dimanche 21 septembre 2025

Une institution sociale

La concierge est dans…
« Pluralisme, diversité, subjectivisme, relativisme — concepts récurrents dans les discours sur l’art inspirés de la philosophie analytique — sont devenus, depuis une dizaine d’années, les maîtres mots du nouveau paradigme esthétique. Leur implantation en philosophie de l’art entraîne la disqualification de notions telles que le jugement, les critères, l’évaluation, le partage de l’expérience esthétique.
Tout se passe comme si l’esthétique, la philosophie, et la philosophie politique elle-même n’avaient plus pour vocation de s’interroger sur les formes, elles aussi diverses, de contraintes et de conditionnement qu’exercent, par exemple, l’industrie culturelle, le système marchand et consumériste. L’assimilation du pluralisme culturel à la démocratie libérale est acceptée tel un postulat.
La part manquante de l’image
Ce nouveau paradigme fait ainsi l’impasse sur une dialectique élémentaire qui devrait être pourtant à la base de toute réflexion sur l’organisation et le fonctionnement de la société actuelle. On peut dire, en effet, que notre système politique, économique et culturel autorise une diversification extrême des comportements, des pratiques, des conduites, des modes de vie, des expériences esthétiques et artistiques. On peut aussi reconnaître qu’il favorise le projet d’émancipation d’un individu de moins en moins soumis à des normes de pensée et goûts autoritaires et à prétention universaliste. Il entraînerait même potentiellement un accroissement de l’autonomie, une plus grande liberté des forces créatrices, un approfondissement et un enrichissement de la réflexion.
Mais, simultanément, c’est ce même système qui transforme l’individu en un serviteur docile et un consommateur passif, soumis aux stratégies et aux contraintes institutionnelles, industrielles, économiques, communicationnelles et technologiques qui, elles, s’appliquent massivement sans que l’individu en question ait son mot à dire.
En définitive, le nouveau modèle d’interprétation de l’art actuel proposée sous le slogan de “pluralisme” reproduit les mêmes insuffisances qui caractérisent les théories anglo-saxonnes, et notamment nord-américaines, qui constituent à l’origine, sa principale référence.
Vue d’en haut
Richard Shusterman, philosophe américain, qui plaide pour une esthétique pragmatiste proche de la vie quotidienne, a fort bien défini ce qu’il appelle le “trait saillant” de l’esthétique analytique, en particulier le fait qu’“elle néglige le contexte social de l’art”. Selon Shusterman, exclure tout jugement de valeur et vouloir définir l’art uniquement de façon institutionnelle est paradoxal au regard des enjeux qui concernent le statut de l’art dans le contexte social et culturel. Ces enjeux se situent en effet bien au- delà du monde de l’art : “La cécité de la philosophie analytique par rapport au contexte social à la fois de l’art, de la critique et même de sa propre théorisation esthétique […] est paradoxalement très frappante précisément dans sa tentative pour définir l’art dans les termes d’une institution sociale”. »
Dé-composition
Taille originale : 24 x 32 cm & 59,5 x 40 cm

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire