vendredi 30 juillet 2021

Une grande pruderie

« Les gens de cour suivaient, pour ce qui est de la structure de leur personnalité, un modèle de civilisation qui exigeait de l’individu un degré considérable de réserve et d’autodiscipline. Mais les jeux des hommes et des femmes - quand bien même ces jeux étaient soumis à des formatages très particuliers - constituaient une partie conséquente de la vie sociale et mondaine de ces personnes. La sociabilité de cour fut, pendant longtemps, une sociabilité mixte - elle incluait des hommes et des femmes, et par conséquent aussi les tensions entre les sexes, sérieuses ou ludiques, auxquelles leur cohabitation donnait lieu.
Brouillage
Taille originale : 21 x 29,7 cm

Par rapport aux gens de cour, les bourgeois du classicisme allemand portaient à un degré beaucoup plus haut ce que Freud appellerait sans aucun doute le refoulement. Ils voulaient se libérer du fardeau de l’absolutisme de cour. Mais, comme dans beaucoup de groupes en pleine ascension sociale, ce désir de liberté et d’égalité dans leur relation avec les membres des couches supérieures qu’avaient les bourgeois, se combinait avec une insistance particulièrement forte sur l’inégalité dans les relations entre hommes et femmes, et avec une restriction sexuelle renforcée. Une grande pruderie se répandit et se manifesta dans le jugement que les représentants de la littérature classique portèrent sur la littérature de cour. Ils ne pouvaient plus supporter que l’on intègre directement dans les poèmes, sans trop les travestir, de manière badine ou avec sérieux et mesure, les éléments sexuels de la vie humaine. »

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