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Carton collé sur carton Taille originale : 28,7 x 42 cm |
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Sans commentaires ni fioritures… Taille originale : 21 x 29,7 |
« J’aimerais illustrer cette ambivalence de la formule acquise en recourant au schéma le plus familier et le plus répandu que l’on retrouve tout au long de la tradition formelle occidentale : celui du tracé ovale, en forme d’œuf, représentant une tête d’homme. Van Mander ne se fait pas faute de recommander à l’apprenti la pratique de ce tracé ovoïde barré d’une croix, à défaut duquel on ne réussit pas à dessiner une tête, et qui illustrait fort à propos l’en-tête d’un chapitre d’une méthode de dessin fort connue en ce temps. Quelle peut être à nos yeux la valeur de cette pratique d’atelier ? Peut-être la forme ovoïde est-elle particulièrement utile, parce qu’elle permet effectivement d’éviter une des erreurs que commettent le plus fréquemment les personnes non exercées qui s’efforcent de dessiner une tête : erreur qui consiste à assimiler ce qui paraît intéressant, c’est-à-dire le visage, à la forme entière de la tête. Dans un gribouillage d’enfant, les traits principaux du visage : les points pour les yeux, les lignes pour le nez et la bouche, sont simplement entourés d’un tracé incertain qui sert de support aux oreilles, ou si besoin est, à la forme d’un chapeau. Ce rudiment de schéma conceptuel a habituellement la forme d’un disque. En exigeant du débutant qu’il choisisse un autre point de départ, un point qui l’obligera à se représenter la tête en premier lieu, avant d’y inclure le visage comme élément d’une structure à trois dimensions, le professeur l’amènera sans aucun doute à progresser.
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Le siège ? |
Les artistes, grands ou médiocres, ont tous utilisé cette méthode de la structuration formelle de la tête. Le fait même que cette formule ait été adoptée par des peintres de tempérament aussi différent que pouvaient l’être Léonard de Vinci et Fra Bartolommeo, Paolo Véronèse et Rembrandt témoigne de cette unicité du langage de la représentation que je m’efforce de faire ressortir au cours de cet ouvrage. Dans leurs esquisses, le schéma revêt le caractère d’une notation sténographique que le peintre développera et complétera le moment venu. Il me semble cependant que, lorsque nous donnons le nom d’“abréviations” ou de “simplifications” à des formules de ce genre, nous ne rendons pas pleinement justice au processus psychologique dont elles sont la résultante. L’artiste n’a pas besoin de penser d’abord à une tête réelle pour la ramener ensuite à cette forme ovale abstraite, et même, dans sa perspective, l’ovale, le schéma, représente le point de départ qui lui permettra, si l’occasion se présente, de reproduire les apparences charnelles de la vie.
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En pleine lumière… |
Mais il est évident que ce recours au schéma peut s’opposer à la réalisation d’un véritable portrait, à moins qu’il ne s’accompagne de la volonté inlassable de revoir et de corriger. »
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