« — Branle ta petite chatte. Fais-le, ou je ne te baise plus.
J'aurais aimé qu'il comprenne à quel point je voulais, à quel point je mourais d'envie de me faire et de lui faire ce plaisir. Qu'au final je subissais cette pudeur autant que lui. Et que ce verbe “branler”, même bandant à souhait dans sa bouche douce et épicée, m'avait agressée plus que de raison : je ne savais pas trop si j'avais réellement envie de me branler devant Monsieur. J'aurais aimé qu'il comprenne cela. Il n'en serait peut-être pas venu à des extrémités comme le chantage. Monsieur a reculé sans sortir totalement de moi, et tout net s'est arrêté de bouger. D'indignation j'ai rué en avant, mais avec deux mains fermes il a bloqué mon ventre.
— Je te jure que je ne te baise plus. Branle-toi devant moi. Tu sais que le meilleur orgasme que tu puisses avoir, c'est en te caressant pendant que tu te fais enculer ?
(Monsieur dit «enculer» avec la noblesse des plus belles pages érotiques. Ça n'est pas du tout le “enculer” injurieux ou espiègle de mes amies. Quand il prononce ces trois syllabes, on sent exactement à partir de quels mots celui-ci a été créé. Même émerveillement que lorsque j'ai lu et compris “déconner” dans un roman libertin du XVIIIe. Cette richesse originelle du français.) »
Taille originale 21 x 29,7 cm |
« Soudain, le visage au-dessus de moi s'est remis à vivre, et d'une voix très grave mais au bord de la brisure, Monsieur m'a dit : Je vais jouir dans ton cul.
J'ai suivi, haletante, l'exquise montée du plaisir dans tout son corps long et mince, les derniers allers-retours frémissants où sa respiration s'est faite trébuchante, puis l'ultime ruade, qui l'a projeté tout au fond de moi, et tandis que je le griffais il a poussé un seul cri, un seul essoufflement rauque qui m'a touchée au point qu'un instant j’ai cru que j'allais jouir aussi. Je me suis concentrée de toutes mes forces pour sentir les jets, mais je n'ai capté que les spasmes incontrôlables de sa queue, puis Monsieur en respirant comme on berce s'est niché dans mon cou, encore dur.
— Ton cul m'avait manqué, m'a-t-il dit en sortant de moi — et j'ai été submergée par une sensation de solitude physique terrible. »
L'usure du temps |
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