Querelle Taille originale : 29,7 x 21 cm |
« Curieusement, la plupart des étudiants qui travaillent sur le comportement des primates parlent rarement de la variabilité des genres. Il y a toujours des mâles moins machistes que les autres et des femelles qui sont des garçons manqués — appréciant plus que d'autres la lutte pure et dure et initiant des jeux plus audacieux. La “personnalité” des animaux a beau être un sujet d'étude très prisé, la science ignore la variabilité des rôles sexués. C'est peut-être comme pour notre espèce : on a longtemps négligé les exceptions à la règle binaire. Or la distinction entre sexe et genre s'avère utile. J'aime bien la formulation de Robert Martin, un anthropologue biologique britannique qui travaille au Field Museum de Chicago : la plupart des différences entre les sexes sont bimodales, écrit-il, alors que les différences entre les genres varient suivant un spectre beaucoup plus large.
Dans la mesure où il est largement défini par les chromosomes et les organes génitaux, le sexe est binaire chez la grande majorité des humains. Je rappelle que le terme “binaire” appartient au lexique de l'électronique numérique et fait référence à un système fondé sur deux chiffres, 1 et 0. Appliqué au sexe, il signifie que les individus naissent soit mâles, soit femelles. Mais puisqu'il existe des exceptions concernant les chromosomes et les organes génitaux, la binarité sexuelle est, au mieux, une approximation. Les différences entre les sexes sont rarement complètement noires ou blanches. Elles obéissent à une distribution bimodale (les fameuses courbes en forme de cloche), ce qui veut dire qu'elles représentent des moyennes et qu'il existe des zones de chevauchement. Ainsi, les hommes sont plus grands que les femmes, mais uniquement du point de vue statistique. Nous connaissons tous des femmes plus grandes que l'homme moyen et des hommes plus petits que la femme moyenne. On retrouve le même chevauchement pour les traits comportementaux, par exemple quand on dit que les hommes et les femmes divergent en ce qui concerne l'affirmation de soi ou la tendresse.
La question du genre ne se pose pas dans les mêmes termes. Elle concerne les rôles de chaque sexe tels que la culture et la société les encouragent et le degré auquel chaque individu s'y conforme et y correspond. Elle implique non pas la femelle et le mâle, mais le “féminin” et le “ masculin”, deux termes qui font référence à des tendances et des attitudes d'ordre social et difficiles à circonscrire. Le “féminin” et le “masculin” sont très souvent mêlés et se manifestent sous différents aspects dans une même personnalité. Un homme peut être viril et avoir un côté féminin ; une femme peut être féminine et s'exprimer de manière franchement masculine. Le genre résiste à la division en deux catégories claires et nettes ; il désigne plutôt un spectre qui glisse du féminin au masculin et comprend toutes sortes de combinaisons. »
Raccourci Taille originale : 21 x 29,7 cm |
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