« Comme dans les conflits iconoclastes, défenseurs et vandales se rejoignent pour s’opposer au nom de l’art : en accusant les vandales de ne pas reconnaître l’art, les défenseurs de l’exposition refusent eux aussi de reconnaître que le geste de l’autre a un sens, qu’il est agression, et non pas ignorance ; leur posture reproduit exactement celle des auteurs de dégradations qui, accusant l’art contemporain de n’être pas de l’art et non d’être mauvais, répondaient à une violence par un déni d’existence. Le recours au vocabulaire de l’iconoclasme est donc justifié, il souligne la reconnaissance commune impliquée aussi bien dans l’attaque que dans la défense des objets d’art, doublée du refus de reconnaître à l’autre qu’il parle au nom de l’art. Mise en scène saisissante des stratégies d’un art contemporain qui, à force de surenchérir dans l’auto-affichage du néant de son objet, semble ne plus tenir que par la contre-persécution anticipée de tous ses persécuteurs potentiels, enrôlés par leur ardeur même dans la défense paradoxale d’un art que l’indifférence tuerait, qui n’est plus que dans la résistance qu’il provoque : les vandales deviennent la dernière trace de la valeur artistique d’un art qui ne cesse de proclamer sa propre mort — mais qui ne veut pas être tout à fait cru ! »
Taille originale : 29,7 x 21 |
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