Taille des dessins originaux : 24 x 32 cm |
« Le colonel appela St. et l'entraîna à l'écart, dans l'ancien bivouac ennemi, en contrebas du sommet.
— Je vous relève de votre commandement, St., annonça-t-il sans préambule.
Sa figure, cette figure, cette face vieille et juvénile, tellement plus juvénile et plus sympathique que celle de St., était figée en un masque dur et sévère. St. sentit soudain son cœur battre à ses oreilles, mais il ne dit rien.
— C'est dur, je le sais. Et cette décision m'a été pénible. Mais je crois simplement que vous ne ferez jamais un bon officier de première ligne. J'ai mûrement réfléchi.
— C'est à cause d'hier matin ? demanda St.
— En partie... En partie. Mais il y a autre chose, au fond. J'ai l'impression que vous n'êtes pas assez dur. Je vous trouve trop mou, trop faible. Trop sensible. Vous avez trop de cœur… Je crois que vous vous laissez trop gouverner par vos nerfs, par vos sentiments. Comme je vous l'ai dit, j'y ai mûrement réfléchi.
St. ne disait rien, et soudain cette impression d'écolier pris en faute l'envahit à nouveau, le sentiment de culpabilité et la peur du «savon». Il n'arrivait pas à s'en défendre. C'était risible.
— A la guerre, les soldats se font tuer, reprit le colonel. On ne sort pas de là, St. Et un bon officier doit s'y résigner, accepter le fait, et calculer les pertes de vies humaines en fonction du gain éventuel. Je ne vous crois pas capable de le faire.
— Je n'aime pas voir mes hommes se faire tuer, c'est tout ! s'écria St. avec éclat, pour se défendre presque malgré lui.
— Naturellement, voyons ! Aucun bon officier n'aime ça. Mais le bon officier doit être capable de le supporter. Et parfois, il doit même être capable de leur en donner l'ordre !
St. ne répondit pas. »
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