taille originale : 36 x 27 cm |
« La nudité est à la fois bonne et mauvaise. Il en va de même de la sexualité. L’acte est indispensable à la procréation et en même temps éminemment plaisant, mais il est presque toujours un acte privé. Pourquoi ? Invoquer la pudeur est une réponse insuffisante. À mon sens, cette situation est à mettre en rapport avec l’accouplement très personnel, qui peut susciter l’envie, voire l’hostilité des autres, assurément en tant qu’acte public ; par sa nature même, il exclut les personnes étrangères au couple en même temps qu’il oblige à se placer entre les mains d’une autre personne (généralement du sexe opposé) ; ce faisant il menace son identité la plus secrète qui fait partie du moi privé.
Le souci de l’intimité en matière sexuelle n’a pas la même force dans toutes les parties du monde. Mais dans la majeure partie du monde la sexualité est une affaire clairement privée. Les “sauvages” peuvent bien paraître dévêtus et nus aux yeux de certains observateurs extérieurs, mais, du point de vue de l’acteur, la différence est grande entre le fait de porter un fourreau pénien et ne rien porter du tout.
En conséquence, si le “puritanisme” (pour appeler ce déni d’un terme générique) est présent dans différentes sociétés à différentes époques, alors qu’il y a plus de liberté ailleurs ou en d’autres temps, c’est que le sexe et la nudité suscitent des contradictions cognitives dans l’intelligence que nous avons de nous-mêmes. Aussi leur représentation est-elle tantôt élaborée, tantôt interdite. Des formes de représentation prévalent souvent dans des contextes particuliers : les statues, notamment celles des dieux, peuvent être nues alors que les êtres humains sont habillés. Ou le temple peut être organisé autour d’un phallus, tandis qu’en réalité la pruderie domine le reste de la société. De même qu’avec le totémisme, l’expression dans un contexte, l’absence dans un autre peuvent résoudre la tension entre les deux pour la société dans son ensemble. »
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