taille originale : 21 x 29,7 cm |
« Au cours de cet entretien très personnel, le diable exige aussi qu’on lui marque le respect d’une curieuse façon. Si on ne l’a fait dès l’arrivée au sabbat, quand il siégeait sur son trône, il faut le baiser au postérieur, au moins dans certains sabbats. À Bamberg où cet acte d’adoration est souvent précédé de l’offrande à Satan de cierges faits de poix et de cordons ombilicaux, Kuninga Schrepferin et Ursula Hofmeisterin reconnaissent l’avoir exécuté. En France le baiser postérieur est encore plus fréquent et figure dans presque tous les sabbats. Dès l’affaire d’Arras, la chronique du moine Cornelius Zantfliet a raconté que les sorciers “embrassaient sous la queue un démon métamorphosé en chien très noir”. Andrée Garaude dit que “quand elle et les autres sont audit sabbat, le Diable les fait danser et y demeure bien par l’espace de deux heures, puis après le baisent au derrière”. »
taille originale : 21 x 29,7 cm |
« D’une façon générale, on peut dire que la majorité des sorcières européennes, contrairement à la légende, ne furent finalement pas brûlées vives. Le bûcher est le procédé de liquidation en Espagne et en Italie, mais on y tue fort peu de sorcières. À Paris même, sur les cent quatre condamnations à mort confirmées en appel qu’a étudiées A. Soman, toutes se terminent par une pendaison. Souvent, en Allemagne, les maléfiques sont condamnés au gibet. Si c’est au bûcher, on donne à quelques accusés une chemise soufrée, peut-être dans l’intention d’augmenter leurs douleurs mais dont le résultat est surtout de les asphyxier en quelques minutes. En Écosse, dans certaines principautés allemandes, on étrangle souvent avec un garrot, quelle que soit ensuite la destinée du corps.
Si le bûcher n’est pas systématiquement employé, au moins avec des condamnés vivants, c’est en raison des problèmes qu’il pose. Brûler un corps est très difficile. De plus, le public et les bourreaux n’ont pas les mêmes préférences. Le public, lui, veut jouir du spectacle. Il faut donc que la victime soit placée haut, bien visible, hors de la fumée, par exemple attachée à un poteau, les pieds sur un perchoir. Par ce moyen, même si la fumée tue vite, il faut des heures pour brûler le corps. Des heures, c’est-à-dire beaucoup de bois. Or les bourreaux fournissent ce bois et, même s’ils se font rembourser, ils trichent sur les quantités. Ils ont donc intérêt à choisir un système qui en utilise le moins possible.
Le système de crémation le plus fréquemment utilisé, celui qui servit pour Jean Hus, Jeanne d’Arc et des milliers de démoniaques, morts ou vifs, est le fortin de bois. Le condamné est ligoté à un poteau mais les pieds au sol, dans une sorte de construction en U qui l’entoure sur trois côtés, faite de fagots et rondins de bois. Seule la tête dépasse, et encore est-ce pour faire plaisir au peuple. Le supplicié ne tombe pas dans le brasier, mais le brasier s’effondre sur lui. L’assistance est toujours insatisfaite : la tête disparaît très vite et le brasier le recouvre d’une montagne de braises.
On a essayé d’autres systèmes. En Espagne, on a inventé une spécialité qui permet de placer plusieurs victimes dans un four et de gagner du temps. Chaque sorcier est préalablement mis vivant dans un moule de plâtre, qui ne laisse apparent que son visage. Très vite, par la prise du plâtre, il est immobilisé. On enfourne plusieurs de ces statues vivantes côte à côte dans un four appelé quemadero. Cette cuisine à haute température va vite, mais le public ne voit rien. »
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