jeudi 19 mai 2011

La première révolution sexuelle

taille originale : 29,7 x 42 cm


« L’amour romantique, cette représentation des relations sexuées marquées par l’empathie et la spontanéité, se définit par opposition au contrôle communautaire des relations sexuelles. La montée du romantisme parmi les gens de lettres et dans les milieux cultivés a fait de l’expérience de l’amour un des objets privilégiés de ce mouvement. L’apparition de ce que désignent les notions d’amour, de tendresse, d’affection est l’indice de la transformation des relations matrimoniales qui, jusqu’alors, n’étaient guère dissociables des relations du groupe social dont les familles faisaient partie.
La “première révolution sexuelle” correspond à l’autonomisation, certes très relative, des jeunes par rapport à leur communauté d’appartenance. La notion d’amour physique — les deux termes ont été longtemps antinomiques — n’a pris son sens moderne qu’avec ce relâchement des liens communautaires dans certaines catégories sociales des milieux les plus élevés, celles qui furent les plus affectées par le développement du travail capitaliste et de l’économie monétaire qui lui est liée. Le besoin sexuel n’était pas constitué comme tel et, quand il l’était, il n’était pas associé aux relations matrimoniales, celles-ci étant dominées par l’intérêt du groupe et de sa reproduction. Le désir sexuel, l’attrait physique, l’entente mutuelle et la “sentimentalité” n’ont été thématisés qu’à partir du moment où les relations entre jeunes se sont dégagées du “cadre des contrôles exercés par le groupe des jeunes gens et par la société des adultes dans son ensemble”.
À la différence de la haute aristocratie, dont le mode de perpétuation, l’hérédité, est largement assuré statutairement et socialement, la bourgeoisie ne dispose que de l’héritage familial, et de l’ordre juridique qui lui est associé, pour transmettre ce qui fait sa position dans l’ordre social. Dans cette classe, la phobie de la dispersion, au double sens de gaspillage et de division, se manifeste dans de nombreuses conduites : réduction des naissances, restriction de la sociabilité à l’espace familial, mode familial de socialisation des enfants, surtout les filles, gestion des œuvres charitables et du capital social, renforcement de toutes les formes de ségrégation sociale, à commencer par l’habitat et l’urbanisme. »

2 commentaires:

  1. Si l'on peut retoucher une photo, j'aime à vous imaginer au toucher direct sur le dessin.
    Une gomme peut-être; estomper au doigt...Un buvard.
    J'aime ces traits si peu appuyés, j'aime les esquisses aux formes plus belles que la vraie.

    Ma présence ici est ressentie comme un honneur.
    Merci.

    Lindy

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  2. Comment ne pas vous remercier pour un si plaisant commentaire ! J'espère que vos visites se renouvelleront.

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