Esprit de corps |
« Parler de pornographie est très à la mode aujourd’hui. Jadis, on accordait à cette activité beaucoup moins d’importance. Je me souviens que lorsque j’étais jeune, très jeune même, j’adorais voler à mes parents et à mon frère des revues porno. À l’époque, tous mes copains et copines faisaient de même et tous ne comprenions pas très bien le sens des interdictions d’accès au cinéma pour certains films. Il est vrai que cela ne changeait rien à la triste adolescence sans sexe que nous avions eue — surtout moi, avec une mère qui ressemblait à une sorte de carmélite déchaussée pour tout ce qui avait trait à mon éducation sentimentale.
Exercice de déconstruction |
Quand j’ai été un peu plus âgée, j’ai commencé à adorer regarder des films porno aussi bien seule qu’en compagnie de mes amoureux. Il me suffisait d’entendre un peu, un tout petit peu, d’une histoire érotique pour que mon désir monte et s’installe d’une façon assez persistante. J’ai cru pendant longtemps que j’étais en ce domaine comme tout le monde. Il est certain que ces films pourraient être de temps en temps un peu plus imaginatifs. Mais, tels qu’ils sont, ils ne me semblent pas si mal. Or, depuis quelque temps, on ne cesse pas d’entendre des choses affreuses sur la pornographie, l’argument le plus récurrent étant qu’il s’agit d’une violence immense faite aux femmes. C’est encore la Ministre — celle que ma tante aimait tant — qui nous défendait jusqu’à il n’y a pas si longtemps de toute forme d’oppression et de domination sexuelle, qui commença une véritable campagne contre la pornographie, et surtout contre la possibilité donnée aux plus jeunes de regarder de tels films. Qui plus est, elle semblait si avertie de la puissance quasi diabolique de l’image, et notamment de celle qui sort des postes de télévision qui trônent avec une apparente innocence au centre du foyer familial, que cette vaillante dame a même pensé créer un délit nouveau qui s’appliquerait aux parents qui permettent à leurs enfants de regarder des films X, quelque chose comme une maltraitance audiovisuelle, une sorte de pédophilie par négligence. »
Taille originale : deux fois 21 x 29,7 cm |
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