Taille originale : 29,7 x 42 cm et 21 x 29,7 cm |
« Cette “fantaisie” que revendique Véronèse est une qualité que, d'une certaine manière, on peut dire caractéristique des peintres de la seconde moitié du XVIe siècle. Alors qu'à d'autres époques les artistes feignent de s'effacer derrière l'imitation du modèle, c'est-à-dire de la nature, ou qu'ils bornent leur ambition à respecter les conventions stylistiques du moment, qu'elles soient gothiques, classiques, baroques, etc., les peintres, entre les années 1520 et 1600 environ, revendiquent le droit à une maniera qui soit propre à chacun, autrement dit à un style qui fasse reconnaître leur personnalité dans chacun de leur tableau. Il est probable que l'exaltation de la conscience de soi, typique de la philosophie humaniste des XVe et XVIe siècles, a favorisé cette tendance des peintres à manifester leur ego. Le combat qui se mène alors pour la dignité du peintre, l'idée, qui commence alors à apparaître, que l'artiste est un individu singulier, un “génie” irréductible aux gens communs, sont certainement aussi responsables de cette évolution.
Quoi qu'il en soit, l'épanouissement de styles personnels ou, plus exactement, l'exagération délibérée des caractères qui identifient les façons de peindre, trouve dans le traitement des corps un lieu d'expression privilégié. Il est impossible d'énumérer ici les diverses solutions que les peintres ont trouvées, à cette époque, pour représenter des corps selon une manière qui leur soit propre : ces solutions, par définition, sont aussi nombreuses que les artistes eux-mêmes. Il suffit de remarquer que les critiques, tant anciens que modernes, utilisent pour décrire leurs figures des qualificatifs qui, tous, appartiennent au registre de l'étonnement et, souvent, de la désapprobation. »
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