dimanche 11 août 2019

Notes d’un procès épars

Désignée comme jurée. Le procès durera cinq jours. Mike devra s’occuper des filles. Recommandations du juge. On doit écouter attentivement. On ne peut pas prendre de notes. On doit faire preuve d’impartialité. Il ne faut manifester aucun à priori, aucun jugement. Si l’on veut poser une question, il faut la transmettre par écrit au chef du jury. Celui est composé, si je me souviens bien de six hommes et de six femmes, six blancs, quatre noirs et deux hispaniques.

J’écris ces notes à partir de mes souvenirs de la journée pour essayer de conserver des informations aussi précises que possibles.

L’accusé est un jeune acteur en pleine ascension : Henry R. Il a joué le rôle d’un jeune autiste dans un second rôle. Puis d’un policier infiltré dans la mafia. Il paraît qu’il est très doué. Les plaignants et plaignantes appartiennent au même monde, celui du cinéma.

1

Première victime ou plaignante. Claire R. C’est une jeune actrice talentueuse dont l’étoile grandit. Elle paraît plus grande que lui.

Henry la rencontre à l’occasion d’un casting. Ils sympathisent. Il la fait rire. Charmant. Souriant. Elle avait rendez-vous avec une amie qui est en retard.

Ils vont à l’hôtel. Elle veut téléphoner à son amie pour la prévenir. Celle-ci ne répond pas.

Maintenant, elle s’exprime avec hésitation. Comme s’il y avait un obstacle à franchir. Puis elle se lance dans un flot de paroles ininterrompues.

Au début, tout semblait normal. Ils se sont embrassés. C’était extrêmement intense. Il était prévenant et ne cherchait pas à précipiter les choses. Elle avait l’impression que les choses se déroulaient à son rythme à elle, ni trop rapide ni trop lent. Il l’embrassait, la caressait, l’embrassait encore. Elle de même. C’est elle qui a commencé à le déshabiller. Seulement la chemise d’abord. Elle a soulevé sa blouse. Il l’a embrassé au sommet des seins. C’est difficile pour elle d’expliquer.

Ce ne sont pas tellement les gestes, mais le rythme, la manière de faire de Henry qui étaient troublants. Il l’excitait terriblement. Pas lui comme personne, mais sa façon de faire. Sa façon de la faire monter, de susciter en elle un désir toujours plus fort, plus intense. Il lui murmurait des choses sans qu’elle s’en souvienne très bien, mais cela contribuait à l’exciter.

Ils se déshabillent complètement.

Il la lèche. Le téléphone de Claire sonne. Elle veut interrompre l’appel. En fait, elle le branche et le laisse ouvert. L’amie entend tout puis commence à enregistrer la conversation (enfin surtout les gémissements semble-t-il). Claire ne l’apprendra que plus tard quand elle aura déposé sa plainte. Elle trouvera cette manière de faire complètement désobligeante mais se servira de l’enregistrement. Henry l’a abusée, dira-telle, il abusait d’elle à ce moment-là.

Henry descend entre les cuisses de Claire. Il la lèche longuement. Avec une grande douceur. Avec une incroyable habileté. Sa langue descendait (elle hésite devant certains mots) jusqu’à sa chatte, son vagin, puis remontait vers son clitoris, il écartait les lèvres délicatement, il faisait littéralement s’épanouir son sexe. C’est cela, dit-elle encore, mon sexe s’épanouissait au point d’occuper tout l’espace, de remplir la chambre entière (je devine que certains jurés ont des difficultés à réprimer un sourire). Elle répète qu’il est d’une habileté extraordinaire.

Il lèche son clitoris mais toujours de façon adéquate, ni trop fort ni trop faiblement, comme s’il entrait en contact avec le corps, l’esprit de sa partenaire, avec toutes ses sensations. Il s’éloigne un instant, puis revient vers le clitoris en faisant à chaque fois monter un peu plus l’excitation. C’est comme si c’était elle qui commandait tous ses gestes. Il sait exactement ce qu’elle attend de lui, il prévoit même les légers retards qui ne font qu’augmenter son excitation. Elle voudrait qu’il continue encore et encore, et c’est exactement ce qu’il fait, sa langue allant et venant sans relâche sur son clitoris, s’en éloignant à peine pour renouveler son plaisir montant par vagues continues.

Elle jouit de manière extraordinaire. Elle n’a jamais joui comme cela.

Elle dit Non, non, non, trois fois, de plus en plus faiblement. La conversation a bien été enregistrée sur son téléphone. On entend le triple non qui s’évanouit.

Elle décrit la sensation de plaisir et l’orgasme comme l’effet d’une drogue hallucinogène ou d’un stupéfiant. Elle a basculé dans un autre monde, dans une autre conscience. Quand l’orgasme a jailli, elle a eu l’impression d’un évanouissement tout en parvenant à la pleine conscience d’elle-même, à une conscience supérieure de tout son être. Mais ce n’était plus elle. Elle était devenue quelqu’un d’autre. Henry avait pénétré son esprit, pénétré son corps non pas physiquement mais mentalement comme s’il l’avait envahie intérieurement, entièrement, au plus intime d’elle-même. Il avait abusé d’elle parce qu’elle s’attendait à un orgasme normal. Elle n’était pas prête pour cela, pour une telle dépossession d’elle-même, pour cet abandon complet de son être entier, pour cet envahissement par un plaisir et un orgasme illimités.

Il est difficile d’y croire. Moi-même j’ai l’impression d’un mauvais roman pour femmes quinquagénaires et frustrées.

Son avocat pose quelques questions sur ses différentes expériences sexuelles. Avec d’autres hommes, avec des femmes. Mais non, elle n’a jamais connu cela. C’était intense, mais elle n’a jamais eu une telle impression hallucinatoire, un peu comme un rêve qui deviendrait réalité. Il l’interroge sur son éventuelle consommation de drogues ou de stupéfiants. Mais elle n’a fumé qu’un peu d’herbe.

Des analyses de sang ont été effectuées lors du dépôt de plainte car elle pensait avoir été droguée. Aucune substance suspecte.

L’avocat de la défense intervient à son tour. Il demande à quel moment exactement elle a dit Non. Au moment de l’orgasme, quand elle a basculé dans une autre conscience. Et qu’a-t-il fait ? Il a continué ? Il s’est arrêté ? Oui, il s’est arrêté, oui. L’avocat remarque que les trois « non » ont été prononcés successivement, en une seconde à peine, en un seul souffle.

Ce qui s’est passé ensuite.

Elle ne le quitte pas immédiatement. Il vient s’allonger à côté d’elle. Il recommence à la caresser. Cette fois, il la doigte longuement. Toujours avec autant d’habileté. Elle se laisse faire. Elle sent son sexe qui s’épanouit à nouveau, elle ne sent plus que son sexe comme s’il envahissait le monde. Elle jouit encore. De façon aussi intense. En basculant dans une autre conscience. Elle s’endort un bref instant, épuisée. Quand elle se réveille, elle prend peur, elle est même terrorisée par ce qu’elle vient de vivre.

Dispute entre les avocats. A-t-elle refusé ces caresses manuelles ? Non, parce qu’elle était encore sous l’emprise de l’orgasme précédent. Les a-t-elle suscitées par des mouvements pelviens ? Elle ne se souvient pas. Est-il possible qu’elle les ait suscitées comme semble l’indiquer les bruits que l’on entend dans l’enregistrement ? C’est trop confus.

Pénétration ou pas? Nouvelle discussion entre avocats. L’avocat de Henry demande à Claire s’il l’a pénétrée. Elle répond que non. L’avocat de Claire s’emporte contre son adversaire : il ne faut pas jouer sur les mots, il y a pénétration même si elle n’est pas vaginale ! Et s’il y a pénétration, il y a bien viol ! Nouvelles questions de l’avocat de Henry. Rapport extraordinairement doux, il était extrêmement attentif, attentionné même, ou trop habile. C’est comme cela qu’il l’a fait s’abandonner. Pantelante.

L’avocat de Claire pose une question intrigante : il n’y a pas eu pénétration vaginale, ni anale, mais Henry a-t-il joui d’une manière ou d’une autre ? Avez-vous essayé de le satisfaire sexuellement comme il est d’usage dans une relation sexuelle normale ? Elle dit avoir saisi son sexe pendant qu’il la caressait, mais comme un noyé qui s’agrippe à une branche. Oui, elle l’a même caressé, mais non il n’a pas éjaculé. L’avocat lui fait préciser : il vous a fait jouir mais lui-même n’a joui à aucun moment ? Non.

Claire et Henry se séparent.

Le lendemain elle porte plainte.

Impression confuse. Le viol ne semble pas évident.

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2

Deuxième victime: Casey C, actrice plus âgée que lui, plus connue. Elle est également productrice. Elle n’a pas porté plainte immédiatement. C’est la révélation par la presse de la plainte déposée par Claire R. qui l’a convaincue de porter plainte à son tour. Plusieurs mois après les faits.

Ils se sont croisés dans un bar. Elle l’a facilement reconnu. Il quitte les amis qui l’accompagnent et se dirige vers le bar. Il engage rapidement la conversation. Il dit qu’il l’admire. Il se souvient de sa prestation dans un film récent. Il lui parle de façon souriante avec beaucoup de mouvements des mains comme un Italien. Il la flatte et répète qu’elle est extraordinaire. Elle rit. Elle accepte de signer un autographe. Ils échangent leurs autographes.

Il la regarde droit dans les yeux. Il agite deux doigts près de son visage comme pour attirer son regard. Elle a l’impression d’être hypnotisée. Elle a l’impression de ne plus voir que lui. L’impression que le monde environnant a disparu. Elle entend seulement sa voix.

Il lui touche le genou. Décharge électrique. Il lui parle à l’oreille. Il lui dit qu’il a envie d’elle, qu’il va la baiser toute la nuit. Il dit qu’il sera très doux, prévenant, attentif à ses réactions. Il la prendra entièrement totalement. Il ajoute : par tous les trous. Elle sent qu’elle est mouillée, que sa culotte est mouillée, que sa jupe même doit être mouillée. Elle veut qu’ils partent immédiatement. Elle lui demande où il veut aller. Elle le suivra.

Dans l’appartement de l’accusé. Ils s’embrassent debout. Elle lui demande : dis-moi comment tu vas me baiser, comment tu vas me faire jouir. Il répond : tu vas te donner entièrement, tu vas t’abandonner sans limite. Elle insiste : tu vas me baiser comment ? Il répond : comme une chienne, comme une putain. Elle crie : baise-moi, baise-moi, je suis ta chienne.

Il lui ordonne de se retourner, de se mettre à quatre pattes. Il relève sa mini-jupe, abaisse sa culotte.

Il la baise par derrière très longuement. À plusieurs reprises, il sort sa queue et attend. Elle lui dit : baise-moi, baise-moi encore. Il la baise profondément, frotte sa queue contre sa chatte, la baise à nouveau. Il se retire à plusieurs reprises et elle le supplie à chaque fois. Il s’exécute mais reste très calme comme s’il était capable de rester bandé indéfiniment. Elle répète : reste en moi, reste en moi. Il la baise sans discontinuer mais change de rythme ou d’allure, change légèrement de position, sort presque entièrement sa bite de sa chatte avant de replonger en elle. Elle jouit. Un orgasme d’un très grande intensité. Elle se retourne. Elle s’assied sur le lit. Il est debout devant elle, la bite toujours dressée. Il agite sa queue, la regarde, agite encore sa queue. Un long moment. Elle ne peut pas résister, elle sait qu’elle doit sucer sa bite, qu’elle doit absolument la prendre en bouche, à fond, elle le suce à s’étouffer. Elle lui dit : je veux ta queue. Elle décrit une domination mentale. Elle était prête à être son esclave. Elle était prête à tout pour qu’il la baise encore. Il pouvait lui faire faire n’importe quoi.

Il lui donne seulement de vagues indications. Elle se met à quatre pattes.

Il la baise, il l’encule. Il la baise avec un gode, l’encule en même temps et lui enfonce les doigts dans la bouche pour qu’elles les suce. Elle jouit à plusieurs reprises. Mais il reste à côté d’elle et à chaque fois, il se branle doucement en la regardant puis en regardant sa propre bite. Elle comprend que son désir est là, que c’est là désormais le seul objet de son désir. Il faut qu’elle la prenne en bouche à nouveau. Il lui fera faire un lavement pour qu’elle puisse le sucer après s’être faite enculer. Il ouvre une armoire et elle découvre un attirail SM dont un collier de chien avec une laisse. Elle devine que c’est une indication de sa part. Il lui tend une combinaison résille ouverte entre les cuisses et découpée sur le dessus pour laisser échapper ses seins.

Elle veut que sa bite s’enfonce sans relâche dans sa chatte, dans sa bouche, dans son cul. Il la baise à quatre pattes, sur le lit, sur le sol, dans la salle de bains, devant un miroir, en missionnaire, en cuillère. Il se couche et elle vient sur lui. Elle le suce et enfonce ensuite sa bite dans sa chatte ou dans son cul. Elle mélange les épisodes. Elle a joui quinze, vingt ou trente fois en deux jours. Ils ne se sont interrompus que pour manger un bout.

Mais très vite, elle sait qu’elle devra prouver qu’elle est une vraie chienne. Elle réclame le collier avec la laisse. Une laisse avec un collier en cuir très solide (pas un jouet). Il lui indique comment marcher à quatre pattes devant lui. Elle est subjuguée. Il la fesse. Elle réclame sa queue. Il lui met un gode dans la chatte. Le gode est au bout d’un bâton et il la baise à distance mais toujours doucement sans brutalité. Il lubrifie l’engin à plusieurs reprises et le fait aller et venir en variant les mouvements jusqu’à ce qu’elle jouisse.

Sa queue est toujours raide ou, quand elle faiblit, il ne tarde pas à se branler.

Baise-moi à fond. Il la fiste. Elle n’a jamais fait cela auparavant. Il enfonce lentement ses doigts : un puis deux puis trois. Toute sa main. Il est à côté d’elle, il l’embrasse dans le cou. Elle l’encourage. Enfonce ta main entière, doucement, je veux que tu t’enfonces complètement en moi. Elle sent que sa chatte s’ouvre et que la main de son amant glisse en elle doucement au delà de l’obstacle. Elle jouit encore.

(Je devine que mon voisin juré se caresse doucement à plusieurs reprises à travers la poche de son pantalon.)

Elle voudra être attachée. Elle se fera baiser les quatre membres écartelés, attachés aux quatre coins du lit.

Elle prendra une douche. Il la rejoindra et commencera à lui pisser sur la jambe. Elle comprendra immédiatement qu’elle doit se mettre à genoux. Elle ouvre la bouche pour qu’il pisse dedans.

À chaque fois, il secoue sa bite, il la lui montre, il la regarde, il regarde sa bite et elle sait qu’elle doit venir à lui, a elle, elle doit venir à elle comme à son maître, sa maîtresse. Elle l’avale encore. Elle dit que littéralement elle rampait jusqu’à sa queue.

Deux jours de baise. Il n’a pas joui.

C’est lui qui lui dira qu’elle doit s’en aller car elle a un casting.

L’avocat de Casey commence par lui demander d’expliquer cette emprise extraordinaire exercée par Henry. Elle n’avait jamais connu cela. Non, ce n’était pas une jouissance exceptionnelle, totalement inconnue, c’était plutôt une emprise, une soumission volontaire ou involontaire à autrui. Elle ne pouvait qu’obéir. Que se soumettre. Devenir esclave malgré elle. Elle ne s’est jamais comportée comme cela avec quiconque. Il agissait comme un hypnotiseur. Oui, elle avait un peu bu. Non, elle n’avait pas pris de drogue. Mais l’alcool l’avait un peu étourdie. Elle n’était pas sur ses gardes. Le regard de Henry était étrangement fixe, étrangement pénétrant. Elle était hypnotisée. C’est à peine s’il devait parler. Mais ses paroles étaient celles d’un hypnotiseur. Il lui disait ce qu’elle devait faire. Non, ce n’étaient pas des ordres. C’étaient plutôt des indications comme lorsqu’on guide un aveugle pour qu’il ne trébuche pas. Elle était devenue aveugle. Elle ne voyait plus rien. Elle ne voyait que son visage, que ses yeux, que son sexe dressé. Un hypnotiseur vous dit de regarder son doigt et vous vous endormez et vous faites tout ce qu’il vous dit de faire. Il lui a fallu vingt-quatre heures pour reprendre réellement ses esprits. Soudain, des larmes coulent sur son visage, abondamment. Non, ça ne lui est plus jamais arrivé, elle est désormais beaucoup plus méfiante.

L’avocat de Henry intervient à son tour. Il s’étonne. Une personne hypnotisée ne se souvient pas de ce qui lui est arrivé pendant son sommeil. Elle sombre dans une espèce de léthargie, or Casey a fait un compte rendu détaillé des deux jours passés avec Henry. Elle ne s’explique pas la chose. Mais elle est certaine qu’elle n’était pas dans son état normal. Et c’est Henry qui l’a mise dans cet état et qui l’a ensuite manipulée à sa guise. Comme un gourou avec une adepte qui n’a pas conscience de la réalité.

L’avocat :« Vous avez évoqué un épisode particulièrement pervers sous la douche… Vous vous en souvenez… Vous souvenez-vous de ce que tenait Henry R. en mains et de ce qu’il faisait avec cet objet ? » Avec son téléphone portable, Henry a filmé la scène. L’avocat veut que l’on montre les images aux jurés. L’avocat adverse s’insurge. C’est de la pornographie ! Le juge les appelle dans son bureau. Finalement, les images seront projetées en huis clos. Elles seront floutées. On voit cependant que Casey sourit à plusieurs reprises tout en se faisant pisser dessus. Dans la salle d’audience, Casey refuse de regarder les images, et l’on devine qu’elle pleure à nouveau.

Les jurés sont hésitants, désarçonnés. Henry m’apparaît comme un être malfaisant, inquiétant.

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3

Troisième victime. Paul L.

Il commence par affirmer qu’il est un hétérosexuel. Et seulement hétérosexuel.

Il n’aurait jamais témoigné si d’autres accusatrices ne s’étaient pas manifestées. Il voudrait que son témoignage se passe en huis-clos. Mais le juge refuse, les autres victimes ayant affronté l’audience publique. Il pense que les événements ont eu lieu il y a plus d’un an.

Paul a rencontré Henry dans un club de lap dance. Paul a eu une embrouille avec une fille. Il s’est énervé. Il quitte donc l’endroit et il croise Henry qui s’en va également. Ils commencent à discuter du prix des prestations. C’est une arnaque. Henry propose d’aller prendre un verre ailleurs, dans un club de strip-tease qu’il connaît bien. Il lui offre un verre. Ils commencent à échanger. Parlent de leurs boulots respectifs. Paul est réalisateur (l’avocat de de Henry l’obligera à préciser qu’il ne réalise que des films pornographiques, des films gonzo selon ses termes, que l’avocat qualifiera d’ailleurs de dégradants et orduriers).

Paul et Henry se retrouvent accoudés au bar observant les danseuses au-dessus d’eux. Paul applaudit l’une d’entre elles qu’il décrit comme « splendide ». Il s’exclame : « Elle me fait bander ». À ce moment, Henry lui touche la bite et dit seulement : « Effectivement ». C’est comme une explosion intérieure, non une implosion, un effondrement subit. Paul est tétanisé. La caresse continue. Il se rend compte qu’il bande, que sa queue est extraordinairement dure. Il a terriblement honte. Il a peur d’être surpris. Il voudrait se révolter, se lever, casser la gueule à Henry, mais la caresse est trop insistante, trop prenante, trop pénétrante. Allons-nous en, demande-t-il. L’autre dit qu’ils ont le temps et continue à le caresser. Paul sent qu’il va éjaculer. Il se sent rouge de honte de confusion. Il le supplie : Partons.

Où? Paul propose d’aller à l'appartement de Henry. Il n'imagine pas de ramener un homme chez lui. Il faut aller ailleurs, n'importe où. Chez Henry.

Là, une force irrésistible le pousse à embrasser l’accusé, la porte à peine refermée. Il ferme les yeux, et ils s’embrassent longuement, profondément, serrés l’un contre l’autre, se caressant déjà sans retenue. Henry pose sa main sur la tête de Paul qui comprend qu’il doit s’agenouiller. Il suce bientôt la bite de l’accusé. Ou plutôt il l’avale. Il n’a jamais fait ça. Il déteste ça. Mais il est incapable de résister aux demandes de l’accusé.

Était-ce des ordres ? questionne son avocat. Non, des demandes, enfin juste des indications. Mais il ne se reconnaissait plus. Il n’était plus lui-même. Quelque chose avait disjoncté dans son cerveau. C’est le mot : disjoncté. Les connexions de son cerveau avaient été transformées. Il avait complètement oublié qu’il était hétérosexuel, pas homosexuel. « Vous voyez Matrix ? C’est comme si le monde s’était complètement transformé. Il m’a plongé dans un autre monde. Un monde totalement inconnu qui n’était pas le mien. Il m’a obligé à pénétrer dans son monde à lui, totalement différent. J’ai basculé, oui basculé, dans un ailleurs. » Obligé comment ? « En me touchant quand je ne m’y attendais pas ».

Puis Henry le fait se relever et s’agenouille à son tour. Il ouvre la braguette de Paul et commence à le sucer. « Est-ce que vous aviez une érection à ce moment-là ? — Oui… — L’accusé affirme dans sa déposition, je cite : il bandait extraordinairement, sa bite était dressée pratiquement contre son ventre avant que je ne le touche. »

Ils se déshabillent. L’accusé est musclé mais poilu. Paul déteste les poils, il exige de ses maîtresses ou de ses actrices qu’elles se rasent ou s’épilent entièrement. Mais Henry l’attire contre lui.

Ils sont nus face à face. Ils se frottent bite contre bite. Celle de l’accusé est plus petite, quinze centimètres à peine. Paul ne peut s’empêcher de la caresser, de la branler, de la caresser contre la sienne. Ils se retrouvent sur le lit tête-bêche. Paul suce la bite de Henry, et Henry lui suce la bite. Dans sa déposition enregistrée par la police, Henry précise que Paul était extrêmement passionné et actif. On voit Paul rougir. Il détourne le regard, ne regarde personne.

Henry se couche derrière Paul, contre ses fesses, sa bite se frottant déjà entre entre elles. Paul est terrifié, il sait qu’il va se faire enculer, ce qu’il n’a jamais fait, ce qu’il n’a jamais accepté de personne, même du doigt d’une femme, mais il sait qu’il va se laisser faire. Il a encore la vague idée de fuir quand il sent la bite dure qui s’approche de ses fesses. Mais il ne parvient pas à faire un geste. Au contraire (d’après la déposition de Henry), il commence à tortiller du cul, à écarter ses fesses contre sa bite. Henry le rassure. Il l’appelle mon petit pédé, ma douce tapette, ma chérie, ma tendre salope, ma petite putain… je vais te pénétrer très doucement avec seulement de l’amour. Tu sentiras ma bite mais ce sera extrêmement doux et profond. Ma bite est bien lubrifiée. Il parle et parle encore alors que la victime croit que sa bite est seulement au bord du trou. Mais elle réalise soudain que Henry est en lui, que sa bite s’est déjà glissée dans son cul. Pris de panique, il pense : oh mon Dieu, oh mon Dieu, il est en train de m’enculer. Henry le rassure: je vais faire doucement très doucement. Je suis à peine au bord. Seul mon gland a pénétré. La victime est terrifiée par ce mot. Son gland ! Il m’a mis son gland dans le cul. Mais c’est d’autres mots qui sortent de sa bouche malgré lui. Vas-y, encule-moi à fond ! Henry répond néanmoins : doucement, ton cul n’est pas encore complètement ouvert, il y a encore un obstacle à franchir. La victime se laisse faire et se fait complètement pénétrer. Elle gémit : baise-moi baise-moi, baise-moi comme une salope… Henry va et vient. Après un long moment, Henry saisit la bite de Paul par-devant, le branle et le fait jouir rapidement, tout en l’enculant sans relâche. Épuisée, la victime s’endort.

Son sommeil est agité et dure une heure ou deux. Elle se réveille sous les caresses de Henry dont il sent la bite dure contre sa hanche. La victime croyait sortir d’un mauvais rêve mais elle réalise qu’elle s’est bien faite enculer. Mais Henry caresse déjà la bite de Paul qui durcit malgré lui. Henry se penche et commence à le sucer. Sa bouche est douce et habile. La victime sent qu’il bande fortement. La victime voudrait que cela dure éternellement. Attends, lui dit Henry. Il s’agenouille et enfonce la bite couverte de salive dans son propre cul. Il s’appuie des deux mains sur les épaules de la victime et le chevauche rapidement. La victime voit la bite et les couilles de Henry au-dessus de son ventre. Il a envie de les saisir, mais en même temps une fureur insensée le pousse à les arracher, à les jeter loin au milieu de la pièce. Il prend la bite dans la main droite et saisit les couilles de la gauche. Il branle d’une main et tord les testicules de l’autre. Il voudrait faire hurler Henry. Mais celui-ci l’encourage seulement : vas-y, fais-toi plaisir, prends mes couilles comme tu en as envie. En même temps cependant, il serre fortement son anus, accélère ses mouvements et fait rapidement éjaculer sa victime.

Celle-ci s’abandonne une nouvelle épuisée. Henry se lève et ouvre un tiroir.

Il en ramène une cage métallique qu’il montre à sa victime. C’est, dit-il, la cage pour ton petit oiseau. La victime se sent confuse, humiliée, rouge de honte mais elle ne parvient pas à dire non. Son sexe rapetissé est bientôt emprisonné. Henry lui dit : je vais te faire jouir du cul, uniquement du cul, tu vas voir, tu vas adorer ça ma chérie. Non, non, pense la victime, je ne suis pas une femme, je ne suis pas ta femme. Mais les mots qu’il prononce trahissent sa pensée : encule-moi comme ta chienne, comme une salope, comme une putain (bitch, whore, hooker, trap, floozy).

Henry le fait mettre à quatre pattes et le pénètre jusqu’aux couilles. Il le baise un long moment, et Paul se sent pris d’une étrange excitation, submergé par un plaisir inconnu et il éjacule, la bite à peine gonflée, toujours emprisonnée dans la cage. Il s’effondre sur le lit. Henry se retire. Il donne un léger baiser sur les lèvres de Paul qui s’endort dans la nuit.

Celui-ci a un sommeil tourmenté et il croit même que tout cela n’a été qu’un mauvais rêve, un cauchemar même. Mais, quand il se réveille, sa bite est toujours enserrée dans la cage. Il cherche la clé mais ne trouve qu’un mot laissé en évidence par Henry sur la table de nuit. Ce bout de papier a été heureusement conservé par Paul : « Je ne peux assister à ton réveil, et tu m’en vois désolé. Comme j’ai trouvé ton adresse sur une carte de visite qui se trouvait dans une poche de ta veste, cela m’a semblé amusant d’envoyer par coursier la clé dont tu as besoin à ton domicile. » Paul s’enfuit de l’appartement, à peine rhabillé, la bite toujours en cage. Rentré dans sa villa, il doit encore attendre l’après-midi pour que le coursier arrive et qu’il puisse enfin être délivré de cet engin odieux (selon les termes de son avocat).

Mon voisin juré murmure : c’est du revenge porn. Heureusement, personne ne l’entend.

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4

Les experts.

Pour les deux experts de l’accusation, Henry est un pervers narcissique ou un psychopathe insensible à la détresse d’autrui. Le risque existe qu’il expérimente des choses de plus en plus dures, de plus en plus dangereuses comme en témoigne le matériel sado-masochiste trouvé chez lui, notamment des pinces à tétons et des fouets. Le signe le plus visible de sa perversion est qu’il ne jouit jamais. Il tire manifestement son plaisir de la domination qu’il exerce sur ses victimes. C’est une emprise physique mais surtout psychologique comme le gourou d’une secte qui attire ses victimes dans son propre monde différent du monde réel.

Pour l’expert psychiatre de la défense, c’est au contraire quelqu’un qui trouve du plaisir dans la jouissance de l’autre. C’est le contraire d’un sadique qui jouit de la souffrance d’autrui. Il se donne entièrement à la jouissance de l’autre.

Vous essayez de nous faire croire que c’est un martyr de la sexualité ? un Christ offrant son corps et son sexe pour la jouissance de l’humanité ? ironise l’avocat adverse. Non, il est pleinement matérialiste. Il dit seulement que c’est la jouissance de l’autre qui suscite son propre plaisir. Mais il a constaté que souvent ses partenaires ne connaissent pas réellement ce qui les fait jouir. Ou ne l’admettent pas. Lui, il a la capacité à deviner les gestes, les caresses, les mots qui déclenchent le plaisir et l’orgasme chez autrui.

5

Plaidoiries.

Pour l’accusation, il y a bien viol. Il ne faut pas se méprendre sur les mots. La violence, la brutalité ne sont pas constitutives du viol. La ruse suffit à qualifier le viol dès lors que le consentement n’est pas acquis. Or c’est bien ce qu’on constate chez les trois victimes qui toutes décrivent un état de sidération, de stupéfaction qui les empêche de réagir adéquatement, ainsi qu’une forme d’emprise mentale exercée par Heny R. À aucun moment, celui-ci ne s’est enquis du consentement éventuel de ses différentes victimes.

L’avocat de Henry fera une plaidoirie étonnante. Selon lui, l’accusé n’est absolument pas un violeur, mais exactement le contraire. Tout ce qu’on peut lui reprocher, c’est de donner du plaisir, un plaisir qui mène à une jouissance inédite pour Claire R., qui fait découvrir des formes érotiques tout à fait inédites pour Casey C., et qui permet à John L. d’explorer une face inconnue de sa propre sexualité. Mais tous trois sont des adultes libres, aucun ne se trouvait en position subordonnée ou inférieure à Henry, tous auraient pu à n’importe quel moment demander à Henry de mettre fin à la relation. Non, il était, elles étaient soumises à une seule emprise, non pas l’emprise mystérieuse de Henry dont parle l’accusation, mais seulement celle de leur propre plaisir. Un plaisir, une jouissance même, sans doute inconnue, inédite, inattendue qui a pu les bouleverser mais dont ils étaient les seuls maîtres. On ne condamne pas quelqu’un parce qu’il procure un plaisir au-delà de l’imagination.

 

Le verdict fut en demi-teintes. Henry fut condamné à un peine légère avec sursis et dut se tenir à une distance minimale de cent mètres de ses victimes avec interdiction d’entrer en contact direct ou indirect avec elles de quelque manière que ce fut.

Plus tard, l’on apprit qu’il avait reçu des centaines, des milliers de messages d’hommes et de femmes désireuses de connaître avec lui les délices d’un plaisir inconnu.

Le procès et ses suites suscitèrent la réaction de la philosophe Simona Maggiordoma qui, dans une tribune publiée par le Corriere della Sera, déplora que la plaidoirie de l’avocat de Henry R. reproduisait une nouvelle fois les clichés phallocrates du mâle occidental censé révéler — grâce à son pénis — à la femme (ou à l’homosexuel) les voies d’une jouissance inédite (même s’il s’était servi essentiellement de sa langue dans le cas de la première victime). Il était clair que le système hollywoodien profiterait de la carrière de Henry R. pour réactualiser les fantasmes des mâles dominants.

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6

Ce soir-là, les filles étaient absentes, passant leur week-end chez leurs grands-parents. Je me couchai à côté de Mike et commençai à l’embrasser et à la caresser. Je saisis bientôt sa bite à travers le tissu de son slip. Elle était gonflée déjà. Mike n’était certainement pas un baiseur en série comme Henry, et il lui arrivait bien trop souvent de débander au mauvais moment. Mais il n’était pas question de cela à présent. Je sortis sa bite de son slip et commençai à la branler. Puis je descendis vers elle et la pris en bouche.

Je pompais régulièrement, profondément. Mais je changeais aussi de rythme, de mouvement, d’allure, attentive au moindre mouvement, au moindre soubresaut de Mike. Il enleva son slip.

Je léchais bientôt le gland, puis la bite entière, les couilles enfin que je prenais en bouche, tout en continuant le branler. Je la reprenais en bouche, très attentive à la montée du plaisir, aux spasmes de l’excitation, et j’avalais, je pompais, je bavais sans relâche. Je devinais le trouble croissant, le tremblement léger qui agitait Michael. J’avalais encore et encore.

Je relâchai enfin l’étreinte de ma bouche, je repris la bite en main, je la léchai, je redescendis vers les couilles, je les pris en bouche. Je branlais fermement la bite durcie. Je descendis plus bas encore, je léchai le cul de Michael, j’enfonçai même la langue dans le trou de son cul. J’entendis son gémissement. Je suçai le majeur de ma main gauche et l’enfonçai décidément dans l’anus offert. Jamais Mike n’avait accepté cela, mais à présent il gémissait d’un plaisir évident. Je fis aller régulièrement mon doigt dans le trou de son cul tout en reprenant sa bite en bouche. Elle était divinement raide (à mon estime du moins).

J’entendis sa voix suppliante, en un souffle : Mets m’en un deuxième ! Il écarta même les fesses des deux mains pour faciliter l’intromission. Je l’enculai.

Je l’enculais et je le pompais. Je suçais sa bite, je la léchais, je l’avalais, je la laissais échapper pour me consacrer à ses couilles, je la reprenais en bouche, je l’aspirais, je sentais l’excitation monter par vagues, je la retenais, je la sentais de plus en plus puissante, jaillissant enfin dans ma bouche en spasmes rapides. Trois de mes doigts étaient encore dans son cul.

Il murmura : Je n’ai jamais joui comme cela… Mais ne me fais plus jamais cela !

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