dimanche 4 avril 2021

La première image venue

 

Taille originale : 21 x 29,7 cm

Wie wunderbarlich ist doch diese Strafe!

 

« Et de même qu’un élastique qu’on étire puis qu’on lâche par inadvertance revient cingler la main qui le tient, de même est-on dans cet espace, par brèves séquences, alternativement un sujet qui saisit ce qui l’environne (ne serait-ce que du regard) et un objet saisi. Ainsi, et de façon inattendue, dans un sex-shop. Cela me plaisait d’y accompagner [Untel]. Tandis qu’il entretenait le vendeur de ses demandes toujours extrêmement précises parce qu’il se tenait au courant des dernières parutions, surtout dans le domaine des vidéocassettes, j’allais et venais dans le magasin. La première image venue, quelle qu’elle soit (une fille écartant de ses doigts manucurés sa vulve cramoisie, la tête légèrement relevée vue en perspective, le regard flottant au-dessus du corps avec la même expression que celle d’un malade qui cherche ses pieds au bout d’une civière ; une autre assise sur les talons dans la pose traditionnelle de la pin-up et soutenant de ses paumes ouvertes le fardeau de nichons plus gros que sa tête ; le jeune homme en costume trois pièces qui empoigne sa bite en direction d’une femme d’âge mûr accroupie au bord de son bureau (elle est avocate ou chef d’entreprise) ; et même des body-builders destinés à la clientèle homosexuelle, sanglés dans des cache-sexe qui paraissent proportionnellement minuscules), n’importe quelle image, graphique, photographique, cinématographique, réaliste ou caricaturale (un mannequin posant dans les pages de caleçons d’un catalogue de vente par correspondance ; une éjaculation en grosses gouttes débordant dans les marges d’une bande dessinée), toute image, dis-je, fait que je ressens dès le premier coup d’œil l’énervement caractéristique au fin fond de l’entrecuisse. Je feuilletais les revues à disposition, retournais, circonspecte, celles sous cellophane. N’est-il pas formidable qu’on puisse s’exciter librement, au vu et au su de tous les autres clients qui font de même, chacun se comportant néanmoins comme s’il furetait dans les tourniquets d’une Maison de la presse ? N’y a-t-il pas lieu d’admirer l’apparent détachement avec lequel on considère là des photographies ou des objets qui, chez soi, font perdre contenance ? Je jouais à me transplanter dans un monde mythique où tous les magasins offraient le même genre de marchandises, parmi d’autres, et où, mine de rien, on se laissait gagner par une chaude sensation, absorbé dans la contemplation d’organes dont la quadrichromie restituait parfaitement l’humidité et qu’on exposait ensuite, sans vergogne, à la vue des voisins de compartiment. “Excusez-moi, puis-je vous emprunter votre journal ? – Je vous en prie.” Etc. La tranquille évidence qui règne dans un sex-shop s’étendait à la vie sociale dans son ensemble. »

 

O Mensch, bewein dein Sünde groß
taille originale : 29,7 x 21 cm

Wer hat dich so geschlagen?

Ich, ich und meine Sünden,
Die sich wie Körnlein finden
Des Sandes an dem Meer,
Die haben dir erreget
Das Elend, das dich schläget,
Und das betrübte Marterheer.

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