taille originale : 24x32 cm |
« Aussi n’est-ce pas dans l’expérience commune qu’une disjonction peut être éprouvée entre un soi immatériel et un soi physique, mais dans ces états plus rares de dissociation où l’esprit et le corps — pour employer notre terminologie vernaculaire — semblent devenir indépendants l’un de l’autre. C’est le cas, de manière fugace mais quotidienne, de ces moments où la “vie intérieure” assoit son emprise, dans la méditation, l’introspection, la rêverie, le monologue mental, voir la prière, toutes occasions qui suscitent une mise entre parenthèse délibérée ou fortuite des contraintes corporelles. C’est le cas aussi, de façon plus nette, de la mémoire et du rêve. Même s’il est souvent déclenché involontairement par une sensation physique, le souvenir permet de se dématérialiser, d’échapper en partie aux déterminations temporelles et spatiales de l’instant présent pour mieux se transporter par l’esprit dans une circonstance passée où il nous devient impossible de ressentir consciemment la souffrance, le plaisir ou même la cénesthésie que nous savons pourtant associés au moment remémoré. Quant au rêve, il nous offre un témoignage plus vigoureux encore du dédoublement puisque la vivacité des images que l’on en rapporte semble mal s’accorder avec l’état d’inertie corporelle qui en est la condition. »
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