« J’ai nommé les “princesses prédatrices” : Elles sont toujours deux et sont généralement blondes, quoique pas nécessairement. Mais si au moins l’une d’elles est blonde, leur duo fonctionne mieux. Car elles ont une mission, même si elles ne l’admettront jamais textuellement. Mais dans leur langage codé, qui leur permet de se comprendre comme des jumelles, elles ne cessent d’en délibérer entre elles. Elles ne parlent pour ainsi dire que de cela.
Elles sont étudiantes, se connaissent de la fac ou, plus probablement, de la vie nocturne dans leur cité universitaire. Elles voyagent avec un budget très serré, mais ce ne sont pas des routardes typiques, ne serait-ce que parce qu’elles n’ont pas de sac à dos. En avoir un leur donnerait l’air de routardes. En plus, cela fait transpirer du dos, ce qui n’est pas élégant. Il leur fallait en outre emporter toutes leurs robes d’été, ainsi que ce petit top qu’elles oseront tout juste porter avec un châle, cinq bikinis, puis surtout les six paires de chaussures à talons dont on peut avoir besoin à diverses occasions en vacances, plus la trousse de secours au complet, équipée de différentes sortes de mascaras waterproof, fond de teint, rouge à lèvres, vernis à ongles, un stick correcteur pour les piqûres de moustiques, et le kit à lentilles.
Elles ne dorment pas comme des routardes, dans des campings ou des auberges de jeunesse. Elles trouvent leurs adresses de façon mystérieuse grâce au cousin d’un ami ou via CouchSurfing. Puis elles verront, parce que trouver des adresses constitue l’un des principaux objectifs de leur mission secrète.
— Ne te retourne pas tout de suite, Frederieke, mais on a une moquette à 6 h 30. Il se rapproche. Mamma mia, quelle forêt vierge. Et vise plus bas, son froc…
Elles sont assises à la terrasse la plus chère de la place et boivent des cocktails chics qu’elles n’ont pas de quoi payer. Il émane d’elles une blonde et traitre disponibilité. Elles sont la chandelle flamboyante à laquelle tous les latin lovers viendront se brûler les ailes en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, et elles le savent. C’est bien là le but. C’est leur mission. C’est pour cela qu’elles sont parties en vacances.
— Ca y est, il nous a vues. Frederieke, on le tient. Je l’estime à au moins six margaritas.
Vous auriez presque pitié de ces petits Italiens chauds comme la braise qui se jettent dans le piège. Ces petites chattes hollandaises, blondes et mousseuses, qu’ils imaginent sous la table, ils ne les auront jamais. C’est le pacte. On ne couche pas. Tout au plus baci baci, et quand l’autre dit stop, c’est stop. Des cocktails gratuits tous les soirs, c’est tout ce qui les intéresse. Et peut-être un endroit où loger. Et l’expérience de se sentir adorées trois semaines durant. »
Taille originale : 29,7 x 21 cm |
Taille originale : 29,7 x 21 cm |
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