vendredi 25 août 2023

Le frottement de la corde

Elle n’a pas froid aux yeux !
Taille originale : 21 x 29,7 cm
« Émilie raconta progressivement son histoire à Pascal, qui pleura plusieurs fois en l’écoutant. L’enfance d’Émilie avait été très dure, et parfois terrifiante. Arrivée au collège encore tremblante, elle ne s’était fait qu’un seul ami, fils d’un harki réfugié en Normandie après les accords d’Évian. Karim était légèrement handicapé : il avait un pied bot et devait porter une chaussure orthopédique. Un peu plus âgé qu’Émilie, il la protégeait. Il était amoureux d’elle. En cinquième, Émilie avait traversé, après la tentative de suicide de sa mère, un long épisode mystique : elle lisait sainte Thérèse la nuit, et passait tous ses après-midis libres dans la grande basilique qui lui était consacrée. Karim, qui était musulman, l’attendait à l’extérieur de l’édifice, et la reconduisait chez elle. Elle était épuisée et bizarrement excitée. Malgré les nombreuses tentations qu’elle lui faisait subir, pour tester la valeur de son amitié, Karim n’essaya jamais d’en profiter.
L’attitude de Karim plut beaucoup à Pascal. Mais poursuivant son récit, Émilie en vint à évoquer son initiation sexuelle, ce qui éveilla la jalousie de Pascal : elle montait à la corde, dans le gymnase du collège, entourée de toute sa classe, quand le frottement l’avait fait jouir, presque par surprise un peu avant le sommet ; sans l’idée de recommencer aussitôt — il lui restait un mètre — Émilie aurait probablement lâché la corde. Elle avait fait l’amour, dès la semaine suivante, avec un garçon de troisième qui avait sport juste après sa classe — elle avait fait en sorte de le croiser nue dans les vestiaires.
Courtisane ou noble femme ?
Taille originale : 29,7 x 21 cm
Karim avait un cousin qu’il admirait beaucoup. Yazid n’était pas beau, mais avait beaucoup de charme. Sa froideur calculée séduisit Émilie, qui devint, pendant l’été, sa petite amie officielle. L’année qui suivit elle abandonna quasiment le collège, et commença à fréquenter les amis de Yazid. Elle participa à plusieurs vols de voiture et à quelques petits cambriolages. Yazid la laissait conduire sa voiture, et lui offrit une chaîne hi-fi volée — qui fut à l’origine d’une dispute très violente avec son beau-père. Dès lors, chassée de l’appartement familial, Émilie s’installa chez Yazid, qui se montra moins charmeur et beaucoup plus violent. Financièrement dépendante de lui, elle accepta bientôt de le suivre à Rouen, où il exigea qu’elle gagne de l’argent.
Jamais Yazid ne parla de prostitution. Il connaissait seulement quelqu’un, l’ami d’un ami, à qui elle plaisait particulièrement. Si elle se laissait inviter au restaurant, il saurait se montrer généreux. Elle serait bien sûr libre d’accepter ou de refuser. Yazid était ambitieux et voulait monter un réseau haut de gamme : les premiers clients d’Émilie furent surtout des notables rouennais, des médecins et des avocats. Ils possédaient souvent des caméras, et réalisèrent de nombreux films pornographiques, parfois à l’insu d’Émilie. Certains de ces films, aux contours flous et bleutés caractéristiques de la vidéo amateur sur bande magnétique, furent discrètement commercialisés. Émilie devint dès lors un personnage important du milieu libertin rouennais. Elle changea ainsi de clientèle, et fut régulièrement invitée par des couples échangistes qui l’utilisaient pour rajeunir leurs soirées. Émilie se retrouva un jour seule avec quatre hommes, mais sut gérer intelligemment la situation, du moins jusqu’à ce que l’un des hommes, alors qu’elle s’apprêtait à repartir, l’oblige, en la tirant par les cheveux, à lui faire une fellation. Elle voulut porter plainte, Yazid l’en dissuada. Dès lors, elle tenta d’échapper à son emprise, mais il lui faisait de plus en plus peur. Elle continua pendant plusieurs semaines à travailler pour lui, jusqu’au jour où, passant devant la gare, elle prit le premier train pour Paris. »
D’un côté à l’autre

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