dimanche 6 août 2023

Sous l'emprise de l'amant ?

De passage…
Taille originale : 29,7 x 21 cm
& 29,7 x 42 cm
« On se sourit. Je lui demande si c’est habituel d’être triste comme nous le sommes. Il dit que c’est parce qu’on a fait l’amour pendant le jour, au moment de la culminance de la chaleur. Il dit que c’est toujours terrible après. Il sourit. Il dit : que l’on s’aime ou que l’on ne s’aime pas, c’est toujours terrible. Il dit que cela passera avec la nuit, aussitôt qu’elle arrivera. Je lui dis que ce n’est pas seulement parce que c’était pendant le jour, qu’il se trompe, que je suis dans une tristesse que j’attendais et qui ne vient que de moi. Que toujours j’ai été triste. Que je vois cette tristesse aussi sur les photos où je suis toute petite. Qu’aujourd’hui cette tristesse, tout en la reconnaissant comme étant celle que j’ai toujours eue, je pourrais presque lui donner mon nom tellement elle me ressemble. Aujourd’hui je lui dis que c’est un bien-être cette tristesse, celui d’être enfin tombée dans un malheur que ma mère m’annonce depuis toujours quand elle hurle dans le désert de sa vie. Je lui dis : je ne comprends pas très bien ce qu’elle dit mais je sais que cette chambre est ce que j’attendais. Je parle sans attendre de réponse. Je lui dis que ma mère crie ce qu’elle croit comme les envoyés de Dieu. Elle crie qu’il ne faut rien attendre, jamais, ni d’une quelconque personne, ni d’un quelconque État ni d’un quelconque Dieu. Il me regarde parler, il ne me quitte pas des yeux, il regarde ma bouche quand je parle, je suis nue, il me caresse, il n’écoute peut-être pas, je ne sais pas. Je dis que je ne fais pas du malheur dans lequel je me trouve une question personnelle. Je lui raconte comme c’était simplement si difficile de manger, de s’habiller, de vivre en somme, rien qu’avec le salaire de ma mère. J’ai de plus en plus de mal à parler. Il dit : comment faisiez-vous ? Je lui dis qu’on était dehors, que la misère avait fait s’écrouler les murs de la famille et qu’on s’était tous retrouvés en dehors de la maison, à faire chacun ce qu’on voulait faire. Dévergondés on était. C’est comme ça que je suis ici avec toi. Il est sur moi, il s’engouffre encore. Nous restons ainsi, cloués, à gémir dans la clameur de la ville encore extérieure. Nous l’entendons encore. Et puis nous ne l’entendons plus.
L’intolérance du monde, un monde intolérable
Les baisers sur le corps font pleurer. On dirait qu’ils consolent. Dans la famille je ne pleure pas. Ce jour-là dans cette chambre les larmes consolent du passé et de l’avenir aussi. Je lui dis que de ma mère je me séparerai, que même pour ma mère une fois je n’aurai plus d’amour. Je pleure. Il met sa tête sur moi et il pleure de me voir pleurer. »

Titre au choix :

  • Funèbre méditation
  • « Tu as vu mon petit cul ? »
  • « Il va bientôt crever, le vieux !? »
  • Termes recherchés : salope + magnifique
« Nous allons manger dans la ville la nuit. Il me douche, il me lave, il me rince, il adore, il me farde et il m’habille, il m’adore. Je suis la préférée de sa vie. Il vit dans l’épouvante que je rencontre un autre homme. Moi je n’ai peur de rien de pareil jamais. Il éprouve une autre peur aussi, non parce que je suis blanche mais parce que je suis si jeune, si jeune qu’il pourrait aller en prison si on découvrait notre histoire. »
Perspective rapprochée

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