« Il n’en reste pas moins que le mouvement vers l’individuation des personnes dont témoigne l’art naissant du portrait reflète, ou conditionne, l’attention croissante portée dès cette époque à l’expression de l’intériorité par le regard et les expressions du visage. Ainsi Georges Chastellain, un chroniqueur attaché à la cour de Philippe le Bon au moment où Jan van Eyck transforme l’art du portrait, écrit-il de son protecteur qu’il “avoit une identité de son dedans à son dehors”, signifiant par là que son intériorité singulière devenait flagrante dans ses attitudes, son regard et sa physionomie. Des peintres comme Jan van Eyck ou Dürer, dans ses autoportraits, y parviennent au premier chef par le traitement des yeux. Tandis que l’icône du Christ des époques antérieures portait son regard indifféremment sur tous les humains qui voyaient dans son visage, non un sujet quelconque, mais l’image d’une vérité, le regard des portraits flamands invite le spectateur à un échange de points de vue analogue à celui qu’établissent deux humains de chair et d’os ; autrement dit, il instaure une situation d’intersubjectivité avec un artefact mimétique. Ce qui importe n’est donc pas de savoir si ces portraits sont plus ressemblants que ceux réalisés plus tôt, mais le fait qu’ils affirment avec vigueur l’idée d’une individualité de certains humains transparaissant sur leur visage depuis leur for intérieur. »
Taille originale : 21 x 29,7 cm |
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