jeudi 17 août 2023

La beauté d’un corps masculin

Après la déconstruction…
« Perla veut que je me mette au lit avec un bon livre. Elle ne peut toutefois pas me recommander le roman qui lui est tombé des mains cette nuit, œuvre d’un auteur étranger primé.
— Les femmes s’y expriment comme des hommes, entre deux coucheries avec le héros de l’histoire, un bonhomme chauve et d’âge mûr qui évoque étrangement l’auteur. De toute ma vie je n’ai jamais rencontré pareilles femmes. Je ne connais d’ailleurs aucun homme qui se rapproche de ce type de héros, en dépit des deux cents et quelques individus mâles que contient mon fichier. Si j’avais encore le goût d’écrire un polar, j’y verrais bien un certain écrivain, invité à un festival littéraire, retrouvé assassiné dans un parterre de fleurs.
Effet de perspective
Taille originale : 29,7 x 42 cm
Perla doit faire un saut chez elle. Elle en revient avec un tas de livres choisis pour moi dans sa bibliothèque.
— Je suggère que tu restes bien tranquille au lit jusqu’à ce que Flóki te ramène les enfants ce soir.
Elle aligne sur la couette Rilke, Auden, García Lorca, Edmund White, Shaw, Russel, Wittgenstein, Genet, et puis elle en choisit un, l’ouvre et me le tend, le doigt posé sur un vers.
— Personne ne décrit la beauté d’un corps masculin aussi bien que García Lorca.
Avant la reconstruction…
Pendant que je lis le poème, Perla s’en retourne me préparer une soupe. Comme je ne dispose que d’une carotte et deux pommes de terre, elle se charge de tout. Mais elle revient m’annoncer peu après que, son frigo étant vide, la soupe se fera plutôt sur ma cuisinière.
Elle a apporté son marchepied. Comment faut-il s’y prendre pour préparer les lentilles brunes qu’elle a trouvées dans mon placard :
— Les mettre à tremper, hein ?
Ma voisine me consulte de temps à autre sur le temps de cuisson des carottes, pour savoir où je range les bouillons cubes ou encore si j’ai des lunettes de ski pour se protéger les yeux en coupant les oignons. Elle profite de l’occasion pour discuter avec moi en me passant tel ou tel livre posé sur la couette.
Elle saisit un recueil de poèmes qu’elle feuillette.
— Écoute-moi ça :
J’ai tendu dans le noir
une main tâtonnante
et j’ai trouvé une autre
main tâtonnante.
 »
Le bras long… et musclé
ou le harceleur puni
Taille originale : 21 x 29,7 cm

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