dimanche 20 décembre 2015

Dominant/dominé

dessin pornographique cumshot
Taille des dessins originaux : 24 x 32 cm

« Pour que la “fabrication matérielle du produit” soit “transfigurée en création”, il faut que l’art et l’artiste entrent collectivement dans les champ du sacré et qu’ils se séparent du profane. La “capacité démiurgique” du “créateur”, qui n’est pas une simple manière (métaphorique) de parler, comme le “pouvoir magique de transsubstantiation dont il est doté”, sont les produits d’une longue histoire du pouvoir, du sacré et des croyances à l’égard de l’art. Si des rapports de domination ne constituaient pas la trame de nos sociétés, si l’on ne croyait pas en la valeur exceptionnelle de l’art, si l’on n’avait pas le culte du tableau autographe, si l’on n’avait pas constitué, siècle après siècle, certains peintres comme des “grands hommes” dont les nations peuvent s’enorgueillir et qu’elles peuvent regrouper dans des panthéons, on ne produirait pas autant d’intérêt, d’attention, de passion et d’émotion autour de leurs tableaux. Tout cela rappelle qu’il existe des conditions collectives et historiques de production d’une émotion de nature esthétique face à un tableau.
D’aucuns penseront que rattacher le beau ou le sublime au canevas que forment les rapports de domination relève d’un réductionnisme sociologiste un peu grossier. Pourtant, loin de n’entretenir que des liens très lâches avec la question du pouvoir, l’art en est véritablement indissociable. Sa définition, relative à l’opposition entre les arts libéraux et les arts mécaniques, la nature de ses usages et de ses appropriations sociales, comme le type de regard (admiratif) qu’il suscite : tout renvoie à la relation dominant-dominé. »

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