En diagonale |
« Une espèce d'inconfort, que j'espérais psychologique, ne me lâchait pas, même lorsque dressé au-dessus de moi tu m'as rempli les oreilles d'exhortations sulfureuses.
— Chérie, regarde toujours les hommes qui mettent leur queue dans ton cul. Regarde-moi, maintenant.
Lorsque je les ai levés vers toi, mes yeux ne pouvaient soutenir la force vive, le désir cru dans ton visage planant au-dessus du mien. Te regarder, c’était une activité qui éclipsait toutes les autres. Puis il y a eu ce monologue dont je ne me souviens jamais sans une contraction mouillée, durant lequel tu n’as eu de cesse de manipuler mes petits poignets, murmurant :
— Caresse-toi. Tu as le droit. Je comprendrais, tu sais ; avec une queue dans ton cul, ce serait normal que tu te branles.
Tu étais si convaincant, en vérité, et le plaisir si annihilant, que j’ai amorcé un semblant de caresse d’une main lourde comme du plomb, oubliant un peu ma pudeur pour me rouler dans l’ordure de tes mots. Entraînée par ma propre audace, j’ai même fini par enfoncer mes doigts pour sentir ta bite si dure comprimée entre les muqueuses stratifiées de mon cul. Une vidéo à grand succès sur Youporn. La suite nous fait passer à un niveau encore supérieur.
Taille originale : 28,1 x 21 cm & 21 x 28,1 cm |
Il t’a soudain pris la fantaisie de me retourner à quatre pattes, et c’est à ce moment que j’ai eu mon premier mauvais pressentiment : quelque chose n’allait pas. Pas comme je le voulais, du moins. Comment t’expliquer ? (Même aussi loin de toi que je puisse l’être, la seule pensée de ton sourire quelque part en France me crispe dans un spasme d’embarras et d’excitation mêlés.) Ça sentait quelque chose. Peut-être pas une odeur réelle ; peut-être n’était-ce encore que celle du doute.
J’étais à présent persuadée que rien de bon ne pourrait ressortir de cet accouplement, s’il durait encore. Et déjà j’imaginais l’immonde mortification, la scène se répétant inlassablement dans ma tête des mois et des mois plus tard, et toi, à jamais incapable de me regarder comme avant. Je voulais te dire d’arrêter. C’était ma seule urgence. Te tirer de là et — je ne sais pas, moi — d’une manière ou d’une autre te garder dans l’ignorance complète de ce possible incident diplomatique. Te sucer, même. Tout, mais pas que tu voies ça.
Heureusement, je n’ai pas été amenée à de telles extrémités. Semblant totalement innocent du drame qui se tramait seconde après seconde, tu as joui plutôt rapidement, me prévenant d’une voix à damner une religieuse que j’allais me retrouver « remplie de foutre » (sic). Nombre de répliques très drôles me sont venues à l’esprit, alors même que je priais de toutes mes forces.
Le doute est devenu palpable juste après. Tu t’es retiré très rapidement, me laissant béante à un moment où j’aurais sans conteste préféré ne pas l’être. J’ai passé le plus clair de ces quinze minutes à épier ta queue, manœuvre que tu compliquais considérablement en me retenant contre ton cœur. Puis le temps, notre temps, a filé, et il a fallu que tu prennes ta douche.
— Pourquoi ? t’ai-je demandé, un peu trop fébrilement.
Il faisait trente-cinq degrés dehors, cent de plus dans mon cul, nous ruisselions de sueur et je portais Shalimar, le moyen le plus sûr de te faire pincer par ta femme. Mais il fallait que je l’entende de ta bouche. Tu as juste souri.
— Je vais être à la clinique toute la journée, tu sais.
Alors je t’ai suivi comme ton ombre jusqu’à ma salle de bains, m’asseyant sur le rebord de la baignoire, t’étourdissant par des discours d’une flamboyante légèreté. Sous ma frange, cette mécanique de surveillance et d’analyse que déploient les filles après des pratiques risquées était en branle. Mais il n’y avait rien. C’était un malentendu. De retour dans ma chambre, où nos vêtements jonchaient le sol comme un Rorschach de l’urgence, tu m’as longuement couvée du regard, souriant de toutes tes dents pour souffler, presque incrédule :
— Tu me plais tellement..
Et pour moi, ça a été la fin des tourments. Puisque je te plaisais tellement, je ne pouvais pas t’avoir chié dessus. Tu m’as embrassée une dernière fois sur le pas de la porte, je t’ai regardé t’éloigner et me faire un baiser de la main au volant de ta voiture noire, un sourire de femme heureuse et gavée d’amour aux lèvres. Il y avait la trace rouge de tes ongles dans mes cuisses. J’étais bien. J’ai couru faire pipi, cigarette au bec. Et même si je sais tous les Sade que tu as pu lire, toutes les scènes ignobles des Onze Mille Verges et des Mandiargues que tu connais sur le bout des ongles, même si je ne suis jamais qu’une gamine de vingt ans, je ne peux m’empêcher de te prévenir — c’est là que l’histoire devient atroce.
C’est au moment où j’ai voulu m’essuyer que j’ai compris que mes doutes n’étaient pas vains. Du tout. Ma tête a commencé à tourner. J’ai jeté ma clope dans les toilettes, couru avec la culotte sur les chevilles jusqu’à ma chambre, sachant déjà comme dans un film quel cauchemar m’attendait au fond du lit encore chaud.
— Deux énormes traces de merde, ai-je soufflé à Babette par téléphone, au bord d’un fou rire nerveux (et solitaire).
Deux énormes traces de merde qui, comme elle a pu le constater une heure plus tard, avaient la forme exacte de doigts que l’on aurait essuyés en vitesse sur les draps. »
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