux mais aussi d’experts psychiatriques (on oublie Foucault bien sûr !) ou de toute autre sorte, pour qu’il mette fin à de tels méfaits. On parlera de contre-pouvoir, mais il n’en est rien : c’est un autre pouvoir, un pouvoir étatique sous ses multiples formes, un pouvoir fort qui est censé mettre un terme aux malversations de quelques-uns. Il faut donc bien un pouvoir inégal pour répondre à l’exigence d’égalité.
Mais je vais prendre un autre exemple que tu comprendras mieux même si ton esprit est en réalité occupé par ton cul seul que je défonce et maltraite sans ménagement. Rassure-toi cependant, toutes ces digressions retardent mon éjaculation mais ne mettent pas un terme à l’excitation qui tend mon vit et dont tu devras bientôt supporter l’impatience. Les tenants du logiciel dit libre ont bien compris que les langages informatiques engendrent des inégalités cognitives et savantes, inégalités qui se transformeront à terme en inégalités sociales pour un certain nombre d’individus. Mais leurs initiatives visant à rétablir une égalité idéale en ce domaine ne rencontrent pratiquement aucun écho parmi la majorité des utilisateurs de ces outils qui sont devenus indispensables dans notre vie quotidienne. (Il faut toujours dire : la majorité, la plupart, un grand nombre, beaucoup d’individus… pour comprendre correctement ce que sont les forces sociales sans verser dans le mécanisme). L’informatique, c’est évidemment trop complexe, c’est trop de travail, et nous acceptons facilement l’inégalité en ce domaine comme en bien d’autres. Nous nous accommodons de l’inégalité parce qu’elle n’est évidemment ni arbitraire ni “naturelle”, elle est simplement réelle, inscrite dans les machines, dans les corps, dans les cerveaux, dans les modes d’emploi et les FAQ que personne ne consulte. L’ouvrage de Durkheim sur la division du travail, qui n’est plus assez lu, reste toujours d’actualité et est même d’une actualité brûlante car cette division toujours croissante du travail nous prive évidemment de notre pouvoir sur les choses et nous soumet à celui des spécialistes : chauffagiste qui installe notre chaudière ou garagiste qui répare notre auto. Mais, de manière générale, nous l’acceptons facilement dans une interdépendance générale même si elle est nécessairement inégalitaire (notamment lorsque nous sommes confrontés au montant de la facture). Toutes ces inégalités nous semblent évidentes, et nous y participons même de façon active quand, comme client, l’on exige l’amabilité souriante de ceux qui sont censés nous servir sans qu’ils ou qu’elles ne soient formellement nos serviteurs ou nos servantes.
L’exigence d’égalité est donc bien une construction sociale mais elle ne se manifeste que lorsque les conditions d’un changement nous paraissent possibles, lorsque la réalité nous paraît (peut-être illusoirement d’ailleurs) transformable. Personne ne se scandalise aujourd’hui qu’un instituteur congolais gagne dix fois moins que son homologue belge, parce que le pays est moins riche, parce que le pays est sous-développé, parce que le PIB y est dérisoirement bas et l’indice Gini d’inégalité dramatiquement élevé… Et sans prendre d’autres exemples aussi extrêmes, l’on voit bien ici que les différences salariales, les différences de revenus et même les différences de patrimoine sont largement acceptées pour toutes sortes de raisons, bonnes ou mauvaises : la revendication d’égalité sinon la révolte n’apparaît que lorsque l’inégalité apparaît comme trop grande, trop extrême, trop injuste… sans que personne bien sûr ne puisse définir ce trop.
— Mais ne serait-ce point-là une vision très conservatrice des choses qui ne sert guère qu’à justifier l’état de soumission extrême auquel vous me contraignez ? N’est-ce pas l’extrême plaisir que vous trouvez à me traiter comme votre esclave qui vous fait parler ainsi ?
— Ah ! tu m’exaspères ! Comprendre n’est pas justifier, comme disait je ne sais plus quel pédant sociologue… et je t’explique au contraire que l’exigence d’égalité est socialement irrépressible… Et d’ailleurs, la seule justification à ta soumission est l’extrême plaisir que tu y trouves ! La seule billevesée de la passion égalitaire est de croire ou de laisser croire que l’égalité enfin obtenue après un long combat (un combat sans fin, ce qui permet de retarder indéfiniment les lendemains qui chantent) serait synonyme de jouissance, de bonheur, de satisfaction, de paradis enfin retrouvé alors que toute avancée égalitaire se double bientôt d’une désillusion prochaine et parfois d’une tragédie sanglante comme l’histoire bolchevique le montre à l’envi. Alors que d’aucuns se sont battus et se battent encore pour le droit de vote, on doit bien constater que d’autres ont déjà oublié quelle avancée démocratique fut cela, au profit d’une abstention qui s’épuise dans une sourde colère. Mais la véritable jouissance a des voies bien plus tortueuses et plus étroites comme ton cul dans lequel, foutre Dieu, je vais enfin m’assouvir, me répandre, me vider. »
Piron libéra les poignets de Panard et lui ordonna d’écarter grandement les fesses. Il le saisit par les hanches et accéléra le rythme jusqu’à ce qu’enfin, après ces trop longs discours, il éjacule quelques gouttes qui lui parurent néanmoins d’un volume équivalent à deux ou trois pintes. Il était épuisé.
Mais le vit de Panard était bien dressé et insatisfait. L’esclave se saisit alors de son maître illusoire et l’attacha debout les membres écartés, les poignets tendus vers le ciel et les chevilles vers l’enfer. Il le fouetta. Il lui enfonça un doigt, puis deux puis trois dans l’anus. Il l’encula une première fois. Puis se retira. Il lui saisit la bite toujours molle et pendante, mais à force de baisers, il parvint à lui faire relever la tête. Il la gifla à plusieurs reprises. Il la tordit. Il donna un coup de genou dans les couilles. Le maître gémit. Son nouveau maître le libéra mais exigea qu’il se mette à son office de suceur de bites. Piron s’exécuta et avala longuement et continument le vit de Panard. Il dut ensuite remplir son office de sodomite. Il se mit à quatre pattes, écarta les genoux, exhiba son derrière velu avant de se faire sodomiser. Le vit de Panard était raide, long et large. Ce fut un spectacle remarquable. La copulation anti-naturelle dura beaucoup plus longtemps que les discours alambiqués de Piron. Panard se retira à plusieurs reprises avant de replonger dans le trou du cul que lui offrait son ancien maître. Il le bâillonna, le menotta, le fessa. Il prit plaisir à flatter de la main la bite de Piron qui pendouillait entre ses cuisses. Il fit durer la sodomie un long moment. Il éjacula finalement sur le visage de son ancien maître.

1. All performers are over 18. No animals were harmed in the making of this short story.


taille originale : 21 x 29,7

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