taille originale : 21 x 29,7 cm |
« Étais-je, vieillissant, victime d’une sorte d’andropause ? Cela aurait pu se soutenir, et je décidai pour en avoir le cœur net de passer mes soirées sur Youporn, devenu au fil des ans un site porno de référence. Le résultat fut, d’entrée de jeu, extrêmement rassurant. Youporn répondait aux fantasmes des hommes normaux, répartis à la surface de la planète, et j’étais, cela se confirma dès les premières minutes, un homme d’une normalité absolue. Ce n’était après tout pas évident, j’avais consacré une grande partie de ma vie à l’étude d’un auteur souvent considéré comme une sorte de décadent, dont la sexualité n’était de ce fait pas un sujet très clair. Et bien, je sortis tout à fait rasséréné de l’épreuve. Ces vidéos tantôt magnifiques (tournées avec une équipe de Los Angeles, il y avait une équipe, un éclairagiste, des machinistes et des cadreurs), tantôt minables mais vintage (les amateurs allemands) reposaient sur quelques scénarios identiques et agréables. Dans l’un des plus répandus, un homme (jeune ? vieux ? les deux versions existaient) laissait sottement dormir son pénis au fond d’un caleçon ou d’un short. Deux jeunes femmes de race variable s’avisaient de cette incongruité, et n’avaient dès lors de cesse de libérer l’organe de son abri temporaire. Elles lui prodiguaient pour l’enivrer les plus affolantes agaceries, le tout étant perpétré dans un esprit d’amitié et de complicité féminines. Le pénis passait d’une bouche à l’autre, les langues se croisaient comme se croisent les vols des hirondelles, légèrement inquiètes, dans le ciel sombre du Sud de la Seine-et-Marne, alors qu’elles s’apprêtent à quitter l’Europe pour leur pèlerinage d’hiver. L’homme, anéanti, par cette assomption, ne prononçait que de faibles paroles ; épouvantablement faibles chez les Français (“Oh putain !”, “Oh putain je jouis !”, voilà à peu près ce qu’on pouvait attendre d’un peuple régicide), plus belles et plus intenses chez les Américains (“Oh my God !”, “Oh Jesus-Christ !”), témoins exigeants, chez qui elles semblaient une injonction à ne pas négliger les dons de Dieu (les fellations, le poulet rôti), quoi qu’il en soit je bandais, moi aussi, derrière mon écran iMac 27 pouces, tout allait donc pour le mieux. »
D'un autre point de vue… |
En médaillon rococo… |
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