vendredi 6 mai 2016

Mémoires sexuels. Nouvelle tentative


gay, pénétration anale
Taille originale : 29 x 29 cm 
« Cela avait commencé à la bibliothèque, avec Kant. Les bibliothèques sont des usines à rêves érotiques. C’est la langueur qui les provoque. Le corps doit ajuster sa position — une jambe repliée, une paume sur laquelle on s’appuie, un dos que l’on étire — mais il ne va nulle part. C’est la lecture et le fait de lever les yeux de ce qu’on lit qui les provoquent ; la pensée quitte le livre et va errer sur une cuisse ou un coude, réels ou imaginaires. La pénombre des rayonnages les provoque en suggérant ce qui est caché. L’odeur sèche du papier et des reliures et, fort possiblement, l’odeur de la vieille colle les provoquent. Ce n’était pas un Kant difficile : Critique de la raison pratique, beaucoup plus facile que pure, mais j’avais vingt ans et pratique était bien assez difficile, et il se pencha sur moi pour voir de quel livre il s’agissait. Son haleine chaude, sa barbe, très proches. Le professeur B., sa chemise blanche, son épaule à quelques centimètres de la mienne. Mon corps entier se raidit, et je ne dis rien. Puis il se mit à lire d’une voix sourde, mais le seul mot dont je me souvienne est tutelle. Il le prononçait lentement, en détachant les syllabes, et je fus à lui. Cela finit mal, comme on dit, qui que soit ce on, mais ses yeux qui m’observaient quand je me déshabillai — Non, d’abord le chemisier. Maintenant la jupe. Lentement — , ses longs doigts passant dans ma toison, et puis se retirant, me taquinant, souriant, me mettant au désespoir — ces plaisirs impudiques dans la bibliothèque après la fermeture, ceux-là je les conserve bien à l’abri dans ma mémoire. »
gay, pénétration anale

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire