Faire montre d'ouverture d'esprit taille des dessins originaux : 29,7 x 21 cm et 21 x 29,7 |
« Les hommes ont tendance à prendre l’avortement à la légère ; ils le regardent comme un de ces nombreux accidents auxquels la malignité de la nature a voué les femmes : ils ne mesurent pas les valeurs qui y sont engagées. La femme renie les valeurs de la féminité, ses valeurs, au moment où l’éthique mâle se conteste de la façon la plus radicale. Tout son avenir moral en est ébranlé. En effet, on répète à la femme depuis son enfance qu’elle est faite pour engendrer et on lui chante la splendeur de la maternité ; les inconvénients de sa condition — règles, maladies, etc. —, l’ennui des tâches ménagères, tout est justifié par ce merveilleux privilège de mettre des enfants au monde. Et voilà que l’homme, pour garder sa liberté, pour ne pas handicaper son avenir, dans l’intérêt de son métier, demande à la femme de renoncer à son triomphe de femelle. L’enfant n’est plus du tout un trésor sans prix ; engendrer n’est plus une fonction sacrée : cette prolifération devient contingente, importune, c’est encore une des tares de la féminité. La corvée mensuelle de la menstruation apparaît en comparaison comme bénie : voilà qu’on guette anxieusement le retour de cet écoulement rouge qui avait plongé la fillette dans l’horreur ; c’est en lui promettant les joies de l’enfantement qu’on l’avait consolée. Même consentant à l’avortement, la femme le ressent comme un sacrifice de sa féminité : il faut que définitivement elle voie dans son sexe une malédiction, une espèce d’infirmité, un danger. Cependant, au même moment où l’homme pour mieux réussir son destin d’homme demande à la femme de sacrifier ses possibilités charnelles, il dénonce l’hypocrisie du code moral des mâles. Ceux-ci interdisent universellement l’avortement ; mais ils l’acceptent singulièrement comme une solution commode. » (1949)
Démolition… |
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