vendredi 27 juin 2014

Ascétisme

dessin pornographique double penetration
Une question de point de vue…
« Les institutions ascétiques sont elles-mêmes liées à la valorisation d’un nouveau rapport au monde et à soi. Comme l’ascétisme protestant condamne l’universalisme de l’amour des religions mystiques de la fraternité, la solution d’une vie communautaire libérée des contraintes mondaines lui est refusée. À quelle instance peut-il alors se référer pour guider sa vie ? Weber n’a aucun mal à montrer que, pour le puritain, le calcul se substitue à toutes les formes d’adhésion naïve au réel. La rationalité comptable est l’attitude la plus conforme au désenchantement du monde : pour l’ascète intramondain importent avant tout les prestations (en particulier économiques) dont il le maître d’œuvre.
Le propre de l’ascétisme moderne est de transformer la colère contre le monde en calcul précautionneux. On peut le vérifier en se référant à l’activité humaine où l’on s’attendrait le moins à voir la raison jouer un rôle de premier plan : la sexualité. Dans la vie ascétique, celle-ci est susceptible de recevoir une signification dès lors qu’elle perd les dimensions orgiaques (c’est-à-dire communautaires) qu’elle conservait dans maintes formes de mysticisme. En même temps qu’elles s’individualisent, les pratiques sexuelles se voient conférer un sens rationnel : le sexe s’identifie à une extraquotidienneté acceptable. Dans un univers social saturé par la prévoyance économique, l’activité sexuelle désigne, selon Weber, “la sensation spécifique d’être délivré du rationnel à l’intérieur même du monde”.
Cette délivrance érotique par rapport au rationnel est encore rationnelle puisqu’elle permet à l’individu de supporter le désenchantement du monde sans recourir à un ailleurs inaccessible. Comme toute chose, le corps devient un instrument du salut sans que l’on sache exactement, surtout lorsque le puritain cède la place à l’entrepreneur capitaliste, s’il faut se sauver de la colère de Dieu ou échapper à un monde social devenu ennuyeux.
Nous sommes habitués, aujourd’hui, à envisager la sexualité comme une décharge sensitive libératrice par rapport aux contraintes sociales. La généalogie de cette attitude dans la conduite ascétique indique que cette approche de la sensualité présuppose une rupture avec le monde. Il faut que ce dernier soit vécu comme une charge, un obstacle à l’épanouissement de soi, pour que le plaisir sexuel prenne la dimension sémantique d’une libération. Dans un monde désenchanté, la jouissance n’est plus une adhésion à ce qui est, mais une technique de fuite devant l’angoisse que suscite le mutisme du monde social. L’idée d’une “révolution sexuelle”, quelles que soient les nuances attachées à cette expression, suppose que la sexualité puisse s’inscrire en rupture par rapport aux contraintes du monde. C’est seulement au terme de la rationnalisation, lorsque le monde des institutions est réduit à un squelette sans chair, que le sexe peut apparaître comme une échappée subversive mais, somme toute, assez peu risquée puisqu’elle se fait “à l’intérieur du monde”. »
Version double

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