La confrontation de l’idéal avec l’hideuse réalité
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Architecture classique
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« Pour des raisons que je ne peux examiner en détail ici, le développement des rapports de pouvoir dans les sociétés étatiques en voie d’industrialisation aux XIXe et XXe siècles a permis - avec toutes sortes de retours en arrière et d’interruptions - la découverte et l’introduction dans le débat public d’aspects de l’existence humaine contredisant tant les idéaux traditionnels que les aspirations effectives de l’humanité. En conséquence, sous une forme ou l’autre, le conflit entre l’idéal et la réalité - ou bien encore, selon les cas, la plainte au sujet d’un rêve déçu, ou plus simplement, au sujet des aspects indésirables de l’existence humaine - devint l’un des thèmes permanents du débat littéraire, artistique, et, en partie aussi, philosophique en cours. On peut dire qu’au fil d’une confrontation qui fut longue et, dans une certaine mesure, acharnée, les produits culturels conçus en fonction de la trinité traditionnelle du Bien, du Beau et du Vrai, à laquelle s’attachait habituellement une note optimiste, ont, sans disparaître tout à fait, perdu leur prééminence. Les produits culturels qui présentaient ouvertement et clairement l’affrontement, le conflit, les nombreux aspects de la réalité humaine qui étaient auparavant refoulés, passés sous silence, devinrent au contraire prédominants, souvent associés à une note très pessimiste.
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Architecture moderne
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La confrontation de l’idéal avec l’hideuse réalité prend alors sa valeur paradigmatique. Celle-ci ne réside pas tant dans le fait que les êtres se heurtent aux aspects amers, indésirables du monde naturel et humain. Cela a bien sûr toujours existé. Ce qui, à cette étape du développement social, annonçait le passage à une nouvelle mentalité, un changement de la structure sociale de la personnalité, c’est la transformation du canon social de la production culturelle qui se manifeste alors. À l’évidence, il y a toujours eu des hommes désespérés, mais que l’on juge digne et important de faire du désespoir ou, comme dans le cas qui nous occupe, du contraste effrayant entre la réalité et l’idéal, l’objet d’une publication littéraire, en comptant manifestement que cette expérience trouvera un écho au sein du public des lecteurs, c’est l’expression hautement caractéristique d’une situation nouvelle radicalement modifiée.
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Au fil de l’eau
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Le laid, le mauvais, le mal dans le monde devenaient désormais objets de la “bonne littérature”, des belles lettres, et même de beaux poèmes. Naturellement, tout cela était aussi fait pour “épater le bourgeois”. »
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Voué à la disparition
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